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Le Bulletin qui fait trembler Réjean Parent

La vie est plus facile pour les élus qui dirigent le monopole d'État en éducation quand ils n'ont pas à composer avec la pression de consommateurs bien informés.
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Réjean Parent, ex-président de la CSQ (anciennement la Centrale de l'enseignement du Québec), continue sa guerre idéologique contre les écoles privées en prétendant que le Bulletin des écoles secondaires préparé par l'Institut Fraser (qui dans le prolongement du capitalisme sauvage s'acharnerait selon lui à prêcher la concurrence en tous les domaines) et publié dans le Journal de Montréal et de Québec est inutile et que son effet est "nul".

Pourtant, on n'a qu'à regarder l'impact qu'a eu le Bulletin dès ses premières parutions pour voir que M. Parent souffre d'amnésie volontaire.

Dans un texte publié dans le Fraser Forum en 2002, Richard Marceau, collaborateur du Bulletin, a recensé les constats suivants après deux parutions seulement du Bulletin.

  1. Le ministre de l'Éducation a augmenté de façon significative la quantité des données publiées annuellement concernant les écoles, les résultats scolaires des étudiants et les données socio-économiques s'y rattachant.
  2. Peu après la publication du deuxième tirage, au moins une commission scolaire québécoise a acheté de l'espace publicitaire dans un journal local afin d'y étaler les résultats des étudiants inscrits à ses programmes scolaires d'élite. Cette action était une preuve manifeste que tous les niveaux du monde scolaire se concentraient dès lors sur les résultats et les façons de les mesurer.
  3. Après la publication du premier tirage du Bulletin, une des questions les plus fréquemment posées par les parents concernait l'absence d'un examen obligatoire en mathématiques. Deux ans plus tard, il était en place.
  4. La popularité des écoles privées au Québec a monté en flèche.
  5. La Fédération des commissions scolaires a annoncé que celles-ci devraient mieux se vendre au public si elles souhaitaient contrer la popularité grandissante des écoles privées.
  6. Des requêtes furent renouvelées auprès du ministre de l'Éducation de l'époque, Sylvain Simard, afin qu'il arrête ou réduise l'assistance financière publique aux écoles privées. Il a refusé en invoquant le fait que les écoles publiques pouvaient et devraient faire un meilleur travail de marketing pour leurs services d'enseignement. Les parents étaient dorénavant encouragés avec la bénédiction du ministère de l'Éducation à sélectionner librement l'école qu'ils préfèrent, soit-elle publique ou privée.
  7. La commission scolaire de l'île de Montréal, qui interdisait à ses écoles d'introduire de nouveaux programmes spéciaux ou alternatifs, a levé cette prohibition en 2002 dans le but avoué de permettre aux écoles publiques de concurrencer la croissance rapide des écoles privées.
  8. Dans les semaines qui ont suivi la première publication, le ministre de l'Éducation François Legault, qui avait piqué une colère contre le Bulletin, a développé son propre bulletin surnommé Plan de réussite. Vous n'en avez pas entendu parler parce que ce document n'a jamais été facilement accessible ni facile à utiliser.
  9. Passé à la Santé, le ministre Legault a annoncé que son nouveau ministère rendrait public un Bulletin des hôpitaux dans lequel il comparerait la performance des hôpitaux québécois.
  10. L'ADQ a adopté le concept des bons d'éducation comme un des éléments-clés de sa plate-forme électorale en 2002. À l'époque, cette nouvelle proposition radicale avait peu attiré l'attention, mais les choses ont dramatiquement changé suite à la publication du Bulletin.

De façon tout aussi importante, le Bulletin a favorisé un véritable débat politique sur le choix d'école dans une province où ces concepts avaient rarement été discutés, à savoir : le classement des écoles, l'estimation de leur valeur ajoutée, la diversité du programme scolaire, les écoles à charte, les bons d'éducation et surtout le libre choix d'école.

Comme l'explique M. Marceau, les consommateurs ont besoin d'information sur la qualité des services offerts par les divers établissements d'enseignement et sur les coûts qui y sont attachés afin d'être en mesure de prendre des décisions éclairées. La vie est plus facile pour les élus qui dirigent le monopole d'État en éducation quand ils n'ont pas à composer avec la pression de consommateurs bien informés. Il est alors plus aisé pour eux de faire des compromis sur la qualité et sur les coûts, ce qui permet d'accommoder les demandes des groupes d'intérêt comme la CSQ. Ces lobbies sont habituellement de précieux alliés en période électorale.

Avec le Bulletin, le contrôle du monopole d'État sur l'information est dès lors interrompu. Le comportement des consommateurs, quant à la sélection d'écoles, devient plus rationnel et donc plus efficace. Les commissions scolaires doivent tenir compte des nouvelles demandes des consommateurs et modifier obligatoirement la planification de leurs ressources humaines, leurs politiques de transport d'écoliers et les budgets des écoles. Le travail des enseignants et des directeurs d'école est plus scruté que jamais auparavant. Le ministre de l'Éducation perd ainsi une partie de son emprise sur le programme scolaire et ne peut plus orienter en toute liberté l'évolution future de l'éducation québécoise. Plus important encore, le monopole d'État perd sa capacité à proposer des compromis sur la qualité et sur l'efficacité de ses services dans le but d'obtenir le support électoral de l'establishment de l'éducation, généralement syndiqué avec la CSQ.

Voilà pourquoi M. Parent est si effrayé du fait que les parents aient plus de pouvoir et de choix dans le système d'éducation grâce au Bulletin. Comme je l'ai écrit, en accentuant la concurrence entre les deux réseaux, on crée encore plus d'émulation et on donne plus de choix de services éducatifs aux parents. Au grand dam des étatistes comme M. Parent.

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Avril 2018

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