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Maroc: le poids de l'histoire

Dans tous les bouleversements, qu'a connu le Maroc, la monarchie a joué un rôle central, au moment de l'indépendance, de la libération du Sahara ou dans le processus de construction démocratique.
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Le maréchal Lyautey, dans un célèbre discours devant le Parlement français, disait à propos du Maroc «c'est une nation pétrie d'histoire que nous ne pourrons longtemps dominer», au grand dam des jusqu'au-boutistes de la colonisation de l'époque.

Depuis, dans tous les bouleversements, qu'a connu le Maroc, la monarchie a joué un rôle central: au moment de l'indépendance, de la libération du Sahara ou dans le processus de construction démocratique. C'est un fait historique dont l'importance est apparue lors de ce que l'on a appelé le Printemps arabe. Les manifestations au Maroc n'ont pas concerné l'institution monarchique elle-même, et le roi a réagi en annonçant une réforme constitutionnelle profonde, accordant de larges prérogatives au gouvernement élu, gouvernement que dirigent actuellement le parti islamiste PJD. Les outils de la science politique, auraient des effets limités dans la compréhension de l'évolution marocaine, s'ils n'intègrent pas les différentes facettes de la relation de la monarchie avec la société, y compris dans des dimensions symboliques.

Ainsi, comme à l'accoutumée, le roi a décoré un certain nombre de personnes lors des cérémonies de la Fête du Trône. Deux d'entre elles ont retenu l'attention par leur symbolique. La première, concerne une jeune fille, qui hospitalisée pour un cancer en phase terminale, a réussi à décrocher son bac. La seconde, concerne Ait Idder, un opposant historique.

Dans le cas de la jeune fille, c'est l'expression, au nom de la nation, d'une compassion, empreinte d'une reconnaissance, envers tous les citoyens en situation difficile. C'est la perception qu'ont de ce geste les Marocains, qui l'ont fortement commenté.

Dan le cas d'Ait Idder, c'est la symbolique politique qui est mise en avant. L'homme, ancien chef de la résistance, a été l'un des opposants les plus farouches durant les années de plomb. Il a mené, et continuera de mener, un combat pour les approfondissements de la construction démocratique. Il a soutenu, sans réserve, le mouvement du 20-Février, qui encadrait les manifestations du Printemps arabe. Malgré son âge, il intervient dans le débat public, toujours en faveur de la souveraineté populaire et du progrès libertaire, et ce sans concession. Le Wissam, la décoration, a dans ce cas précis, une valeur symbolique très forte. Elle est perçue, par les commentateurs avisés, comme la reconnaissance du rôle joué par les opposants de gauche et d'extrême-gauche, dans les avancées démocratiques réalisées.

C'est cette dimension d'une monarchie qui pour incarner la nation, en épouse les sentiments du peuple, qui fonde l'expérience marocaine. Une monarchie qui s'inscrit dans le progrès par des équilibres successifs, sans ruptures violentes, alors même que la société est très vivante, et traversée par des courants antagonistes.

Ce poids de l'histoire doit être pris en compte, pour toute analyse objective de la situation du pays et des raisons de sa stabilité et de la permanence de ces choix.

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Mai 2017

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