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L'automne qui s'achève s'est déroulé sous la domination du gel. Et je n'évoque pas ici la température extérieure qui nous fait maintenant réaliser que l'hiver est bel et bien installé. Je fais plutôt référence à cette tendance qui semble à nouveau bien installée à l'Assemblée nationale, du moins du côté du gouvernement minoritaire... Frais de scolarité, tarifs en garderies, investissements en recherche et dans le réseau universitaire, tarifs du bloc patrimonial, modernisation des infrastructures...
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Agence QMI

L'automne qui s'achève s'est déroulé sous la domination du gel. Et je n'évoque pas ici la température extérieure qui nous fait maintenant réaliser que l'hiver est bel et bien installé.

Je fais plutôt référence à cette tendance qui semble à nouveau bien installée à l'Assemblée nationale, du moins du côté du gouvernement minoritaire... Frais de scolarité, tarifs en garderies, investissements en recherche et dans le réseau universitaire, tarifs du bloc patrimonial, modernisation des infrastructures...

Fixer les chiffres dans le temps est une manoeuvre qui sert à merveille des visées électoralistes lorsqu'elle permet de faire reculer en termes absolus les tarifs reliés à l'utilisation de certains services. Les élus sont toutefois moins prompts à en exposer les vertus lorsqu'au contraire, le gel d'un prix se fait au détriment des citoyens... et de la cause qu'il sert.

C'est sans doute pourquoi le gouvernement de Mme Marois est si peu loquace quant à son intention de reculer sur la question de l'augmentation de la consigne de cinq à dix sous. Un projet annoncé le printemps dernier dans le dernier plan d'action de Recyc-Québec. Un projet salué par une multitude d'acteurs oeuvrant dans le domaine de l'environnement, du développement durable et de la récupération. Et un projet appuyé par le ministre de l'Environnement Pierre Arcand.

Mais ça, c'était avant. Avant le changement de gouvernement. Avant le retour à l'ère du gel.

Pourtant, la décision d'augmenter la consigne est logique. Pour chaque canette que vous conservez et trimbalez jusque chez un épicier ou un détaillant doté de l'une de ces gobeuses (qui avalent le contenant dont vous aviez vous même vous-même englouti le contenu), vous obtenez en 2012 ce que vous auriez obtenu en 1984 : cinq sous. Ce montant aurait dû atteindre les dix sous d'ici la fin de l'année, selon l'annonce faite en juin. Certes, le pouvoir d'achat supplémentaire dérivé de la consignation d'une seule canette peut paraître négligeable. Malgré la réduction relative de la valeur de la consigne au fil des dernières décennies (cinq sous aujourd'hui valent relativement moins que lors de la sortie de La Guerre des tuques), le système public de consignation au Québec a jusqu'à présent réussi à survivre.

En 2010, un milliard de contenants consignés ont ainsi été recyclés, un résultat nettement supérieur au 46 % des items non consignés qui trouvent une deuxième vie grâce au traditionnel « bac bleu » et au système de collecte sélective. Par contre, si la consigne a jusqu'à présent survécu, son âge d'or est bel et bien derrière nous; et il ne reviendra pas sans l'action du ministre de l'Environnement.

Selon Recyc-Québec, le taux de contenants en aluminium (ceux-là mêmes dont le montant de la consigne est l'objet de débats) recyclés grâce au système de consigne est passé de 70 % à moins de 65 %. Ce recul fait de nous la province canadienne ayant le plus faible taux de récupération des contenants à usage unique... Il s'agit donc d'une excellente raison pour songer à augmenter la somme que vous recevez de la machine qui gobe votre canette.

Matières recyclées de meilleure qualité grâce au tri à la source, diminution du volume de gaz à effet de serre émis en comparaison avec le mode de collecte sélective, réduction du nombre de contenants « abandonnés dans la nature » (la canette de boisson gazeuse gisant sur un terrain vague pourra prendre de 250 à 500 ans pour se décomposer; un pensez-y-bien!); nombreux sont les avantages « verts » que l'on peut associer à la consigne. Aussi nombreux sont les arguments qui pourraient nous pousser à demander au gouvernement de ne pas abandonner le projet de l'augmentation de la consigne.

On peut également ajouter celui-ci à la liste. Les politiques de gel ne servent pas les causes auxquelles elles se rattachent. Le système de consigne est directement relié aux principes de responsabilité élargie du producteur et de pollueur-payeur. Il met les producteurs, les détaillants et les consommateurs au coeur du principe de la collecte des matières résiduelles de toute une gamme de produits qui sont bien ancrés dans nos habitudes de consommation. Depuis 1984, peu seront surpris, les coûts relatifs au maintien de ce système ont toutefois augmenté... Avec l'augmentation des coûts et la stagnation des revenus, il n'y n'a qu'un pas de plus à faire pour mettre en doute la survie de la consigne. Voilà pourquoi il importe d'en augmenter le montant. En plus de renforcer l'incitatif offert aux consommateurs au moment de disposer de leurs canettes, cela permettrait de dégager des revenus supplémentaires pour soutenir les principaux partenaires dans la gestion du système de consignation. C'est ce que l'Australie, la Suède, les états de New York et de la Californie ont fait au cours des dernières années avec succès.

Comme tous les gels dont on a abondamment parlé au Québec depuis la dernière campagne électorale, celui que le gouvernement souhaite appliquer à la consigne serait synonyme d'inefficacité. Il ne fera pas les manchettes, mais il représente malheureusement la tendance d'un gouvernement à opter pour un statu quo aux conséquences insidieuses menaçant la survie de mécanismes et d'institutions pourtant porteuses de progrès.

La consigne à dix sous, on en parlait.

C'était avant qu'on ne change de gouvernement....

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