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Du berceau à l'intégration du marché de l'emploi: 5 mythes au sujet de l'autisme

L'autisme est un problème neurologique avec lequel une personne naît, qui affecte la manière dont fonctionne son cerveau, sa sensibilité perceptuelle et comment sa personnalité se développe
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Peut-être le saviez-vous? En avril, nous soulignons le mois de l'autisme. Au Québec, 90 à 120 individus sur 10 000 vivent avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA). À noter que depuis 2013, l'autisme, le syndrome d'Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié sont regroupés sous le nom de TSA. La prévalence de l'autisme augmente constamment depuis les dernières années, probablement en raison d'un meilleur diagnostic et des connaissances plus avancées sur le sujet, et touche à l'heure actuelle environ 1 % de la population.

L'autisme est un problème neurologique avec lequel une personne naît, qui affecte la manière dont fonctionne son cerveau, sa sensibilité perceptuelle et comment sa personnalité se développe. Cette problématique qui touche quatre fois plus de garçons que de filles influence la manière dont une personne communique avec le monde et comment elle interagit avec les autres.

En tant qu'orthophoniste, j'interviens auprès d'enfants, d'adolescents et d'adultes qui présentent un TSA, de façon à ce qu'ils soient plus fonctionnels et autonomes sur le plan de la communication. Je trouve donc important de désamorcer certains mythes afin de sensibiliser la population.

1 - Une personne autiste est nécessairement déficiente intellectuelle. FAUX. Contrairement à la croyance populaire, la déficience intellectuelle n'est pas une condition sine qua none de l'autisme. En effet, seulement 10% des personnes autistes souffrent d'un désordre neurobiologique associé à un handicap intellectuel.

2 - On peut guérir de l'autisme. FAUX. On ne guérit pas de l'autisme, il n'y a aucun remède ou aucune diète miracle, mais il existe néanmoins différents moyens de gérer les symptômes, et plus tôt l'autisme est identifié, plus tôt la médication et/ou l'intervention peuvent aider.

3 - Les personnes autistes sont "dans leur bulle". FAUX. Dans l'imaginaire collectif, un autiste est un individu qui ne parle pas, se berce dans un coin et pique des crises. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le cerveau des personnes autistes traite et analyse l'information visuelle différemment de celui des personnes dites "neurotypiques". Les autistes semblent apprendre beaucoup plus de choses que nous par simple exposition et intègrent des informations sans faire d'effort intellectuel. À titre d'exemple, plusieurs autistes apprennent à lire avant même de comprendre. De plus en plus de recherches démontrent que les personnes autistes présentent une intelligence différente, du fait qu'elles pensent, s'émeuvent et perçoivent différemment des non-autistes

Certains indicateurs nous permettent d'identifier l'autisme dès la petite enfance: absence d'intérêt pour les autres personnes, absence de sourire, de balbutiements ou gazouillis, apparition tardive des premiers mots... De façon générale, l'autiste ne parle pas au début de sa vie et développe son langage de façon brutale et très particulière. Les symptômes varient d'une personne à l'autre et ne sont pas toujours évidents, mais il y a nécessairement présence d'anomalies dans les interactions sociales et la communication, de maniérismes moteurs et d'intérêts restreints. Également, les autistes peuvent manifester une sensibilité sensorielle extrême.

Les enfants autistes adoptent des comportements répétitifs qui se poursuivent à l'âge adulte et qui entraînent un isolement et des problèmes psychiques. Ils adoptent également une routine qui peut les aider à garder une certaine assurance et les sécuriser. Si la routine est interrompue ou l'environnement, le moindrement déstructuré, l'individu peut s'en trouver perturbé. Par ailleurs, plusieurs autistes sont doués dans un domaine particulier: orientation spatiale exceptionnelle, capacité à réaliser des calculs mentaux ou des casse-tête à une vitesse faramineuse...

4. Les enfants autistes ne peuvent intégrer une classe régulière dans le milieu scolaire et compléter des études universitaires. FAUX. L'évolution d'un trouble du spectre de l'autisme est imprévisible, même si celui-ci est diagnostiqué tôt dans la vie. Les enfants autistes peuvent être scolarisés en classe régulière ou en classe spécialisée, dépendamment de leur niveau d'atteinte. Différentes difficultés peuvent être rencontrées par les élèves autistes, selon leur profil, et constituer des freins aux apprentissages : difficultés à communiquer leurs besoins ou à demander de l'aide, à s'adapter à un nouvel environnement, à appréhender le changement ou un imprévu, à interagir socialement, à comprendre les normes sociales, les expressions imagées, les non-dits, les émotions ou le langage non verbal, à se concentrer, à gérer certains bruits ou une lumière trop vive, etc.

Fait encourageant: un nombre croissant de personnes autistes sont diplômées du secondaire et se dirigent vers les études supérieures. Le cadre moins structuré des établissements d'enseignement supérieur peut cependant être plus difficile à gérer pour les TSA, en comparaison à ce qu'ils ont vécu au secondaire. Des accommodements peuvent être mis en place pour faciliter l'accessibilité des personnes autistes aux études supérieures, mais les services de soutien offerts varient d'un établissement scolaire à l'autre.

À cause de leur capacité à emmagasiner de l'information, les élèves autistes de haut niveau de fonctionnement ont souvent de bons résultats scolaires. Quelques-uns cumulent même les doctorats dans des domaines de pointe. D'un autre côté, ils sont souvent victimes d'intimidation, de sarcasme, de harcèlement et de rejet dans le milieu scolaire, en raison de leur différence. Ils présentent aussi une propension à l'anxiété et à la dépression dès l'âge du primaire.

5. Les personnes autistes ne peuvent intégrer le marché du travail à l'âge adulte. FAUX. On trouve des gens atteints de troubles du spectre de l'autisme dans tous les secteurs de l'économie et dans tous les types d'emplois. Même que les personnes avec TSA sont spécifiquement recherchées par certains employeurs au sein de leur entreprise! Un entrepreneur en informatique au Danemark a fondé une compagnie, Specialisterne, qui n'engage que des gens atteints d'un TSA. À l'heure actuelle, son entreprise génère un chiffre d'affaires de 3 millions par année. Thorkil Sonne, propriétaire et lui-même père d'un autiste, assure que ses employés sont très productifs et efficaces, à condition qu'on leur procure un environnement de travail calme, que leur routine soit respectée et qu'on leur fournisse des consignes claires.

Les difficultés d'intégration au marché de l'emploi des personnes autistes s'expliquent dans une grande mesure par le fait que les milieux de travail ainsi qu'une partie des organismes d'aide à l'emploi connaissent encore mal leur condition. Certains pensent que les personnes autistes ne deviennent jamais adultes, alors qu'en général, ils ont la même espérance de vie que le commun des mortels. Imaginez la surprise lorsqu'ils débarquent en entreprise! Les employeurs ont fréquemment des idées préconçues au sujet des personnes autistes, ne réalisent pas ce dont elles sont capables, sont réticents à les embaucher ou leur confient des tâches subalternes. Leurs comportements inhabituels, surprenants ou inadéquats lors des interactions sociales et professionnelles peuvent heurter les conventions sociales et font qu'elles passent souvent pour des personnes "dérangées".

Au-delà des apparences, les TSA possèdent de nombreuses aptitudes particulières pouvant bénéficier à une entreprise: honnêteté, ponctualité impeccable, garantie de délais, attention maniaque aux détails, pensée créative, raisonnement logique, passion, confort dans les tâches répétitives... Néanmoins, les points faibles sont à considérer: difficulté à travailler en groupe, relativement sans défense et facilement manipulables par les collègues de travail, faible estime de soi en raison des expériences douloureuses du passé, refus de s'imposer et manque d'envie d'entrer en compétition avec les autres, réticence aux changements.

L'autisme est une façon différente d'entrevoir le monde qui pourrait être mieux exploitée.

Quelques ressources pour en savoir plus:

Informations sur les programmes et interventions auprès des personnes TSA, centre de documentation, liens et ressources utiles, forum de discussion, répertoire des formations offertes en lien avec les TSA.
L'organisme offre un service d'intervention aux enfants présentant un TSA ainsi que des services de formation et de soutien à leurs parents.

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