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Le cancer n'a pas de frontières et la recherche ne doit pas en avoir non plus

Le 4 février dernier avait lieu la Journée mondiale contre le cancer, une journée qui, malheureusement, trouve un écho chez presque tout le monde.
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Le 4 février dernier avait lieu la Journée mondiale contre le cancer, une journée qui, malheureusement, trouve un écho chez presque tout le monde.

À titre de PDG d'une organisation mondiale qui finance la recherche et les soins en ce qui a trait au cancer de la prostate et au cancer testiculaire, j'ai pour vision de bâtir un monde où plus aucun homme ne mourra en raison de ces cancers. Jusqu'au milieu des années 1940, les traitements contre le cancer et les taux de survie n'existaient pas. Vu sous cet angle, le traitement du cancer a fait des progrès remarquables, mais il n'en demeure pas moins que 4,6 millions d'hommes en meurent encore annuellement.

La recherche sur le cancer prend beaucoup de temps à porter ses fruits. J'ai beau comprendre pourquoi il en est ainsi, je ressens quand même de la frustration. Dans une société où l'on prise efficience et rapidité d'exécution, il peut sembler que l'investissement de millions de dollars dans la recherche donne bien peu de résultats, et bien lentement. Aux États-Unis seulement, on consacre annuellement 28 milliards de dollars annuellement à la recherche biomédicale fondamentale qui ne peut être reproduite. Selon une autre étude, seulement 25 % environ des études précliniques publiées peuvent être validées au point de poursuivre les projets.

Je me demande constamment si notre façon d'aborder la recherche est la bonne? Les enjeux sont, de toute évidence, énormes et je veux m'assurer que nous travaillons intelligemment. Par mon travail à la Fondation Movember, deux aspects importants ont façonné ma façon de voir comment nous devrions aborder la recherche sur le cancer à l'échelle mondiale.

Le premier aspect est le suivant: la recherche reste très souvent infructueuse. L'expérience est faite et l'essai clinique a lieu, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Ce qui n'empêche pas d'y consacrer des sommes et du temps considérables. Cette recherche ou cet essai a-t-il été fait en vain? Non, car tout concourt au résultat final. Il nous faut cependant modifier la culture de la recherche sur le cancer, accepter qu'elle puisse échouer, échouer plus rapidement et faire savoir ce qui n'a pas fonctionné, comme nous annonçons les découvertes.

Le deuxième aspect: la recherche est progressive. De petites avancées aident à comprendre, puis mènent à des découvertes et à des progrès de plus grande envergure. Il n'y a jamais de moments «eurêka» sans connaissances et enseignements acquis dans les travaux antérieurs.

Compte tenu de ces deux aspects, il m'apparaît évident qu'il faut, à l'échelle mondiale et sans exception, inculquer la collaboration entre les organismes de bienfaisance, les gouvernements, les institutions et les chercheurs.

La collaboration en soi n'a rien de neuf, mais dans le monde de la recherche sur le cancer, cette approche est novatrice. À mon avis, il nous faut collaborer pour maximiser les investissements et accroître les capacités en recherche. Il faut mettre de côté les intérêts personnels comme le profit, la concurrence, la rivalité ou la reconnaissance.

Par la recherche en équipe, menée dans plus d'un pays et nourrie par une solide volonté de collaboration, nous éviterons de dédoubler le travail, nous innoverons et partagerons le savoir. Nous obtiendrons ainsi plus rapidement des résultats qui auront une influence bénéfique et profiteront aux hommes atteints de cancer.

Je me sens frustré, tout comme d'autres dans le monde du cancer, je le sais, quand je pense au travail fait en double par suite d'un manque de communication, de collaboration et de partage des connaissances. Des recherches bien intentionnées sont financées par des personnes ou des organismes qui croient en leur potentiel de découverte ou de cure alors qu'en fait, la recherche a déjà été menée. On consacre des ressources financières et du temps précieux à des théories déjà réfutées.

Pour qu'il y ait progrès scientifiques, la collaboration doit être un thème obligé qui unit et mobilise les communautés de chercheurs. Nous commençons à la voir s'instaurer, mais il faut une reconnaissance généralisée que la collaboration est le moyen le plus judicieux de fonctionner dorénavant.

Il est vrai que la collaboration mondiale représente un défi de taille et qu'à de nombreux égards, le secteur philanthropique qui finance la majeure partie de la recherche initiale n'est pas structuré pour faciliter la collaboration. La majorité des organismes de bienfaisance qui luttent contre le cancer sont d'envergure nationale; un grand nombre porte le nom de leur pays d'origine qui témoigne de leur envergure nationale et dans de nombreux pays, la réglementation des organismes de bienfaisance exige que les fonds recueillis dans le pays y restent. Pour ces raisons, les organismes de bienfaisance ne financent pas la recherche la plus prometteuse dans le monde, quel que soit l'endroit où elle se déroule.

Pour vaincre le cancer, nous devons penser à l'échelle mondiale. La Fondation Movember occupe une place de choix pour travailler à cette échelle, car nous menons des campagnes de financement dans 21 pays et nous sommes les principaux bailleurs de fonds de la recherche sur le cancer de la prostate et le cancer testiculaire. Cette portée et cette influence nous ont permis d'élaborer des stratégies mondiales de recherche dans ces domaines qui prévoient le partage des connaissances acquises. Nous avons aussi créé des équipes mondiales qui mènent des projets précis et nous pouvons faciliter la collaboration et exiger le partage des données et des résultats, qu'il s'agisse de progrès ou d'impasses.

On me demande souvent à quoi ressemble la collaboration. C'est assez simple, nous créons des liens entre les chercheurs les plus talentueux qui étudient les mêmes problèmes dans le monde; nous organisons des conférences en personne et des conférences téléphoniques; nous fournissons des plateformes technologiques pour l'échange des données; et surtout, nous les finançons. Cela ne s'arrête pas là cependant, car nous exigeons des équipes qu'elles partagent l'information et qu'elles fassent des progrès.

Certains chercheurs n'aiment pas notre approche d'ouverture, c'est très bien, nous ne les finançons pas.

Je prends aujourd'hui l'engagement que la Fondation Movember continuera à financer la recherche qu'à la condition que les participants acceptent de partager ouvertement leurs réussites comme leurs échecs. Au bout du compte, c'est ainsi que des découvertes utiles deviendront des traitements et des services reproductibles et fiables dont des millions d'hommes vivant avec le cancer dans le monde pourront bénéficier. Voilà notre vision.

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