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Beaucoup d'acteurs politiques, parlementaires ou non, accaparent déjà une part enviable des discussions qui trouvent une niche dans le cyberespace. Les propos qui y sont tenus sont majoritairement teintés d'une couleur politique avouée. Qui pourrait en toute sincérité s'en étonner? 140 caractères, c'est très peu pour exprimer une pensée politique précise, nuancée et complète. Je serais portée à pousser la réflexion et à dire que c'est trop peu...
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Curieux été politique qu'est le nôtre... Il semble qu'un enjeu démocratique de l'heure soit le moment de l'entrée de plusieurs élus (ou aspirants élus) sur les réseaux sociaux. Peut-être est-ce dans l'espoir que de telles entrées favorisent la progression du débat d'idées sur de nouvelles plateformes. Cependant, en constatant la tangente que prennent la grande majorité des échanges qui s'y déroulent, je commence sincèrement à en douter. Je ne semble d'ailleurs pas être la seule.

Cette nuance qu'on ne saurait détecter...

Beaucoup d'acteurs politiques, parlementaires ou non, accaparent déjà une part enviable des discussions qui trouvent une niche dans le cyberespace. Les propos qui y sont tenus sont majoritairement teintés d'une couleur politique avouée. Qui pourrait en toute sincérité s'en étonner?

140 caractères, c'est très peu pour exprimer une pensée politique précise, nuancée et complète. Je serais portée à pousser la réflexion et à dire que c'est trop peu... En demandant l'entrée en scène des partis politiques et de leurs porte-étendards sur Twitter, n'est-ce pas justement ce que l'on cautionne? Le fait que ces derniers s'adresseront à nous de façon ultra-concise et invariablement politique?

Certains manieront l'art du compromis « tweetesque » mieux que d'autres. En refusant de tomber dans les bagarres de ruelle, et en ne s'affranchissant pas des standards qu'ils s'imposeraient en rencontrant leurs adversaires politiques en personne. Ce genre de propos politiques engagés qui s'inscrivent dans le respect fait d'ailleurs partie de la vie démocratique, virtuelle ou non. Ils sont d'ailleurs à la source de bien des débats qui ont par le passé fait progresser nos sociétés. Ils y sont parvenus parce qu'ils avaient pour principal objectif de véhiculer une proposition, une vision sur un enjeu.

Par contre, au moment d'envoyer un « tweet », il faut faire un choix. En 140 caractères, pas d'espace pour à la fois proposer une politique publique ET détruire une réputation.

En 140 caractères, pas d'espace non plus pour justifier ses allégations par des preuves. Mais facile, toutefois, de tomber dans les clichés, dans les accusations par association. Cachés derrière un avatar, cloitré chez soi à l'abri des regards, plus facile de rédiger des interventions vitrioliques et des commentaires des plus désobligeants. Résultat : Les gens lancent parfois des propos qu'ils reprocheraient à leurs enfants d'avoir tenus dans une cour d'école. Vous voulez des exemples?

On traite certains candidats pour des formations politiques de « restants »... et ensuite, on s'étonnera que de plus en plus de personnes de qualité refusent de se porter candidates dans le cadre de campagnes électorales.

Dans les échanges interpersonnels, les caractéristiques de « corrompus », « menteurs », « pilleurs » et « voleurs » sont systématiquement adressés à des sympathisants de formations politiques. Mais on demandera à chacun de s'impliquer dans la sphère démocratique et on dira vouloir encourager l'essor de toutes les options politiques.

Mais quel paradoxe!

Ce qui est étonnant, c'est que la source de ce genre d'attaques personnelles et dirigées converge souvent avec une bonne dose d'indignation contre le cynisme en politique.

Cette ancienne politique souvent critiquée, elle avait de bons comme de mauvais côtés. Je lui reconnais pour ma part le mérite de ne pas avoir « normalisé » les attaques gratuites et non fondées contre des individus, voire même des militants, lancées sans justification.

Les réseaux sociaux ont de grandes vertus, notamment celle de permettre à chacun, militant ou pas, de partager ses préoccupations, de s'informer et de transmettre des messages à nos décideurs entre les échéances de 4 ans prévues au calendrier électoral.

Les acteurs politiques les utilisent-ils pour se rapprocher des citoyens, ou pour mieux démolir sur le plan personnel leurs adversaires en s'assurant du caractère viral de la controverse qu'ils auront créée? À chacun d'y répondre en choisissant le style qu'il adopte.

Mais que l'on cesse de faussement se désoler du cynisme lorsqu'on l'alimente, 140 caractères à la fois.

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