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La gouvernance des fonds de travailleurs est déficiente et souffre d'un déficit démocratique. Ce sont généralement les syndicats, pas les investisseurs, qui nomment les administrateurs des fonds même si ces syndicats n'investissent pas un seul sou dans les actions des fonds.
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Dans une étude détaillée qui vient d'être publiée, le Parti conservateur du Québec a calculé que les fonds de travailleurs ont coûté 4,8 milliards de dollars jusqu'à maintenant aux contribuables ! Et le compteur tourne à la vitesse de 375 millions de dollars par année!

Seulement à cause de ce coût mirobolant, il serait bon de réviser les fonds de travailleurs, ne serait-ce que pour voir s'il répond toujours aux objectifs initiaux. Mais avec les révélations à la commission Charbonneau, cet examen devient impérieux.

D'abord, demandons-nous si les sommes recueillies ont servi à aider les petites entreprises à trouver des fonds pour financer leur développement, comme c'était le but initialement. La réponse est non. Seule une infime partie des investissements sert à cette fin. Le Fonds FTQ avoue que, dans son cas, ce n'est que 15 %. Près de 50 % des investissements sont dans des actions de multinationales comme AT&T, Exxon et Google et dans des obligations ultra-sécuritaires de gouvernements comme celui du Canada et de l'Ontario ou de grandes entreprises comme Power Corp. L'autre 50 % est investi dans du « capital de développement », mais on étire tellement cette définition qu'elle est devenue un fourre-tout : des centres d'achats, des immeubles à bureaux, des condos à Calgary, des placements dans de grandes entreprises québécoises dont les actions sont cotées à la bourse comme Cogeco Cable, Transcontinental et Air Transat et même des actions de grandes entreprises privées comme le Club de Hockey Les Canadiens.

Le rendement des fonds de travailleurs est pitoyable. Le rendement annuel composé du Fonds FTQ depuis sa création est de 3,7 % et il n'a été que de 3,3 % au cours des 10 dernières années alors que, à titre de comparaison, l'indice de la Bourse de Toronto a augmenté de 75,6 %, l'indice des entreprises à petite capitalisation Russell 2000 a augmenté de 125% et un fonds équilibré aurait généré un rendement de 7,7 %. La différence n'est pas banale. Un actionnaire ayant placé 1 000 $ auprès du Fonds FTQ il y a dix ans se serait appauvri de 716,12$ par rapport au rendement qu'il aurait obtenu dans ce fonds équilibré. Oui, l'actionnaire s'est enrichi du crédit d'impôt, mais cet argent n'est qu'un transfert provenant de la poche des contribuables. Au net, il en résulte un appauvrissement collectif.

La gouvernance des fonds de travailleurs est déficiente et souffre d'un déficit démocratique. Ce sont généralement les syndicats, pas les investisseurs, qui nomment les administrateurs des fonds même si ces syndicats n'investissent pas un seul sou dans les actions des fonds. À qui ces administrateurs sont-ils imputables selon vous ?

Les actionnaires ne peuvent pas non plus voter avec leurs pieds - par exemple, s'ils n'aiment pas ce qu'ils ont entendu à la commission Charbonneau - en vendant leurs actions pour investir ailleurs. En effet, à part quelques exceptions très restreintes (par exemple, être sur son lit de mort ou pratiquement en faillite), l'actionnaire ne peut vendre ses actions qu'à sa retraite.

Les gestionnaires des fonds de travailleurs ne sont donc pas confrontés à l'évaluation de leurs résultats.

Les fonds de travailleurs se targuent de créer des emplois. D'abord, leur méthode de calcul est douteuse et gonfle les chiffres artificiellement. Mais, en vérité, ils ne font, au mieux, que déplacer des emplois puisque les quelque 5 milliards de dollars d'impôts puisés dans les poches des contribuables pour financer ces avantages fiscaux créent du chômage là où ils ont été prélevés.

Jean-François Lisée a répondu aux allégations de tripotage entendues à la commission Charbonneau que le gouvernement devrait se mettre le nez dans la gouvernance des fonds de travailleurs. Ce n'est pas au gouvernement de gérer des fonds privés. Il doit se limiter à créer l'environnement approprié pour une saine gouvernance.

Malgré les révélations à la commission Charbonneau, ni le PQ ni le PLQ n'osent ouvrir la boîte de Pandore d'une révision en profondeur des fonds de travailleurs. Le Parti conservateur du Québec, lui, n'a pas les mains liées par les centrales syndicales et n'hésiterait pas à se mettre le nez là-dedans pour savoir si les 5 milliards de dollars des contribuables de la classe moyenne ont été bien dépensés.

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Tony Accurso

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