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Le carré brun, ou deux visions du monde

Il y a, dans cette crise, deux visions du monde qui s'affrontent. Bon, on pourrait scinder ces visions en 150 sections distinctes, mais généralisons un peu, pour faire changement. On peut facilement résumer la chose ainsi : il y a d'un côté les Rouges et de l'autre les Verts.
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Myriam Lefebvre

La crise étudiante ne s'essouffle pas, les medias sociaux et medias de masse ne dérougissent pas, la rue ne décolère pas, les casseroles résonnent et les ministres libéraux « coulent » ou « tonnent. » Pendant ce temps, cette fameuse « majorité silencieuse » ne semble/ne veut pas comprendre les enjeux et les messages véhiculés par les étudiants et leurs « alliés » syndicaux et écologistes. Tout en n'appuyant que bien timidement un gouvernement usé qui a perdu la bataille de l'opinion publique et qui, de son propre fait, a avoué être « dépassé par les événements ». Le monde entier parle des manifestations, les compagnies, restaurateurs et autres institutions et promoteurs de festivals craignent pour leurs bénéfices, et les chroniqueurs tirent à droite, à gauche, au centre et par terre (manière de dire qu'ils se tirent dans le pied.) Mais que ce passe-t-il, braves gens, dans cette province du Québec ou la soumission et l'acceptation sans rechigner étaient devenues la mode ?

Il y a, dans cette crise, deux visions du monde qui s'affrontent. Bon, on pourrait scinder ces visions en 150 sections distinctes, mais généralisons un peu, pour faire changement. On peut facilement résumer la chose ainsi : les Rouges et les Verts. Cela dit, les couleurs sont secondaires, puisque les libéraux ont le rouge pour emblème et que le vert est la couleur généralement liée à l'environnement, et que les environnementalistes et autres écolos sont très peu nombreux (s'il y en a) à supporter les étudiants du MESRQ.

Les Verts tendent à privilégier le statut quo : le maintien d'un niveau de productivité élevé, ce qui inclut des salaires de base pour les travailleurs afin ne pas trop rogner les bénéfices, des incitations aux investissements étrangers et au remboursement régulier de la dette, la liberté d'entreprise et de marché, etc. Ils parlent d'économie, d'emplois, de performance, de PIB pour expliquer la réussite d'un pays ou d'une province et ne sont pas chauds face aux investissements publics dans des secteurs que le marché pourrait gérer. La redistribution de la richesse n'est pas spécialement leur mantra, sauf lorsqu'il s'agit de dividendes aux actionnaires ou de rémunération des hauts salariés. Ils considèrent que la plupart des choses en ce monde sont des marchandises, ou à tout le moins monnayables, et que tout doit être payé à son « juste prix » déterminé par le marché. Ils ont généralement des orientations et idéologies communes, ce qui rend l'unité derrière un discours plus facile. Les Verts voient l'économie comme un tout.

Les Rouges, au contraire, incitent au changement. Loin d'être un bloc uniforme - un étudiant en arts et lettres, un militant de la CLAC et un dirigeant syndical n'auront pas du tout la même façon de voir les choses, loin s'en faut ! -, ils ne parlent pas d'une seule voix, se chicanent sur tout et rien et tirent généralement à boulets rouges sur ceux qui ne sont pas d'accord, même dans leurs propres rangs. Par contre, lorsqu'ils se mettent d'accord sur le fond comme c'est le cas actuellement, ils sont d'une force incommensurable, d'une mobilisation à toute épreuve et d'une ingéniosité sans borne. Ils se demandent pourquoi 1% des humains contrôlent 99% de la richesse, ils veulent protéger l'environnement, investir dans le social (accès médical, chômage, logements sociaux pour les plus démunis, etc.). Ils se demandent pourquoi les services baissent alors que les impôts eux ne baissent pas. Ils dénoncent la corruption des élites qui engloutit des sommes faramineuses et ils remettent en question les fondements de la démocratie représentative, puisqu'un mandat électoral ne veut pas dire pour eux un sauf-conduit pour agir sans reddition de comptes. Les Rouges voient l'économie comme faisant partie d'un tout.

Est-ce que ces deux visions sont réconciliables ? Difficilement. Il y a entente sur un point : on ne peut faire fi des contraintes économiques. Par contre, les façons de faire l'économie divergent grandement entre les deux visions, la « classique/néolibérale/capitaliste » et tout ce que vous voulez, et « l'altermondialiste/sociale-démocrate/anti-capitaliste/environnementaliste » et j'en passe. Ce sont deux gros « ramassis » - certains pourraient ajouter « de conneries » - qui englobent aussi des choses qui divergent, mais encore à des fins de généralisation, c'est plus simple ainsi. On y reviendra un jour.

Vous voulez choisir votre camp ? Vous hésitez ? Je vous inciterai bien à vous renseigner sur les « failles » du « modèle néolibéral », sur les subventions éhontées à des entreprises qui ont ensuite délocalisé leurs pénates en laissant nos travailleurs gros-jean-comme-devant, sur la collusion liée à une trop longue mainmise sur les leviers du pouvoir et sur les centaines de milliers d'emplois perdus tout en priorisant l'économie, mais je ne peux pas, je suis neutre.

Ne choisissez ni le Vert (trop à droite), ni le Rouge (trop à gauche), ni le noir (trop anarchiste), ni le blanc (trop pacifique), ni le bleu (trop ciel), ni le jaune (trop Richard Martineau !). Choisissez plutôt le brun : c'est déjà sale, tout le monde en produit (riches ET pauvres), et comme le climat politique ambiant, ça pue en $% ?* !!

P.S.: J'écris au moins à deux endroits que ce sont des généralités. Le but n'était pas de faire une thèse sur le sujet. Merci de ne pas me rappeler constamment ce fait, qui est admis.

Carrés rouges tatoués au parc Émilie-Gamelin

Tatoo-O-Thon au parc Émilie-Gamelin

MaNUfestation du Grand Prix

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