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La FTQ s'ingère dans la campagne électorale

Les syndicats sont des organisations omniprésentes sur la place publique, riches et bavardes, mais profondément secrètes.
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La liberté d'expression est un droit qu'il faut chérir, même si on peut être en désaccord avec les opinions exprimées. Malheureusement, plusieurs restrictions à la liberté d'expression entrent en action quand une campagne électorale est déclenchée.

Par exemple, en vertu de la loi fédérale, il est interdit aux tiers d'engager des dépenses de publicité électorale relatives à une élection générale dépassant un montant prédéterminé. Au provincial, les tiers sont muselés complètement. La Loi électorale provinciale prévoit que, pendant la période électorale, seul l'agent officiel d'un candidat ou d'un parti autorisé ou son adjoint peuvent faire ou autoriser des dépenses électorales.

On se rappellera qu'en 2009, la FTQ, le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, le Syndicat des employés de bureau et de loisir de la Ville de Baie-Comeau, les sections locales 9425, 7801-A et 7649 des Métallurgistes unis d'Amérique et le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, ont été condamnés à payer des amendes totalisant 8000$ plus les frais, pour avoir contrevenu à la Loi électorale pendant la campagne provinciale de 2003, en distribuant à leurs membres des feuillets les enjoignant à ne pas voter pour l'Action démocratique du Québec. La juge Louise Barbeau avait fait valoir que les articles de la Loi électorale invoqués par la poursuite constituent des «limites raisonnables» à la liberté d'expression garantie par les Chartes canadienne et québécoise des droits et libertés.

Ces restrictions ne sont pas justifiées, selon moi. Tout individu ou groupe devrait avoir le droit de s'exprimer et de tenter de convaincre son voisin ou son ami de voter d'un bord ou de l'autre, que ce soit à la maison, dans un restaurant, en faisant du porte-à-porte, en distribuant des tracts ou en achetant de la publicité.

Par contre, j'ai quand même tiqué quand j'ai lu cette semaine que la FTQ larguait le Bloc québécois et allait tout faire pour battre les conservateurs. La FTQ avait déjà annoncé que son «équipe nationale» travaillerait activement à faire battre les candidats conservateurs dans une dizaine de circonscriptions québécoises.

Même si la FTQ n'appuie pas officiellement le NPD, on peut se douter que plusieurs candidats néo-démocrates québécois recevront l'appui de la centrale syndicale. Le bât blesse à deux endroits selon moi.

D'abord, l'argent: les syndicats ne devraient pas avoir le droit de dépenser l'argent des cotisations syndicales déduites sans permission des chèques de paie de leurs membres pour s'adonner à des activités politiques. La formule Rand existe pour aider les syndicats à financer leurs activités de représentation des travailleurs auprès de leur employeur lorsqu'ils négocient et appliquent une convention collective, pas pour payer des permanents à travailler contre un parti ou un autre, ou pour lancer des messages négatifs sur les réseaux sociaux ou à la radio.

Ben oui, je sais, pour éviter de froisser Élections Canada, les syndicats disent que leurs employés sont des «bénévoles», mais si vous croyez ça...

Et ensuite: la légitimité. Oui, la FTQ a bien le droit d'exprimer son appui à l'un ou à l'autre parti politique fédéral et d'utiliser des dons volontaires qui lui seraient faits à cette fin. Par contre, ses membres devraient se demander pourquoi leur syndicat, dont la mission est de représenter ses membres dans le cadre de la négociation et de l'application de conventions collectives, exprime une telle opinion. À ce que je sache, ce ne sont pas tous les membres de la FTQ qui appuient le NPD. Et à ce que je sache aussi, une majorité de travailleurs syndiqués veulent des baisses d'impôts comme celles que leur ont données les conservateurs et qui leur seront enlevées par les néo-démocrates.

On comprendra facilement d'ailleurs pourquoi la FTQ s'oppose tant aux conservateurs. Le projet de loi C-377 les forceraient à rendre des comptes à leurs membres et aux Canadiens sur la façon dont ils dépensent les cotisations qu'ils extorquent de leurs membres. On saurait enfin combien il leur en coûte pour organiser des manifestations, pour louer des autobus scolaires pour les carrés rouges, pour faire du lobby auprès des gouvernements, ou pour soutenir des «instituts de recherche» dont les «études», reprises par les médias, sont invariablement favorables à l'étatisme, à l'alourdissement de la fiscalité et à l'embauche de fonctionnaires...

Comme le dit si bien Michel Hébert dans Le Journal de Montréal, les syndicats n'ont pas vraiment en tête la solidarité, les services publics, ou l'environnement. C'est à leurs petites affaires qu'ils pensent.

Les syndicats sont des organisations omniprésentes sur la place publique, riches et bavardes, mais profondément secrètes. Et si les conservateurs sont écartés, le NPD abolira C-377 et les petits et les gros secrets syndicaux pourront rester à l'abri des curieux.

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