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Abolir le B.S. corporatif

Il y a un coût à l'argent qui est investi dans Bombardier. La probabilité de ne jamais revoir cet argent gagné à la sueur du front des contribuables est de 40%.
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La Bombardier de Joseph-Armand Bombardier a réussi grâce au génie et à l'entrepreneurship d'un Québécois remarquable. Il a lancé sa première motoneige à l'âge de 30 ans, sans subvention de l'État, motivé par le fait qu'il avait perdu, pendant une tempête de neige qui a duré quelques jours, son jeune fils, faute d'avoir été transporté à l'hôpital avant que les conditions météorologiques ne se soient améliorées.

Mais depuis le décès du fondateur et l'arrivée de Laurent Beaudoin à la tête de l'entreprise, les rêves de celle-ci ont eu de plus en plus recours, pour qu'ils se réalisent, au soutien de l'État. Au cours des cinq dernières décennies et avant l'annonce récente du grand bijoutier Daoust, l'entreprise avait reçu 2,2 milliards de dollars de fonds publics en aides de toutes sortes. Et c'est sans compter les 11 milliards de dollars de financement consentis par Exportation et Développement Canada à ses clients au cours des seules cinq dernières années.

Toujours avant l'annonce, la Série C avait bénéficié de 1 milliard de dollars d'aide gouvernementale. Le total grimpe maintenant à 2,3 milliards et pourrait peut-être atteindre 2,65 milliards, si on croit les rumeurs de contribution du nouveau gouvernement Trudeau à hauteur de 350 millions.

M. Daoust a beau s'en défendre, cette bouée de sauvetage n'est rien d'autre qu'une subvention déguisée. Il y a un coût à l'argent qui est investi dans Bombardier, surtout que si le sort de ce placement est le même que celui des autres placements effectués à même le Fonds du développement économique (qui se décrit comme le véhicule privilégié par le gouvernement pour effectuer des interventions structurantes au bénéfice du développement économique du Québec), la probabilité de ne jamais revoir cet argent gagné à la sueur du front des contribuables est de 40%.

Les subventions privent (par la voie des impôts) les entreprises rentables de ressources qu'elles auraient investi pour faire croître leur entreprise ou embaucher du personnel additionnel. Cette croissance n'aura pas lieu. En son lieu et place, on transfère ces ressources à une firme qui n'est pas capable de convaincre des bailleurs de fonds privés de la pertinence de leur projet.

Ceux qui sont contre le bien-être social corporatif se font dire que tous les autres pays subventionnent aussi leurs entreprises... alors le Québec doit faire de même. Mais est-ce que ce n'est justement pas le contraire? Si les Américains, Français, Britanniques, Brésiliens, Chinois, Russes et qui sais-je encore se lancent dans la fabrication d'avions à coup de centaines de millions de dollars de subventions, il me semble que c'est bien la dernière place dans laquelle le gouvernement québécois devrait investir...

Malheureusement, nous avons le doigt pris dans l'engrenage et, dans un contexte concurrentiel subventionné par une foule de pays beaucoup plus riches que le Québec, nous sommes maintenant entraînés dans une spirale nous obligeant à augmenter notre assistanat corporatif, enlisant les contribuables toujours plus profondément dans une guerre que nous ne pouvons pas gagner.

D'ailleurs, attendez-vous à d'autres supplications (certains parleraient de chantage) de Bombardier, car elle admet qu'elle aura besoin d'injecter un autre 2 milliards de dollars supplémentaires d'ici cinq ans (qui pourrait bien se transformer en 4 milliards si on se fie aux compétences de Bombardier en terme du budgétisation)...

Ces mêmes gauchistes (avec un ton parfois teinté d'une certaine jalousie) pointent du doigt comme exemple à suivre l'intervention des gouvernements pour sauver GM. Euh... rappelons que les gouvernements fédéral et ontarien ont perdu 25% de leur mise de fond dans cette aventure. On ne s'enrichit pas en perdant 25% de son placement! Et c'est sans compter le coût d'opportunité: imaginez la richesse qu'on aurait créé si, au lieu d'investir dans «Government Motors», on avait laissé ces milliards dans la poche des contribuables et des entreprises.

Le Parti libéral n'a pas changé ses vieilles méthodes interventionnistes bien huilées par Jean Charest. Vous vous rappelez de la Gaspésia? Maintenant fermée, elle a coûté 300 millions de dollars. Norsk-Hydro? 250 millions et maintenant fermée. Magnolia? Un milliard de dollars et maintenant dissoute. GM à Boisbriand? 100 millions et maintenant évaporée.

Le nouveau gouvernement Couillard nous promettait une gestion différente. Martin Coiteux disait en point de presse le 20 septembre 2014: «il va falloir qu'on fasse le ménage dans notre propre cour... Dans l'exercice qu'on fait actuellement, il n'y a pas un seul ministère qui est exempté de la nécessité de revoir toutes ses façons de faire, y compris les subventions qui sont versées, y compris la gouvernance des organismes et des entités dont ils sont responsables... Tout doit être revu.» Force est de constater que «l'austérité» est un concept à deux vitesses...

Mon parti propose d'éliminer toutes les subventions aux entreprises et d'abaisser le fardeau fiscal d'un montant équivalent à toutes ces nananes. Les bureaucrates ne choisiraient plus les gagnants à la loterie des subventions, mais c'est le marché et les consommateurs qui décideraient qui devrait prospérer et qui devrait réorienter sa carrière ou sa production.

Les keynésiens affirment qu'une diminution des «investissements» gouvernementaux a nécessairement pour effet de ralentir la croissance économique. C'est tout-à-fait faux. Quand on réduit les dépenses de l'État et qu'on laisse l'argent dans les poches des contribuables, le secteur privé dispose de plus de ressources et à meilleur prix (car il y a moins de concurrence de l'État pour ces mêmes ressources) pour accroître ses activités.

L'exemple du Canada, de la Corée du Sud, de l'Estonie et du Luxembourg, qui ont réduit à la fois leurs dépenses et leurs revenus en pourcentage du PIB depuis la récession de 2008-2009, est éloquent: depuis lors, ces pays ont obtenu une croissance enviable de 2,4% en moyenne. Plus de ressources au privé, surtout si on en profite en même temps pour déréglementer le marché, résulte en une économie beaucoup plus productive, dynamique et vibrante.

Pourquoi les Québécois ne pourraient pas bénéficier d'une telle croissance au lieu de la stagnation que nous apporte le modèle d'économie planifiée, réglementée, sclérosée et corporatiste qui nous est imposé par notre État-providence québécois?

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