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Le Canada, un pays qui s'oublie en matière de protection des droits de l'Homme

Il reste à comprendre pourquoi les dirigeants canadiens tiennent cette position qui nie les droits fondamentaux des victimes qui subissent la violence et côtoient la mort.
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Le 13 juillet 2014, le premier ministre Harper a déclaré que les «attaques aveugles à la roquette à partir de Gaza vers Israël constituent des actes terroristes que rien ne justifie.» Ami indéfectible d'Israël, le premier ministre a réitéré que l'«appui du Canada envers Israël est sans équivoque. Nous appuyons son droit de se défendre, par lui‑même, contre ces attaques terroristes, et nous exhortons le Hamas à cesser immédiatement ses attaques aveugles à l'endroit d'innocents civils israéliens.»

On ne peut qu'être d'accord avec le premier ministre canadien sur la nécessité de cesser de menacer la vie d'être humains. Notons toutefois que ses craintes ne concernent que les victimes d'un seul camp. Cette vision unilatérale est d'ailleurs partagée par son ministre des Affaires étrangères qui considère qu'il «ne peut y avoir aucune équivalence morale entre le Hamas, une organisation terroriste qui fait preuve d'un mépris flagrant pour la vie humaine, et l'obligation d'une démocratie libérale comme l'État d'Israël à défendre son peuple contre des attaques lâches et aveugles.» Le ministre fait porter la responsabilité de la mort et la souffrance d'innocents civils à Gaza sur le Hamas. Le même responsable canadien exhorte le Hamas et les autres groupes militants à mettre fin aux attaques à la roquette contre Israël ainsi qu'à la violence qui continue de mettre en péril la vie d'innocents Israéliens et Palestiniens. En aucun cas, le ministre n'a demandé à l'autre belligérant de cesser ses attaques. Le chef de la diplomatie canadienne a réitéré l'appui d'Ottawa au droit d'Israël de se défendre devant les attaques du Hamas, une «organisation terroriste» (source: Communiqué de presse du ministère du 15 juillet 2014). «Nous ne devons jamais permettre au relativisme moral de servir de prétexte aux attaques contre Israël», a déclaré M. Baird.

Le droit de légitime défense d'un État ne peut être remis en doute puisqu'il est dit naturel. Il n'est toutefois pas illimité et demeure sous le contrôle de l'ONU. La Cour internationale de Justice a ainsi déterminé que l'exercice de ce droit ne peut l'être que dans une mesure très strictement proportionnée. On ne tue pas une mouche avec un canon. Or, cet aspect de l'action israélienne pose certainement question. Y a-t-il toujours défense ou y a-t-il vengeance? Ce qui dans ce dernier cas n'est pas permis par le droit international.

Avec sa position, le Canada semble accorder une valeur différente à la vie humaine suivant que les victimes soient tuées par un groupe illégal ou par un État démocratique. Or, être un État démocratique n'est pas un passe-droit permettant de tuer sans contrôle. Cette qualité de l'État, au contraire, ajoute des obligations. Est-ce à dire que l'appui populaire permet aux dirigeants d'un État d'utiliser la violence à l'encontre de civils sans limites? N'oublions pas qu'un dirigeant en poste peut être jugé par les tribunaux internationaux alors même qu'il est en poste et qu'il a été élu. Il semble donc nécessaire de rappeler aux dirigeants canadiens que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » .

Le discours canadien est paradoxal puisque la création des Casques bleus de l'ONU découle d'une résolution proposée par le ministre canadien des Affaires étrangères de l'époque, Lester Bowles Pearson, qui s'est vu décerner l'année suivante le Prix Nobel de la paix. La première force de maintien de la paix de l'ONU fut envoyée en 1948 pour surveiller une trêve dans la guerre arabo-israélienne !

Il reste donc à comprendre pourquoi les dirigeants canadiens tiennent cette position qui nie les droits fondamentaux des victimes qui subissent la violence et côtoient la mort. Ce ne peut être pour la protection des principes de droit international puisque nous venons de démontrer que les belligérants ne s'y soumettent pas. L'intérêt ne peut être que pour le Canada lui-même. Espère-t-on quelques retombées politiques à l'interne ou une réduction sur le prix de drones que le Canada entend acquérir dans les années à venir? Quelle que soit la raison, elle ne peut valoir le prix de toutes ces vies humaines . Le Canada devrait agir pour que cessent les combats comme il savait le faire à une certaine époque.

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