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La question des pitbulls évacuée d’une consultation sur le contrôle des animaux à Montréal

Un sondage qui traite notamment d'animaux agressifs ne fait aucune mention du bannissement renversé en décembre
Getty Images/iStockphoto

La Ville de Montréal lance une consultation publique sur la refonte de son règlement sur le contrôle des animaux... sans parler des pitbulls.

L'administration de Valérie Plante a lancé vendredi une ronde de consultations sur les animaux. Les responsables du dossier rencontreront des experts, dont ceux de la SPCA de Montréal, et des citoyens. Un sondage a également été mis en ligne.

Or, ce sondage évacue complètement le sujet le plus épineux, soit le bannissement des pitbulls. Sur les sept questions à choix multiples, aucune ne traite de ce type de chien ou de «breed specific legislation» (réglementation spécifique à la race).

La question des pitbulls divise la population et les élus de Montréal depuis le décès de Christiane Vadnais, attaquée par le chien de son voisin. L'ex-maire Denis Coderre a banni ce groupe de races – il y en a traditionnellement quatre – en 2016, mais l'absence de consultation a fait réagir plusieurs observateurs.

Projet Montréal a notamment dénoncé ce fait dans un communiqué de presse émis quelques mois après l'adoption du nouveau règlement.

«Projet Montréal peine encore à concevoir qu'un règlement aussi sensible que le bannissement des pitbulls ait été conçu en moins de quatre mois, sans aucune consultation et sans que les experts aient leur mot à dire», lit-on dans le document.

Une fois au pouvoir, l'administration de Projet Montréal a renversé le bannissement en suspendant l'application des articles qui concernent les pitbulls. La mesure a été adoptée sans consultation publique.

Selon le responsable du dossier animal au comité exécutif, Craig Sauvé, le mandat donné à Projet Montréal aux élections du 5 novembre était suffisant pour prendre une décision.

«Cette orientation était très claire qu'on ne croyait pas à la réglementation spécifique à la race. Notre campagne a été très claire là-dessus. Maintenant, il y a d'autres questions sur lesquelles on doit se pencher», affirme-t-il en entrevue.M. Sauvé souhaite notamment élaborer des incitatifs pour les bons maîtres, plutôt que d'utiliser seulement la dissuasion.

La SPCA de Montréal se réjouit du fait que la Ville mette de côté la question des pitbulls.

«La responsabilité de la Ville est de regarder la science pour avoir de vraies informations et de vraies solutions», affirme la porte-parole de l'organisme, Me Alanna Divine.

La soeur de Christiane Vadnais, Lise Vadnais, ne partage pas du tout cette lecture.

«Je pense que ça devrait être inclus dans le sondage pour qu'on puisse avoir le pouls des Montréalais par rapport aux pitbulls, affirme-t-elle. Et j'aurais aimé avoir plusieurs questions là-dessus, pas juste une. Par exemple, "seriez-vous à l'aise d'avoir un voisin qui a un pitbull?"», lance-t-elle.

Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal et ex-membre du comité exécutif de Denis Coderre, déplore le format choisi pour la consultation publique.

«Ce qu'on nous a annoncé ce matin, c'est une opération de relations publiques, pas un véritable exercice de consultation. [...] Le sondage n'aborde ni la question des chiens de type pitbull ni les mesures mises en place pour assurer la sécurité des citoyens et qui ont été abandonnées par l'administration Plante, comme l'interdiction pour une personne ayant un casier judiciaire de posséder un chien de type pitbull», déplore-t-il.

M. Perez souligne aussi que les citoyens et les organismes ne pourront pas soumettre de mémoires, contrairement aux consultations menées, par exemple, par l'Office de consultation publique de Montréal.

De nombreuses études sur la dangerosité des pitbulls, souvent fort contradictoires, ont été produites au fil des ans. La plupart ne sont pas fiables, soit parce qu'elles se basent sur des événements rapportés dans les médias, soit parce que les pitbulls sont souvent difficiles à identifier correctement.

Quatre rencontres avec des citoyens sont prévues dans le cadre des consultations sur le contrôle animalier, soit à l'Espace La Fontaine (24 février), à la Maison de la culture Mercier (24 février), au Centre Georges-Vanier (3 mars) et au Centre des loisirs de Saint-Laurent (3 mars). Les participants doivent s'inscrire au préalable.

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