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La campagne électorale est maintenant lancée. Les attentes de la population québécoise varient d'une région à l'autre, d'une communauté linguistique à l'autre, d'un segment de la société à l'autre. Loin des enjeux des élections précédentes portant sur l'identité et les accommodements raisonnables (2008, 2007), la réingénierie de l'État (2003, 1998), la question nationale (1994) les partis politiques en lice tentent d'imposer LEUR propre enjeu de la campagne.
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La campagne électorale est maintenant lancée. Les attentes de la population québécoise varient d'une région à l'autre, d'une communauté linguistique à l'autre, d'un segment de la société à l'autre.

Loin des enjeux des élections précédentes portant sur l'identité et les accommodements raisonnables (2008, 2007), la réingénierie de l'État (2003, 1998), la question nationale (1994) les partis politiques en lice tentent d'imposer LEUR propre enjeu de la campagne. Le parti ministériel de Jean Charest cherchera à miser sur la loi et l'ordre en instrumentalisant le conflit étudiant. Conflit que le gouvernement libéral a sciemment alimenté au cours des quatre derniers mois. Le Parti québécois dirigé par Pauline Marois cherchera à dénoncer le régime de copinage et de collusion entretenu par le gouvernement Charest en misant sur les valeurs d'intégrité. Quant à la Coalition Avenir Québec, qui prend le relais de l'Action Démocratique du Québec, elle tentera de se faufiler entre les deux principales formations politiques en proposant une vision comptable de l'État, tout en cherchant à mettre sous le boisseau la question nationale.

Au-delà de l'enjeu central de la campagne, il y a bien sûr les défis auxquels chacun des chefs devra se mesurer. Jean Charest devra faire la démonstration que son parti a pu se renouveler suffisamment lui qui a de la difficulté à retenir les meilleurs éléments de son sérail (Séguin, Couillard, Pelletier, Jérôme-Forget) ou qui est prêt à sacrifier les femmes fortes recrutées par sa formation (Normandeau, Beauchamp, Courchesne). Après neuf années d'usure, avec une autorité morale qui a été mise à mal plusieurs fois au cours des dernières années et sans exigences concrètes face à Ottawa, le PLQ doit démontrer comment le Québec pourrait sortir plus fort de l'exercice démocratique actuel.

Le Parti québécois qui aurait normalement dû profiter de l'alternance politique en régime parlementaire peine à dépasser la barre des 30% d'appui dans l'électorat. Pauline Marois est non seulement parvenue à éviter l'éclatement de son parti, mais a réussi à recruter des candidats de prestige (Hébert, Duchesne, Lisée, Bureau-Blouin) et à donner un nouveau souffle à sa formation. Deux faiblesses à noter. Tout d'abord, le parti semble avoir perdu son ancrage dans le milieu économique alors qu'il avait pu compter dans le passé sur les Parizeau, Campeau, Landry, Legault. Ce filon semble tari. Puis, les souverainistes les plus pressés hésiteront à donner leur vote au PQ si la question nationale n'est pas au cœur de la campagne. Ils pourraient être tentés de voter pour Québec solidaire ou Option Nationale. D'autres électeurs sympathiques au PQ pourraient opter pour la CAQ s'ils voient que le PQ met trop l'accent sur le scénario référendaire. Principale carte maîtresse du PQ : celle de l'intégrité et du bon gouvernement comme ce fut le cas à l'élection de novembre 1976 qui a donné au parti son premier gouvernement majoritaire avec 41 % des appuis.

La Coalition Avenir Québec de François Legault a démarré la campagne du bon pied en dénonçant les « enveloppes brunes » et les odeurs de corruption qui flottent au-dessus de l'attribution des contrats gouvernementaux. Le message est clair, simple et porteur. La principale force de Legault est d'avoir su aligner des porte-parole crédibles en provenance du milieu des affaires. Sa principale faiblesse est de vouloir enterrer la question constitutionnelle alors qu'elle est incontournable s'il veut par exemple s'attaquer à la Commission pan-canadienne des valeurs mobilières, encadrer le pouvoir fédéral de dépenser (fédéralisme fiscal) et obtenir le transfert de pouvoirs dans les domaines de la culture et des télécommunications. Pour Legault, la question constitutionnelle est une perte de temps et d'énergie. Pourquoi mettre le Québec hors jeu de la sorte alors que les principales formations politiques à Québec pourraient faire front commun et réclamer des pouvoirs permettant au Québec de mieux tirer son épingle du jeu au sein de la fédération ?

La campagne électorale sera passionnante si l'on en croit les premières salves.

Jean Charest - Parti libéral du Québec

Portraits des chefs

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