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Le rôle clé du Québec pour freiner les sables bitumineux

Ensemble, nous pouvons bloquer l'oléoduc de TransCanada. Un projet qui met en péril les bélugas, l'écosystème du fleuve, la qualité de l'eau potable, la santé, le climat, ainsi que divers secteurs économiques dépendants du Saint-Laurent tels le tourisme, l'agriculture, la pêche, la navigation de plaisance et la récolte d'algues.
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Pour accélérer l'exploitation du pétrole des sables bitumineux, l'industrie recherche un moyen rapide pour l'exporter. C'est pourquoi la compagnie TransCanada planifie de construire le nouvel oléoduc "Énergie Est" qui longera le Saint-Laurent, traversera le fleuve près de Québec, se rendra à Cacouna dans le Bas-Saint-Laurent, puis bifurquera vers le Nouveau-Brunswick. Cet oléoduc transportera une quantité énorme de ce pétrole : 1,1 million de barils par jour soit près de 3 fois la consommation quotidienne du Québec. À Cacouna, l'oléoduc alimentera un port pétrolier au beau milieu de la pouponnière des bélugas, une zone fragile.

L'explosion meurtrière du lac Mégantic a démontré les dangers du train pour transporter des hydrocarbures. L'oléoduc apparaît faussement comme l'alternative. Selon l'Agence Internationale de l'Énergie, les fuites de pétrole sont 3 fois plus importantes par km parcouru pour les oléoducs que pour les trains. Les 1,047 accidents d'oléoducs au Canada de 2000 à 2012 montrent le danger de cette méthode. De plus, TransCanada a de faibles standards de sécurité. Le Département des transports américain rapportait récemment que jusqu'à 72% des soudures sur l'oléoduc Keystone XL de TransCanada avaient besoin de réparation. Avec les oléoducs, la question n'est pas s'ils vont fuir, mais où, quand et combien. Il ne s'agit pas de choisir entre les trains et les oléoducs, une troisième option est possible : l'abandon progressif du pétrole au profit de l'électricité.

Cet oléoduc pose une question fondamentale : veut-on favoriser le développement des sables bitumineux? Leur exploitation nécessite la coupe à blanc de la forêt boréale. Le sol est creusé et traité chimiquement. La forêt n'y repoussera plus. Deux tonnes de sable sont nécessaires pour produire un baril de pétrole. Un débit de 1,1 million de barils par jour implique de traiter 2 millions de tonnes de sable par jour. Ces opérations génèrent environ 4 fois plus de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel. C'est suicidaire quand la NASA nous avertit que le réchauffement climatique dû à ces gaz menace notre civilisation d'un effondrement. En 2011, 170 millions de mètres cubes d'eau ont été engloutis pour l'extraction. 95% de cette eau est si polluée qu'elle doit être stockée dans d'immenses bassins (176 km2). Chaque année 4 milliards de litres de cette eau contaminée s'échappent dans les rivières. La production relâche dans l'atmosphère de grandes quantités de polluants. Les Crees de Beaver Lake ont documenté plus de 20,000 violations de leurs traités reliées à cette activité. Ils se font voler et empoisonner. La surface déjà exploitée couvre 760 km2, mais 141,000 km2 sont encore vierges. C'est ce que le Québec accélérerait en permettant l'oléoduc sur son territoire. Veut-on investir davantage dans les infrastructures des hydrocarbures extrêmes ou dans les énergies vertes?

Les promoteurs des sables bitumineux planifient plusieurs oléoducs pour accélérer l'exportation. L'opposition est féroce contre Keystone XL, Northern Gatheway et le Trans Mountain Expansion. D'où viendra l'opposition à l'oléoduc Énergie Est? Ce n'est probablement pas le Nouveau-Brunswick qui bloquera ce projet car la famille de milliardaires Irving, partenaire de TransCanada, y possède un contrôle considérable sur les médias et l'économie. Donc le Québec occupe une position stratégique par rapport à Énergie Est, clé de voûte du développement des sables bitumineux. Le laisserons-nous passer comme une lettre à la poste?

Que faire pour s'y opposer? Plusieurs possibilités existent. Il y a actuellement la Marche des peuples pour la Terre Mère, une initiative citoyenne pour les énergies vertes et pour un avenir libre d'oléoducs et d'hydrocarbures. Cette marche de 700 km réunit autochtones et non-autochtones. Elle a commencée à Cacouna le 10 mai, passée par Québec et Trois-Rivières, se dirige vers Montréal et ensuite vers Kanesatake pour se terminer le 14 juin prochain. Une carte interactive permet de la rejoindre. Cette action est ponctuée de nombreux spectacles dont un aura lieu à Montréal le 6 juin à 20h30 au Théâtre Rialto. Une manifestation est aussi prévue à Montréal le 7 juin à 14h00 au Square-Victoria. Un autre groupe organise la continuation de cette marche jusqu'à Ottawa.

La Chorale du peuple, dont je fais partie, a écrit plusieurs chansons afin de soutenir cette marche et sensibiliser aux méfaits des hydrocarbures. Des chansons comme Le premier jour d'la marche, Quand les peuples se mettent en marche, Olé oléoducs, Alors on marche et Medley pour la Terre motivent à lutter tout en informant. De nouvelles chansons sont ajoutées chaque semaine à l'album-démo gratuit Pour la Terre Mère jusqu'à la fin juin. Faire écouter ces chansons à d'autres constitue une méthode agréable de conscientisation.

D'autres actions sont nécessaires. Des pétitions sont à signer : une adressée à la mairesse de Cacouna, une adressée à la Ministre des Pêches et Océans et une au gouvernement fédéral. Faisons connaître ce projet mortifère à un maximum de gens. Afin de s'organiser, joignons-nous à un groupe tel que Coule pas chez nous, Stop oléoduc, la Coalition vigilance oléoducs, la Coalition Bas-Saint-Laurent pour une prospérité sans pétrole ou les Pétroliques Anonymes. Encourageons les organisations écologistes actives pour cette cause : La Fondation David Suzuki, Nature Québec, Équiterre, Greenpeace Québec ou l'AQLPA ou la SNAP. Plusieurs pages sur Facebook et Twitter font circuler l'information : Idle No More - Québec, Ensemble contre les sables bitumineux ! et Non au pétrole au Québec.

Identifions les élus écologistes afin de proposer des résolutions opposées à l'oléoduc de TransCanada. Ensemble, nous pouvons bloquer ce projet mettant en péril les bélugas, l'écosystème du fleuve, la qualité de l'eau potable, la santé, le climat, ainsi que divers secteurs économiques dépendants du fleuve tels que le tourisme, l'agriculture, la pêche, la navigation de plaisance et la récolte d'algues. L'heure est venue de diminuer notre dépendance au pétrole et d'effectuer une transition vers les énergies vertes. Unissons-nous pour respecter la Terre comme notre mère.

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