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Oscars 2018: la guerre est ouverte

Le 90e cérémonie des Oscars se tiendra le 4 mars.
Lucy Nicholson / Reuters

Bien que l'affaire Weinstein, suivi des mouvements #MeToo et Time's Up, marqueront probablement plusieurs résultats de la 90e cérémonie des Oscars qui se tiendra le 4 mars prochain à Los Angeles, la bataille entre les nommés s'annonce assez rude. Aucun des prétendants dans les catégories reines ne se détache véritablement du lot puisque la cuvée demeure dans son ensemble d'une grande qualité.

Et il est fort à parier que l'Académie des arts et sciences du cinéma ne fera pas d'erreur grossière comme ce fut le cas l'année dernière lorsque Faye Dunaway et Warren Beatty ont annoncé le mauvais gagnant de l'Oscar du meilleur film. Les organisateurs et l'animateur Jimmy Kimmel veilleront au grain avec un gala que l'on nous promet déjà sous haute surveillance.

Car l'heure est aujourd'hui plus grave. Les multiples dénonciations d'agressions sexuelles et de harcèlements fragilisent l'industrie hollywoodienne clouant au pilori plusieurs bonzes et artistes du milieu. Ainsi, outre Harvey Weinstein, on ne verra pas monter sur la scène de la grand-messe annuelle du cinéma américain des personnalités visées par des scandales sexuels comme le producteur John Lasseter, le comédien Casey Affleck ou l'acteur et réalisateur James Franco. Ce dernier a tout simplement été ignoré par les votants de l'Académie deux mois seulement après avoir remporté le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie pour son opus The Disaster Artist.

En ce qui concerne la compétition, le film ayant le plus de chance de remporter les honneurs sera probablement The Shape of Water de Guillermo Del Toro. Fort de ses 13 nominations, cette magnifique fable sur la tolérance pourrait même offrir au cinéaste d'origine mexicaine (gagnant du Golden Globe) son premier Oscar du meilleur réalisateur.

Mais cette prestigieuse catégorie inclut de sérieux adversaires, notamment Lady Bird de Greta Gerwig, le drame de guerre Dunkirk de Christopher Nolan ou bien notre préféré, le rafraîchissant film d'horreur afro-américain Get Out de Jordan Peele. Intéressant de constater ici que les films indépendants réussissent à prendre leur place.

Les prédictions se brouillent encore plus, lorsqu'il s'agit de départager quelle production décrochera le trophée du meilleur film. Car en plus des titres susmentionnés, il faut ajouter les propositions de Steven Spielberg (The Post), Paul Thomas Anderson (Phantom Thread), Martin McDonagh (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri), Joe Wright (Darkest Hour) et un nouveau chouchou de la critique, l'Italien Luca Guadagnino (Call Me by Your Name). Tout est donc possible.

Actrices, acteurs

Dans la catégorie meilleure actrice, la lutte s'annonce féroce entre Frances McDormand et Saoirse Ronan (Lady Bird). À moins d'une grosse surprise, on penche en direction de McDormand qui demeure la grande favorite pour son interprétation sentie dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri. Plus loin se positionnent Meryl Streep (The Post), Sally Hawkins (The Shape of Water) et l'étonnante Margot Robbie (I, Tonya). Par contre, aucun suspense pour la meilleure actrice dans un second rôle. Allison Janney devrait repartir avec la statuette grâce à sa prestation de mère autoritaire et manipulatrice dans le réussi drame sportif I, Tonya.

Meilleur acteur. On a franchement craqué pour le personnage à fleur de peau joué par Timothée Chalamet dans Call Me by Your Name, même si les chances du jeune franco-américain sont plutôt faibles face à Gary Oldman et son incarnation de Winston Churchill plus vraie que nature dans Darkest Hour. Et puis, un œil sur l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Tous annoncent la victoire du Canadien Christopher Plummer, celui qui a remplacé au pied levé l'acteur déchu Kevin Spacey dans All the Money in the World de Ridley Scott. Toutefois, William Dafoe (Florida Project) n'est pas loin dans le viseur.

Souhaitons l'Oscar du meilleur documentaire à Visages Villages de la Française Agnès Varda. Celui du meilleur film d'animation ira sans aucun doute à la fable mexicaine Cocode chez Pixar. Quasiment chaque proposition du studio (Inside Out, Up, Wall-e, Ratatouille, etc.) remporte la mise parfois au détriment de l'audace comme cette année avec La passion Van Gogh, un premier long métrage d'animation entièrement peint à l'huile vu par plus de cinq millions de spectateurs à travers le monde.

Uniquement sélectionné dans des catégories techniques, Blade Runner 2049, le film de science-fiction du Québécois Denis Villeneuve qui n'a pas fait belle figure au box-office, sera peut-être l'occasion pour le directeur photo Roger Deakins de gagner enfin un Oscar, lui qui en est à sa 14e sélection! Terminons avec le meilleur film en langue étrangère où deux œuvres se démarquent, le cruel Loveless du Russe Andreï Zviaguintsev et le caustique The Square du Suédois Ruben Östlund, respectivement lauréats du Prix du jury et de la Palme d'or au dernier Festival de Cannes.

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