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Miser sur l'indépendance et ce qui nous rassemble

Comment réussir la convergence des forces souverainistes? Sur cette question incontournable pour tout chef du Parti québécois, deux principes guideront mon action, au cours des prochaines années.
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Comment réussir la convergence des forces souverainistes? Sur cette question incontournable pour tout chef du Parti québécois, deux principes guideront mon action, au cours des prochaines années :

Premièrement, le Parti québécois n'a pas le monopole de l'indépendance du Québec - comme Pierre Karl Péladeau et Véronique Hivon l'ont déjà clairement reconnu - et doit donc travailler en collaboration avec tous les partis politiques souverainistes et la société civile pour la réaliser.

Deuxièmement, le Parti québécois doit assumer son rôle de vaisseau amiral de l'indépendance du Québec et exercer un leadership soutenu pour préparer notre projet de pays. Il doit en faire une priorité et y consacrer les ressources nécessaires. Peu importe la progression des discussions avec les autres composantes du mouvement souverainiste, nous devons être en action et avancer, de notre côté.

À partir de ces principes, voici à mon point de vue les six clés du succès de la convergence des forces souverainistes.

1. Poursuivre le dialogue à la table des OUI-Québec

Le Parti québécois, Québec solidaire, le Bloc québécois, Option nationale et les Organisations unies pour l'indépendance du Québec (OUI-Québec) - qui regroupent différentes organisations indépendantistes et des mouvements sociaux - ont pris l'engagement de travailler sur «une feuille de route commune» devant nous mener à l'indépendance, en avril. Il s'agissait d'une avancée majeure pour le mouvement souverainiste, qui a trop souffert de l'éclatement de ses forces au cours de la dernière décennie.

Six mois plus tard, certains au Parti québécois voudraient balayer cette initiative sous le tapis et fixer, seuls, la date du prochain référendum : pas avant 2022. Il faudrait fermer la porte à «double tour» pour les six prochaines années.

Je ne partage évidemment pas cet avis. À deux ans des prochaines élections, nous aurions tort de mettre de côté notre idéal collectif. Il faut poursuivre le dialogue à la table des OUI-Québec, tout en amorçant une démarche structurée pour définir un nouveau projet de pays et répondre aux questions légitimes des Québécoises et des Québécois sur la souveraineté.

Au printemps 2018, nous prendrons une décision éclairée sur notre échéancier référendaire, avec les membres du Parti québécois, en tenant compte du contexte politique, de notre degré de préparation, du niveau de mobilisation de la population et, aussi, de l'évolution de nos discussions à la table des OUI-Québec.

Comme l'écrivaient Véronique Hivon et Pierre Karl Péladeau, en avril : «Que perdons-nous à essayer? Le risque, il réside dans l'inaction, dans le fait de penser que les mêmes formules produiront des résultats différents. Alors, essayons! Continuons à avancer, un pas à la fois, sur cette nouvelle route que nous sommes à défricher. Qui sait, nous pourrions trouver tout au bout un nouveau pays?»

2. Déployer des ressources de l'État pour la souveraineté

«Ça fait 15 ans que j'entends les chefs successifs du Parti québécois au pouvoir dire qu'on ne peut pas utiliser les fonds publics pour promouvoir la souveraineté. Ah? Si vous ne voulez pas, pourquoi êtes-vous là?»

Ces propos sont ceux de Jacques Parizeau, lors de l'un de ses derniers grands discours, prononcé lors du congrès d'Option nationale en mars 2013.

Monsieur avait raison. Nous ne préparerons pas le pays du Québec sur le coin d'une table, sans nous en donner les moyens, malgré toute la volonté et l'énergie de nos bénévoles.

«Si le chef du Parti québécois refuse de déployer les ressources nécessaires à la préparation et à la réalisation de notre projet de pays, celle-ci est vouée à l'échec.»

Le Parti libéral dépense depuis toujours des millions de dollars, chaque année, pour financer des études sur le fédéralisme, le Conseil de la fédération, promouvoir le fédéralisme, etc. Pourquoi le Parti québécois hésiterait-il à faire de même pour son option?

Il s'agit, à mon sens, d'une condition sine qua non à la convergence. Si le chef du Parti québécois refuse de déployer les ressources nécessaires à la préparation et à la réalisation de notre projet de pays, celle-ci est vouée à l'échec.

3. Poser des gestes fondateurs pour l'État du Québec

Au-delà de notre travail de préparation, je souhaite également qu'un prochain gouvernement du Parti québécois passe à l'action, dès son élection, et pose six gestes fondateurs pour jeter les bases du pays du Québec :

  • Adoption d'une Constitution du Québec qui établira notamment le principe de la laïcité de l'État
  • Création d'un Conseil constitutionnel québécois
  • Instauration d'une déclaration d'impôts unique
  • Application de la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale
  • Fin du financement de la fonction de lieutenant-gouverneur
  • Abolition du serment d'allégeance à la reine d'Angleterre

Puisqu'ils figurent - pour la plupart - au programme des autres partis politiques souverainistes, ces gestes fondateurs pourront s'inscrire dans une feuille de route commune nous menant vers l'indépendance.

4. Réformer notre mode de scrutin

La réforme de notre mode de scrutin - et plus largement de nos institutions démocratiques - doit retrouver sa place dans le programme du Parti québécois.

Il s'agit d'un élément incontournable pour réussir la convergence des forces souverainistes, mais également pour rétablir le lien de confiance entre les Québécois et leurs institutions politiques.

L'Assemblée nationale doit être plus représentative de la diversité qui anime la société québécoise, en 2016, et les citoyennes et les citoyens doivent recommencer à croire en leur capacité à changer les choses. Pour cela, chaque vote doit compter.

5. Éviter les nouvelles fractures au sein du mouvement souverainiste

Les enjeux de la laïcité et du port de signes religieux ont passablement divisé le mouvement indépendantiste, ces dernières années. Pour réussir à rassembler les souverainistes, j'estime que le prochain chef du Parti québécois devra traiter ces questions avec fermeté, mais également cohérence et équilibre, en misant sur les consensus que nous avons su bâtir au sein de la société québécoise.

En neuf ans de vie parlementaire, j'ai assisté à trop de dérapages sur ces enjeux, mais à trop peu d'action. Je souhaite être le premier ministre qui renversera le cours des choses : être celui qui posera enfin des gestes concrets, tout en évitant les nouvelles fractures entre les Québécoises et les Québécois.

Ce week-end, j'ai donc présenté ma vision détaillée de la question, dans une lettre ouverte parue dans le Huffington Post Québec. En voici les principales propositions :

  1. Inscrire la laïcité de l'État dans la Constitution du Québec.
  2. Adopter des balises claires pour encadrer la pratique des accommodements religieux.
  3. Interdire le port de signes religieux pour tout représentant de l'État en position d'autorité contraignante, c'est-à-dire les juges, les policiers et les gardiens de prison.
  4. S'assurer que les services publics soient perçus et donnés à visage découvert.
  5. Rejeter le modèle d'intégration du multiculturalisme canadien au profit de l'interculturalisme québécois.
  6. Poser des gestes concrets pour lutter contre l'intégrisme religieux et prévenir la radicalisation.

Je crois que c'est la voie à privilégier pour le Québec, mais aussi pour l'avenir de notre projet de pays.

On ne construira pas un pays sur la peur de l'autre. On le bâtira grâce à la confiance et à l'ambition des Québécois. De tous les Québécois, sans exception.

Partager des priorités communes

Le Parti québécois devra aussi se fixer des priorités qui rejoignent les préoccupations de toutes les composantes du mouvement souverainiste.

J'ai fait des dizaines de propositions dans cette course à la chefferie qui, à mon avis, peuvent rejoindre autant les électeurs de Québec solidaire que d'Option nationale, du Bloc québécois et, aussi, de la Coalition avenir Québec. Je pense, entre autres, à mes plateformes en éducation et en mobilité durable, à mes propositions en matière de justice fiscale, de santé, de justice, de nationalisme économique, etc.

En somme, nous avons le choix : mettre l'accent sur ce qui nous divise, ou nous concentrer sur ce qui nous unit.

Il ne tient qu'à nous, leaders et militants souverainistes, d'être à la hauteur et d'opter pour la deuxième voie.

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