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Derrière chaque vitre brisée, il y a une vie brisée

Je dis à maman: «». Maman me dit: «». Je lui réponds: «». Maman me dit: «»...
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Je dis à maman: «C'est triste maman ils ont tué un itinérant qui avait un marteau dans les mains». Maman me dit: «Tiens-toi loin d'eux, mon fils». Je lui réponds: «Mais maman, l'itinérant n'était pas menaçant avant que huit chars de flics arrivent sur les lieux et que les flics pointent leurs armes sur lui». Maman me dit: «Non mon fils, je te parle des policiers, tiens-toi loin d'eux»...

Je voulais commencer ma première chronique ainsi, puisque cette conversation anecdotique se veut de plus en plus représentative d'une réalité culturelle exposée au grand jour par des événements de plus en plus manifestes. Un policier qui menace un itinérant de l'attacher à un poteau à -40 degrés Celsius (*). Un autre qui tire une personne stigmatisée par sa folie provoquée par l'inhumanité stagnante dont le seul crime (qu'on sait jusqu'à présent avec certitude) était d'avoir pété une vitre. C'est la triste réalité d'une société déshumanisée. Le festival de l'absurdité où une vitre cassée justifie une violence sans équivoque. Nous n'avons qu'à nous rappeler les événements survenus durant le printemps étudiant pour nous convaincre que la vie et l'intégrité physique des individus ont été dévaluées sur le marché et que la vitre est devenue un symbole sacré auquel il ne faut surtout pas s'attaquer.

Ad vitam aeternam, la question resurgit sans jamais qu'on ne s'y attarde plus que le temps d'une pulsion médiatique malhonnête. Des événements isolés qui, cumulés, deviennent un réel problème sociétal. Alain Magloire est la dernière victime d'une société violemment orientée vers la répression qui utilise le service de police pour combattre tous les problèmes de société.

Ce qu'il faut remettre au goût du jour, ce n'est pas seulement la formation des policiers, qui manifestement est inadéquate, mais la façon dont on s'y prend pour encadrer les personnes marginalisées par leur propre société. Stigmatisée par des êtres humains qui leur sont semblables. Non seulement les policiers n'ont pas d'outils pour intervenir auprès de ce genre d'individus - le drame de lundi nous l'a bien fait remarquer -, mais ils ne sont tout simplement pas les bonnes personnes pour intervenir dans ce genre de situation.

Le service de police de la ville de Montréal se plaisait à nous rappeler toute la journée que l'individu en question était bien connu par les policiers pour ses troubles de santé mentale et qu'ils ont souvent eu à intervenir auprès de lui. Cela est présenté comme une justification au meurtre qui a été commis lundi. Il était fou, il allait s'en prendre à un de nos policiers. Ce que le SPVM semble tenter de nous dire, c'est qu'«il était temps qu'il meure, au moins nous n'aurons plus à intervenir auprès de lui». Choquant? Certes, mais c'est ça que ces mots signifient même s'ils proviennent de l'inconscient d'une institution qui ne l'avouera jamais et qui procède à un profilage systémique. Il s'agit d'une déresponsabilisation habituelle de la part du SPVM qui est devenue maître en matière de responsabilisation outrancière des individus armés qui se promènent dans nos rues. Et je ne parle pas des gangs de rue, mais de ceux qui portent un uniforme et ont comme devoir de protéger et servir les citoyens.

Il ne vous est pas venu à l'idée que c'était tout à fait anormal que le SPVM, qui prétend être intervenu auprès d'Alain Magloire, ne l'ait pas référer ou amener de force (puisque c'est leur devoir lorsqu'une personne souffre de problèmes de santé mentale et que sa vie est en danger) à un centre qui pouvait prendre soin de lui avant qu'il n'en arrive à cet obstacle de la vie où il ne voit plus d'autre sortie que la confrontation citoyenne. Tout ce qu'il voulait c'était exister, tout ce qu'on a fait, c'est le tuer...

Repose en paix Alain Magloire

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