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Pas d’autocensure pour les Denis Drolet

«Rapidement, on s’est rendu compte que ça faisait du bien, que le personnage était assez compris, assez établi, ça nous permettait d’aller jusque-là.»
Karine Dufour/Radio-Canada

Tout le contexte social qui prévaut depuis l'automne, avec le mouvement #MoiAussi en toile de fond, peut amener certains humoristes à censurer leurs propos et à modifier leurs gags pour éviter de faire scandale ou simplement de heurter des gens.

François Bellefeuille, lors de son passage à Tout le monde en parle il y a deux semaines, avait d'ailleurs avoué avoir retravaillé certaines lignes de son nouveau spectacle pour s'adapter au changement de mœurs qui s'installe peu à peu.

Or, il semble que les Denis Drolet, eux, aient le champ libre. Il faut dire que les personnages tout de brun vêtus et complètement décalés incarnés par Sébastien Dubé (Denis barbu) et Vincent Léonard (Denis à «palettes») n'ont tellement rien de réaliste qu'il servent de paravents à leurs interprètes pour balancer les pires énormités sans qu'on ne s'en offusque. Surtout dans le cas du «méchant» Denis, le «barbu» qui, aux dires de son alter ego Sébastien Dubé, est misogyne, homophobe, et alouette. Apparemment, venant des Denis, tout passe.

C'est ce qu'ont expliqué les deux joyeux lurons à Tout le monde en parle, dimanche. Les Denis Drolet amorcent leur quatrième tournée, En attendant le beau temps, et leur rentrée montréalaise aura lieu au Monument-National, à Montréal, cette semaine, les 30 et 31 janvier.

«C'est sûr qu'il y a eu un doute, à un certain moment donné, a admis Vincent Léonard. Ça revient toujours au «barbu», parce que c'est à lui qu'on donne cette lourde tâche de porter des propos qui n'ont pas de bon sens. Mais rapidement, on s'est rendu compte que ça faisait du bien, que le personnage était assez compris, assez établi, ça nous permettait d'aller jusque-là. (...) On dirait que ça fait du bien».

«La ligne est mince, avant un show, de faire : «On peut-tu aller là en ce moment?» ; c'est épeurant. (...) Mais oui, la réponse était rapide. Il est au même niveau qu'Eric Cartman, dans South Park. On veut qu'il aille là et que ça écorche», a enchaîné Sébastien Dubé.

«En même temps, il propose toujours quelque chose de très vif, a relancé Vincent Léonard. Il gueule fort, ça ne veut rien dire, ce qu'il dit. Au moment même, des fois, où on est allés vers des jokes qui étaient plus axées «actualité», qui voulaient dire quelque chose, qui avaient un sens – il y avait une joke de Donald Trump un moment donné, quand est arrivée l'élection – ça levait dans la salle, avec les Denis, ça n'avait pas de bon sens. (Mais) deux shows après, on l'a enlevée, on a dit : ce n'est pas notre mandat. Nous autres, on est ici pour ne pas ramener ces choses-là. C'est tellement grossier, tellement bouffon et clown, cette affaire-là, que tout passe. On est chanceux!»

«Infidélité»

À Tout le monde en parle, dimanche, on a jasé du nouveau spectacle des Denis Drolet, En attendant le beau temps, qui est semble-t-il l'opus le plus flyé proposé par les Denis depuis le début de leur carrière, et qui contient aussi beaucoup de chansons.

On est revenus sur leur numéro conjoint avec le duo Deux Frères au ComédiHa! Fest Québec de l'an dernier, sur le passage de Vincent Léonard au jeu Lingo, en 1999, et sur l'hilarante présentation de trophée offerte par Sébastien Dubé et Anne-Élisabeth Bossé au dernier Gala les Olivier. Vincent Léonard a fait semblant d'être jaloux de cette «infidélité» de son partenaire de longue date.

«En public, je dis que ça va bien, a-t-il crâné avec sourire figé. J'essaie d'être sympathique, mais je suis «à boutte», Guy ! Trouve-moi un poste, fais quelque chose!»

Plus sérieusement, le Denis «à palettes» a ajouté avoir adoré le numéro de son comparse et sa camarade d'un soir.

« C'était tellement bon (...) J'ai vraiment ri, j'ai adoré ce moment-là!»

Au sujet du dessin animé qu'ils développent depuis plusieurs années et qui devait aboutir à Télétoon, les Denis Drolet ont dû réorienter leur projet après une mésentente avec le producteur-diffuseur.

«On ne s'en allait pas à la même place au niveau du scénario, les idées ne s'en allaient pas au même endroit», a expliqué Vincent Léonard.

«On n'est pas des gars difficiles à travailler, on est des gars d'équipe (...) Là, c'était juste que le producteur, le diffuseur, avait une envie soudaine (...) d'amener ça dans l'espace», a complété Sébastien Dubé, en notant que l'idée est toujours bien vivante et qu'il ne manque que la plateforme intéressée à relayer tel quel l'univers dessiné et délicieusement bizarre des Denis Drolet.

Dany Turcotte a remis une carte de son cru aux deux gaillards aux cheveux longs. «Si un jour on vous parle de donner vos corps à la science, dites non ! Ça va déjà assez mal de même!», disait le morceau de papier.

Déjà publié sur Le HuffPost Québec:

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