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Fédéralisme: des échecs qui font mal au Québec

Alors que M. Couillard s'apprête à participer au Conseil de la fédération, à Whitehorse au Yukon, ce sont plutôt les échecs du fédéralisme qui retiennent l'attention.
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En octobre 2015, Philippe Couillard affirmait, à la suite de l'élection du gouvernement libéral de Justin Trudeau, que le Québec se trouvait désormais en «position de force» au sein de la fédération canadienne. Neuf mois plus tard, les résultats se font attendre. Alors que M. Couillard s'apprête à participer au Conseil de la fédération, à Whitehorse au Yukon, ce sont plutôt les échecs du fédéralisme qui retiennent l'attention.

Depuis des semaines, je sillonne les régions du Québec pour y rencontrer les Québécoises et les Québécois et prendre le pouls de leurs préoccupations. Cinq dossiers névralgiques pour notre économie, nos emplois, notre environnement et nos services publics les inquiètent et les affectent particulièrement, depuis des mois, en raison du laxisme du gouvernement fédéral.

Alors que les Premières Nations, de nombreuses municipalités et des milliers de citoyens manifestent leur opposition au passage de l'oléoduc Énergie Est sur notre territoire, le gouvernement fédéral continue de faire fi des compétences du Québec. Le gouvernement Trudeau plaide toujours qu'il peut imposer le pipeline sans tenir compte de la volonté de l'Assemblée nationale du Québec, même si celui-ci traversera 800 de nos cours d'eau et des centaines de kilomètres de nos terres. Une telle position devrait être dénoncée sans nuance par le premier ministre du Québec, à Whitehorse.

Nos agriculteurs continuent aussi de subir les contrecoups de l'inaction de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Les importations de lait diafiltré ont fait perdre 220 millions $ aux producteurs laitiers québécois, en 2015. Pour un propriétaire moyen, le manque à gagner atteint quelque 18 000 $ par année. C'est la survie même de plusieurs fermes familiales qui est en jeu.

«Après l'austérité libérale, notre système de santé devrait ainsi subir l'austérité fédérale: des compressions de plusieurs milliards de dollars au cours des prochaines années.»

La solution est pourtant simple et connue: l'ASFC doit mettre fin à la tricherie à nos frontières et reclasser sans plus tarder le lait diafiltré en tant que «produit laitier», afin qu'il soit soumis aux mêmes tarifs que les autres aliments sous gestion de l'offre. Au lieu d'agir, le gouvernement fédéral se traîne les pieds et n'assume pas ses responsabilités.

Une épée de Damoclès pend également au-dessus de notre industrie forestière et des 60 000 travailleurs qui en dépendent, à quelques mois de la date limite pour en venir à un nouvel accord sur le bois d'œuvre résineux avec les États-Unis. Contrairement au reste du Canada, le Québec a fait les efforts nécessaires pour adapter son régime forestier et être en position de réclamer le libre-échange avec les Américains. Or, le temps file et le gouvernement Trudeau, qui parle en notre nom à la table des négociations, n'a toujours pas su faire reconnaître la spécificité du régime forestier québécois.

Dans un dossier tout aussi prioritaire pour notre économie et nos emplois, Ottawa refuse toujours de soutenir financièrement Bombardier et la CSeries. Pourtant, il n'a pas hésité à utiliser les impôts des Québécois pour allonger des milliards de dollars pour l'industrie de l'automobile ontarienne, ces dernières années.

Enfin, sans tenir compte des répercussions sur l'accès aux soins des Québécoises et des Québécois, le gouvernement Trudeau s'apprête à réduire drastiquement - et de façon unilatérale - ses transferts en santé. Après l'austérité libérale, notre système de santé devrait ainsi subir l'austérité fédérale: des compressions de plusieurs milliards de dollars au cours des prochaines années.

Cinq enjeux majeurs, cinq échecs du fédéralisme. Cinq exemples où le Québec aurait tout avantage à être pleinement souverain sur son territoire, à voter toutes ses lois, à contrôler ses politiques frontalières, à négocier en son propre nom sur la scène internationale et à gérer l'ensemble de ses impôts.

Entre temps, ces échecs font mal au Québec, à son économie, ses communautés et ses citoyens. Il est de la responsabilité de Philippe Couillard de chercher à corriger la situation. Il ne doit pas se rendre au Yukon en touriste, mais pour y défendre concrètement les intérêts des Québécoises et des Québécois.

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