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«JFK», un opéra sublime à la hauteur du couple présidentiel

Une oeuvre dont l'audace n'a d'égal que l'ambition.
Yves Renaud

John Fitzgerald Kennedy fait son entrée à l'opéra de Montréal à travers la première canadienne de JFK, production foisonnante revenant sur les affres de la dernière nuit présidentielle jusqu'à l'assassinat à Dallas, le 22 novembre 1963.

L'opéra est un genre audacieux et l'œuvre signée par le compositeur américain David T. Little et le librettiste canadien Royce Vavrek s'inscrit dans ce courant lyrique qui se joue des thèmes de notre histoire contemporaine pour mieux en révéler les tragédies humaines. Ainsi JFK suit naturellement d'autres récentes œuvres adaptées comme Dead Man Walking, Les feluettes ou Another Brick in The Wall.

Déjà revisitée de mille et une façon, la vie politique du président Kennedy fascine toujours autant. JFK se contente d'en retracer les dernières heures, juste quelques moments avant la fusillade dont le mystère reste encore entier. Le public projeté dans la chambre de l'hôtel Texas à Forth Worth découvre alors un président dans une baignoire vaincu par la douleur et priant son épouse Jacky de lui administrer sa dose de morphine tel un héroïnomane à la dérive.

Un opéra moderne

La table est mise, pendant plus de deux heures, se succède les cauchemars (et les rêves) d'une illustre lignée familiale piégée par une malédiction qui ne cesse de nous subjuguer. Le visuel met au centre des regards une reconstitution de la suite présidentielle qui pivote à la manière d'un carrousel, métaphore d'une destinée tournant sur elle-même. La mise en scène fort réussie présente des décors aussi divers qu'un dîner fastueux ou une marche révolutionnaire.

Via des duos ou monologues attendrissants, sont abordés un certain nombre de thèmes intimes comme la maladie mentale de la sœur du président. La solitude de la première dame met la figure tutélaire au centre de l'œuvre. Les auteurs proposent une partition psychologique beaucoup plus terre-à-terre enrichissant la proposition de moments éclatés où viennent apparaître les fantasmes délirants de personnalités historiques, le Soviétique Nikita Khrouchtchev et le vice-président Lyndon B. Johson en tête.

Chaque personnage est découpé, sa complexité finement exploitée, pour en faire un opéra moderne pleinement assumé. Et c'est bien ainsi que l'ont imaginé David T. Little et Royce Vavrek, comme le prouve la distribution réunie autour de Matthew Worth, Daniela Mack, Katharine Goeldner, Talise Trevigne et Daniel Okulitch.

JFK – À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des arts en reprises les 1er et 3 février.

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