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Les intentions, c'est bien. Les réalisations, c'est mieux. Plusieurs des intentions du programme libéral peuvent paraître louables à première vue... tout comme les 508 promesses de M. Obama lors de sa première élection.
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Le pays a vécu un moment d'euphorie lundi dernier, les libéraux et la plupart des néo-démocrates et des bloquistes se réjouissant de la défaite de M. Harper. Même plusieurs conservateurs n'y ont pas vu un cataclysme (après tout, ils n'ont recueilli que 235 000 votes de moins qu'en 2011), heureux d'avoir évité un gouvernement minoritaire nécessitant une autre campagne et espérant une course à la chefferie qui redonnera de l'énergie au parti.

On a pu confirmer à nouveau mardi matin que le style personnel de Justin Trudeau se situe à des lieues de son prédécesseur. L'image laissée par sa visite surprise au métro Jarry contraste avec celle de la fameuse poignée de main que M. Harper, probablement crispé par l'attention médiatique qui l'entourait, avait donnée à son fils après qu'il l'eût reconduit à l'école peu après l'élection de 2006.

Même si le style et la coiffure peuvent faire durer la lune de miel, il y a une grosse besogne à abattre assez rapidement, ne serait-ce que les quatre voyages internationaux en novembre et décembre (Turquie avec le G20, Manille au Sommet économique de l'Asie de Pacifique, Malte avec les chefs du Commonwealth puis Paris sur les changements climatiques). Le nœud viendra cependant avec le budget. Rappelons que le cadre financier de M. Trudeau comprenait des «mesures pas encore annoncées» (lire des « coupures ») de 1,17 milliard de $ pour arriver à un déficit de 9,9 milliards de $... Imaginez la mine déconfite des euphoriques fonctionnaires passant sus le couperet libéral... Le chroniqueur Francis Vailles, quant à lui, allègue un trou de 5 milliards de $ dans le cadre financier du Parti libéral...

Mais plusieurs autres promesses risquent d'être emportées, volontairement ou simplement par la tourmente des événements domestiques ou internationaux sur lesquels le gouvernement n'a aucun contrôle. Une des premières à passer aux oubliettes pourrait bien être la promesse de réformer le système de vote uninominal à un tour qui a si bien servi M. Trudeau. Si un système vraiment proportionnel avait été en vigueur, les libéraux auraient 50 sièges en moins et seraient actuellement en position très minoritaire... alors pensez-vous vraiment que les cinquante députés libéraux qui n'auraient pas été élus sous un tel système vont voter en faveur d'une telle réforme?

M. Trudeau a promis qu'un comité de sages recommanderait des nominations non-partisanes au Sénat. Mais si les conservateurs, qui contrôlent actuellement le Sénat, se mettent à boycotter l'agenda législatif trudeauiste, pensez-vous vraiment que M. Trudeau ne nommera pas 22 sénateurs libéraux pour remplir les sièges vacants et reprendre le contrôle de la Chambre haute?

Les intentions, c'est bien. Les réalisations, c'est mieux. Plusieurs des intentions du programme libéral peuvent paraître louables à première vue... tout comme les 508 promesses de M. Obama lors de sa première élection : devenir une société affranchie du pétrole du Moyen-Orient en 10 ans, 1 million de véhicules éco-énergétiques sur les routes d'ici 2015, fermer Guantanamo, réduire le déficit de moitié pendant le premier terme, etc. Sans oublier la fameuse phrase soulignant le moment de sa nomination comme candidat démocrate à la présidence : dans une génération, nous pourrons regarder en arrière et dire : c'était le moment où nous avons commencé à soigner les malades, à donner de bons emplois aux chômeurs, c'était le moment où la hausse du niveau de la mer a commencé à ralentir et où la planète a commencé à guérir...

La réalpolitik risque de rejoindre M. Trudeau aussi rapidement qu'elle a ramené M. Obama sur Terre. Mais il saura peut-être aussi bien s'en sortir que le président Clinton. Son conseiller George Stephanopoulos a en effet dit à son sujet que « le président a tenu toutes les promesses qu'il avait l'intention de tenir. »

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