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Électrification des transports: un virage à ne pas manquer

Le Québec est l'une des quelques nations du monde à voir ses intérêts économiques coïncider avec les intérêts environnementaux de la planète. Nous serions fous de ne pas en profiter.
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Si le Québec est devenu la 27e nation la plus riche de la planète, le quatrième plus grand producteur d'hydroélectricité au monde et un leader international dans des domaines de pointe comme l'aérospatiale et le multimédia, c'est parce que des visionnaires ont eu l'audace, avant nous, de miser sur le potentiel des Québécois et des Québécoises.

Cette même ambition devrait habiter nos dirigeants, aujourd'hui, alors que s'amorce le virage mondial vers le transport électrique. Le Québec dispose de tous les atouts nécessaires pour devenir un chef de file dans ce créneau d'excellence.

Nous avons l'hydroélectricité, bien sûr, mais aussi l'aluminium, un métal d'avenir pour l'industrie de l'automobile. Nous misons, par surcroît, sur une base industrielle solide dans le domaine du transport (Bombardier, Nova Bus, Autobus Lion, Paccar) et sur une expertise reconnue en matière de technologies électriques.

C'est pourquoi le gouvernement du Parti québécois avait déposé la Stratégie d'électrification des transports, à l'automne 2013. Malheureusement, un an et des élections plus tard, cette stratégie est remise en question par le gouvernement Couillard et sa vision économique à court terme.

Une filière industrielle à développer

Dans son discours inaugural du 21 mai 2014, Philippe Couillard exprimait son intention de « maintenir le projet d'électrification des transports ». Or, en ce début d'année 2015, force est de constater que nous sommes encore une fois devant un gouvernement qui dit une chose et fait son contraire.

L'objectif du Parti québécois était double: non seulement augmenter le nombre de véhicules électriques sur nos routes - pour diminuer notre consommation de pétrole - mais aussi s'assurer que ce virage profite à nos entreprises, crée des emplois de qualité chez nous et, éventuellement, permette au Québec d'exporter son savoir-faire et des produits à haute valeur ajoutée.

C'est tout ce deuxième pan de la stratégie - le développement d'une filière industrielle québécoise forte - qui est en voie de tomber à l'eau.

Depuis leur arrivée en poste, les libéraux ont d'abord aboli le Secrétariat à l'électrification des transports. Ils ont ensuite annulé la création de l'Institut du transport électrique, qui devait faire le lien entre les industriels et les chercheurs pour stimuler le développement de véhicules électriques au Québec. Un investissement de 35 millions $. Enfin, les libéraux ont suspendu les nombreuses subventions promises à des projets québécois dans le domaine du transport électrique Je pense notamment au prometteur projet Nomade, du Centre national de transport avancé, qui prévoyait la conception et la fabrication d'un véhicule électrique d'autopartage ici, au Québec.

Tout a été arrêté. Pendant que la concurrence mondiale progresse, nos entrepreneurs, nos ingénieurs et nos chercheurs, eux, sont dans l'incertitude la plus complète.

Appuyer sur l'accélérateur

Pourtant, au lieu de freiner l'électrification de nos transports, le gouvernement du Québec devrait veiller à l'accélérer.

Des milliards de dollars seront affectés au Fonds vert de 2015 à 2020. Il y a là amplement de quoi rétablir, voire bonifier les sommes prévues par la Stratégie d'électrification des transports du Parti québécois. Tout est une question de volonté politique, pas de moyens.

Le Québec devrait aussi adopter le plus tôt possible une loi zéro émission, pour forcer les constructeurs automobiles à vendre un certain pourcentage de véhicules électriques sur notre territoire. Réclamée depuis des années, une telle législation existe dans une dizaine d'États aux États-Unis, dont la Californie, New York et le Vermont. Les voitures électriques s'y vendent 20% moins cher, et la gamme de véhicules offerts y est plus grande.

À l'image de la Norvège, nous devrions également ouvrir les voies réservées pour le covoiturage et les autobus aux voitures électriques, et permettre à celles-ci de se stationner gratuitement en ville.

Enfin, par devoir d'exemplarité, pour éventuellement sauver des coûts et diminuer l'empreinte écologique du gouvernement, Québec devrait progressivement remplacer la flotte des organismes publics, des ministères, de même que celle des municipalités par des véhicules électriques.

Un enjeu économique

L'enjeu est environnemental, mais aussi économique. Le Québec traîne un déficit commercial avoisinant les 25 milliards $ par année, lequel est principalement dû à nos importations de pétrole, d'essence à moteur, de voitures et de camions légers.

Ainsi, selon une récente étude commandée par le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec, une réduction modérée de 16 % de notre consommation de pétrole d'ici 2020 permettrait d'injecter 20 milliards $ supplémentaires dans l'économie québécoise en six ans. À cela s'ajoute la création d'emplois, de nouveaux revenus pour l'État et des milliers de dollars en plus dans les poches des contribuables.

Bref, en investissant dans le chantier de l'électrification des transports, nous pouvons apporter des solutions durables aux problèmes structurels de l'économie du Québec.

La baisse éphémère du prix de l'essence ne doit pas devenir un prétexte à l'inaction. Cessons de gérer à courte vue et positionnons-nous pour l'avenir.

Le Québec est l'une des quelques nations du monde à voir ses intérêts économiques coïncider avec les intérêts environnementaux de la planète. Nous serions fous de ne pas en profiter.

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