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Le raisonnement keynésien de M. Trudeau est que ces déficits stimuleront l'économie et créeront de la richesse. C'est de la poudre aux yeux.
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Plus tôt ce mois-ci, les projections du directeur parlementaire du budget suggéraient que le gouvernement pourrait se retrouver avec des déficits annuels de 15 milliards de dollars une fois que les grandes promesses électorales des libéraux deviendront réalité. Sans compter les nombreuses promesses non chiffrées du parti. Les libéraux fédéraux ont donc cessé de parler de la cible de 10 milliards de dollars de déficit annuel (un «modeste» montant, selon la rengaine sans cesse répétée par Justin Trudeau pendant la campagne électorale) pour mettre de l'avant l'autre étalon de mesure mentionné au programme, soit le ratio dette/PNB qui baisserait graduellement de 31,1% en 2015-16 à 25,2% en 2020-21. On penserait que c'est un bel effort jusqu'à ce qu'on réalise que les libéraux pourraient ainsi accumuler des déficits de 25 milliards de dollars annuellement tout en réduisant quand même le ratio dette/PNB - tant et aussi que l'économie croît à une allure décente.

Le raisonnement keynésien de M. Trudeau est que ces déficits stimuleront l'économie et créeront de la richesse. C'est de la poudre aux yeux. Un gouvernement ne peut dépenser que l'argent qu'il a confisqué ailleurs, soit par les impôts et taxes soutirés des contribuables d'aujourd'hui, soit par les impôts et taxes des générations futures qui devront rembourser la dette (capital et intérêts) encourue pour financer ces déficits. Si le gouvernement augmente les impôts pour dépenser davantage, les dépenses publiques accrues seront contrebalancées par des dépenses privées moindres. Même lorsque le gouvernement emprunte les fonds, ceux qui les prêtent devront réduire leurs propres dépenses ou prêter moins à d'autres acteurs privés. «Tout ce qui arrive est que les dépenses de l'État augmentent et les dépenses privées diminuent», écrivait Milton Friedman dans Capitalisme et liberté, publié en 1962.

Non seulement les dépenses gouvernementales ne permettent pas de stimuler l'économie, elles nuisent à l'économie! D'abord, une fiscalité excessive décourage le travail, l'épargne, l'investissement et toute autre forme d'effort, ce qui nuit à la productivité et, par ricochet, à la croissance économique. Ensuite, les programmes gouvernementaux qui visent à subventionner les entreprises et les industries en difficulté minent la santé économique, car celui qui reçoit la manne gouvernementale n'est enclin ni à améliorer sa productivité ni à réviser son modèle d'affaires. Prélever un dollar de taxe ou d'impôt coûte en règle générale plus d'un dollar à la société. Ainsi, les études récentes estiment que chaque dollar prélevé coûte à la société de 1,10$ à 5,00$. De plus, il s'agit de coûts qui se répètent avec chaque année fiscale et qui ont tendance à s'amplifier avec le temps.

Sans l'excuser, on peut comprendre que Justin Trudeau ne soit pas préoccupé outre mesure par une hausse de l'endettement du pays. Sous le régime de Pierre-Elliott Trudeau, la dette a décuplé (oui oui... 10 fois) pendant que les déficits explosaient de 13 milliards de dollars à 109 milliards de dollars. Le déficit de 1984 équivaudrait, sur une base équivalente en terme de % de l'économie, à 133 milliards en dollars d'aujourd'hui!

Toute dette n'est pas nécessairement mauvaise. Mais il est désolant de constater que le premier premier ministre canadien de la génération X exacerbera le problème de l'inéquité intergénérationnelle dont font les frais les membres de sa génération et ceux des générations suivantes. On est loin du changement tant promis pendant la campagne électorale.

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