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Le doublé du temps des Fêtes de Michel Tremblay

La pièce «Enfant insignifiant» est présentée chez Duceppe du 13 décembre 2017 et 3 février 2018.
Facebook/Théâtre Jean-Duceppe

Quelques semaines après avoir lancé Le peintre d'aquarelles, un dix-neuvième roman en dix-neuf ans, Michel Tremblay est de retour au Québec pour assister à la première de sa nouvelle création, Enfant insignifiant, chez Duceppe, quelques jours avant d'entendre les musiciens de l'Orchestre symphonique de Montréal jouer durant son conte musical, à la Maison symphonique.

De quelle façon votre conte Le diable en canot d'écorce s'inspire-t-il de la Chasse-Galerie?

Cette légende-là m'a toujours fasciné et j'ai décidé d'écrire ma propre version. Ça ressemble beaucoup à l'original. On parle encore d'un camp de bûcherons pendant la nuit de Noël. Ça fait des mois qu'ils sont enfermés là-bas et qu'ils n'ont pas vu de femmes. Le diable arrive et leur offre d'aller en ville dans un canot d'écorce qui vole dans le ciel pour rencontrer des femmes, à condition de lui donner leur âme. Et moi, j'ai ajouté une autre condition assez amusante, que je ne veux pas dévoiler avant le spectacle. J'ai aussi écrit de façon plus moderne et plus comique. C'est une version non-expurgée de cette histoire.

On a déjà entendu vos mots résonner avec l'OSM, lors des versions symphoniques des Belles-Soeurs et de Nelligan, mais cette fois-ci, le texte a été spécialement conçu pour être une œuvre musicale. Qu'est-ce que ça change dans votre travail?

J'ai écrit une première version du conte et j'ai ensuite fouillé dans ma mémoire personnelle et sur YouTube pour trouver des morceaux musicaux que j'aime. À partir de là, j'ai produit une deuxième version du texte avec des suggestions musicales. Par exemple, quand les bûcherons arrivent en ville au bordel, j'ai suggéré la valse de la Symphonie fantastique. Mais je ne sais pas quelles idées ont été retenues. Kent Nagano, qui connaît infiniment plus la musique que moi, a peut-être eu d'autres idées plus éclatantes. Je vais le découvrir la semaine prochaine.

Avez-vous vu les éditions précédentes avec Fred Pellerin et Boucar Diouf?

Jamais. Et je ne savais même pas que c'était présenté à la télévision, car j'aurais pu le regarder toutes ces années-là. J'ai hâte de voir ça mardi!

Antoine Bertrand devait initialement interpréter le conte avec l'OSM, mais des ennuis personnels l'ont forcé à se retirer. Pourquoi avoir choisi Laurent Paquin pour le remplacer?

On a été obligé de se retourner sur un 10 cennes. René Richard Cyr, le metteur en scène du conte, me disait qu'il était vraiment content du travail de Laurent dans le théâtre musical Demain matin, Montréal m'attend, plus tôt cette année. Il m'a juré que c'était un bon choix, alors j'ai accepté.

Avez-vous songé le faire vous-mêmes?

Je suis assez bon lecteur, mais si j'avais lu le texte avec l'OSM, devant tout le public, je serais mort de trac! Je ne suis pas un performeur du tout et je suis loin d'être un acteur. Quand je lis à voix haute en français, je suis conscient de mon accent montréalais et de mes « r » qui roulent, alors que j'oublie ça complètement en anglais.

Que répondez-vous à ceux qui croient que la pièce Enfant insignifiant est la suite d'Encore une fois, si vous permettez?

C'est vrai que c'est le prolongement de l'histoire, mais ce n'est pas la suite ni le prélude. C'est le même enfant et la même mère, aux mêmes âges, mais ils s'expriment sur des sujets différents. Et au lieu d'être seuls sur scène, ils sont entourés du père de Michel, de la grand-mère, de la maîtresse d'école, de la directrice et d'un ami enfance.

Quels sont ses questionnements?

On le retrouve entre 8 et 13 ans, dans les années 50 ans. Il pose des questions embarrassantes auxquelles personne n'est capable de répondre. Sur le cinéma, la littérature, la vie privée et principalement sur la religion. C'est une espèce de règlement de comptes avec l'Église catholique. Sa mère, Nana, est une femme croyante, mais à cause des questions de son enfant, qui a une logique très particulière, elle en vient à se poser des questions qu'elle ne s'était jamais posées. C'est quand même une femme née deux générations avant la mienne, puisque ma mère avait 40 ans quand je suis venu au monde. Dans la pièce, elle dit à son fils qu'il faut croire, mais quand tu as l'impression qu'ils rient de toi, là tu peux penser ce que tu veux.

L'année 2017 a été chargée de projets et de prix pour vous. Comment s'annonce 2018?

Ce sera le contraire. Je n'ai pas pris de vacances depuis 20 ou 25 ans. Et comme je n'avais pas d'idée de roman ou de pièce, je ne me suis pas forcé. Habituellement, trois ou quatre mois avant de partir pour Key West, je dis à mon chum que j'ai trouvé mon sujet et que j'ai hâte d'en parler. Sauf que là, je n'ai pas forcé la note. Je vais adapter une pièce américaine, mais à part ça, je vais prendre un an de vacances.

» La pièce Enfant insignifiant est présentée chez Duceppe du 13 décembre 2017 et 3 février 2018.

» Le conte musical Le diable en canot d'écorce sera joué à la Maison symphonique les 19, 20 et 21 décembre 2017. La version audio de ce concert sera diffusée sur ICI MUSIQUE le mercredi 20 décembre à 20 h. La captation audio-vidéo sera diffusée sur ICI RADIO-CANADA TÉLÉ le samedi 30 décembre à 19 h.

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