Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'État ne doit pas jongler avec la vente du Cirque du soleil

Pierre-Karl Péladeau et François Legault sont montés aux barricades en entendant que Guy Laliberté voudrait vendre ses actions du Cirque du Soleil. Les deux réclament une intervention de Québec. Ils se trompent.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Pierre-Karl Péladeau et François Legault, sous l'impulsion de la fumeuse notion de « nationalisme économique », sont montés aux barricades en entendant que Guy Laliberté voudrait vendre ses actions du Cirque du Soleil à un groupe dirigé par TPG Capital, une firme américaine d'investissement privée gérant des actifs de 65 milliards $. Ils réclament une intervention étatique qui pourrait inclure une participation importante de la Caisse de dépôt.

Ils se trompent.

D'abord, il est loin d'être certain que le siège social déménagera. Dollarama, Bombardier Produits Récréatifs et Van Houtte ne sont que quelques exemples d'entreprises dont le centre décisionnel est demeuré ici après une acquisition par des étrangers - tout simplement parce que l'expertise et les compétences ayant justifié l'acquisition sont ici!

Ensuite, même si le siège social déménageait, l'étude de Michael Bloom du Conference Board du Canada conclue que cela ne cause pas un drame. Oui, quelques avocats et comptables peuvent perdre leur emploi, mais, dans la majorité des cas, l'emploi dans les opérations augmente suite à une prise de contrôle parce que l'acquéreur aime les produits et services de l'entreprise achetée et veut en augmenter le volume de vente. D'ailleurs, les entreprises achetées bénéficient souvent d'une injection de capital venant d'un acheteur avec des poches profondes. M. Legault, qui cite souvent le siège social dégraissé d'Alcan, oublie l'injection au Canada, par la propriétaire australienne Rio Tinto, de près de 6 milliards $ dans le Centre technologique AP60 de l'usine d'électrolyse Arvida, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et l'usine de Kitimat, en C.-B. Autres exemples, les trois entreprises mentionnées ci-haut ont vu leurs ventes croître de façon importante grâce à l'apport d'argent frais des investisseurs étrangers.

On plaide parfois que préserver le siège social ici motiverait les dirigeants, en cas de difficultés économiques, à affecter le moins possible les usines québécoises par rapport à celles à l'étranger. C'est faux. On n'a qu'à voir la logique implacable qui a conduit aux fermetures de machines à papier et de scieries par des papetières dont le siège social est au Québec pour s'en convaincre.

Par ailleurs, les prises de contrôle manigancées par l'État ont plus souvent qu'autrement dégénéré en désastres financiers. Pierre Arbour, dans son livre « Québec inc. et la tentation du dirigisme », nous rappelle le cas Steinberg où la Caisse a perdu 448 millions $, l'investissement dans Brascade (un holding financier ayant comme mission la prise de contrôle de la minière Noranda) où la Caisse a accumulé en 7 ans une perte de 858 millions $ et l'acquisition de Domtar (en dix ans, ce placement s'est déprécié de la jolie somme de 117,2 millions $). N'oublions surtout pas le cas de Quebecor Media, dont la valeur des actions achetées à gros prix par la Caisse n'a augmenté que de 1% par année sur 12 ans sans compter que la Caisse n'a reçu qu'un dividende dérisoire par rapport à l'ampleur de son placement pendant toutes ces années.

François Legault se lamente qu'il n'y a pas assez d'entrepreneurs ici. Disons que d'avoir des politiciens qui clament haut et fort que c'est l'État qui devrait décider à qui un entrepreneur peut vendre son entreprise n'est pas exactement ce qu'il faut pour encourager nos bâtisseurs à se casser les reins pour monter une affaire ici.

L'État n'a pas à s'ingérer dans les transactions privées. Il devrait plutôt se concentrer à créer l'environnement propice pour que des créateurs comme Guy Laliberté aient le goût de venir s'installer ici pour y exercer leur génie et leur talent, au bénéfice de tous les Québécois.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Le Cirque du Soleil: 30 ans de musique en spectacle

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.