Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mort de Charles Manson: Ces admirateurs qui l'ont soutenu jusqu'à ses dernières heures

Manson recevait des milliers de lettres chaque année.

Même durant ses derniers jours dans sa prison de Californie, Charles Manson n'a jamais été totalement isolé. Le gourou meurtrier, mort ce dimanche 19 novembre à 83 ans, a conservé jusqu'à la fin de sa vie un certain public à son écoute.

À la fin des années 1960, le psychopathe à la croix gammée griffée sur le front dirigeait une secte (la "Manson family") responsable de meurtres sauvages dans les quartiers aisés de Los Angeles, dont celui de l'actrice Sharon Tate, épouse du cinéaste Roman Polanski, âgée de 26 ans et enceinte. Plus de cinquante ans après, ces meurtres continuent de susciter une fascination morbide.

Si la "famille" de Charles Manson a bien été dissoute par les procès des meurtres dès les années 1970, et si bon nombre de ses disciples l'ont désavoué au moment de rendre compte de leurs actes devant la justice, des admirateurs plus ou moins anonymes ont continué à lui témoigner leur admiration jusqu'à sa mort.

Son ex-future épouse

Difficile de voir clair dans le jeu d'Afton "Star" Burton. Une chose est sûre: cette jeune femme de 28 ans a cultivé une fascination malsaine pour Charles Manson, au point de se considérer comme sa femme.

En novembre 2014, l'administration des prisons de Californie (CDCR) annonce que le gourou, déjà marié deux fois, a "obtenu une licence de mariage". L'heureuse élue, Afton Elaine Burton, a découvert l'histoire de Manson quand elle était adolescente et a déménagé à Corcoran, à 300 kilomètres au nord-ouest de Los Angeles, où se trouve la prison où il est détenu, pour pouvoir lui rendre visite.

"Je suis totalement avec lui, et il est totalement avec moi. Je suis née pour ça, vous savez?", dit la jeune femme au visage fin et doux à CNN. Elle l'appelle presque tous les jours et lui rend visite le week-end. Elle passe surtout son temps libre à mettre à jour plusieurs sites sur Manson, dont "Manson direct", destinés à le réhabiliter. Elle entend le faire sortir de prison en expliquant qu'il n'aurait rien à voir avec les meurtres d'août 1969.

La licence de mariage a finalement expiré en février 2015 sans que l'union n'ait été prononcée. Un journaliste révèle alors que "Star" aurait tenté de l'épouser uniquement pour disposer du cadavre de Manson après sa mort et le présenter dans une crypte de verre comme une attraction touristique. Une idée jugée "stupide" par le gourou lui-même, qui se considère comme immortel.

D'après Burton, en revanche, le mariage aurait uniquement été annulé pour des raisons logistiques et à cause de l'état de santé de Manson. En janvier, le père de "Star" confiait au Daily Mail que, même si sa fille avait renoncé à épouser le gourou, il restait un "ami" proche.

Ses correspondants

Charles Manson n'a jamais cessé de recevoir du courrier depuis sa prison. "Manson reçoit des milliers de lettres chaque année, peut-on lire sur 'Manson direct'. Il répondait souvent dans le passé, mais il répond moins ces dernières années. En réponse à votre lettre, vous pourrez cependant recevoir une carte ou un flyer d'information envoyé par un codétenu à sa demande."

Dans un livre publié en 2009, Richard Rubacher relate un échange qu'il a eu avec Charles Manson en personne. "Le directeur de la prison m'a dit que vous receviez quelque deux cents lettres par mois", dit-il au gourou. "Plutôt trois cents", corrige Manson, qui ajoute: "vous voyez, des enfants du monde entier entrent en contact avec moi. Des enfants perdus de Pologne, d'Allemagne, d'Australie et d'Amérique". Le gourou répondra en dessinant un zéro avec sa fumée de cigarette quand on lui demande s'il reçoit des courriers haineux.

Internautes ou journalistes lui ont certes écrit par pure provocation. Mais l'influence du criminel ne doit pas être minimisée pour autant, d'après Vincent Bugliosi, procureur chargé de l'affaire Manson en 1970, qui estime qu'il exerce "un intérêt phénoménal et une fascination". "La famille Manson n'existe plus. Aucun groupe ne s'appelle ainsi. Mais ces gens -je ne dirais pas qu'ils sont des adeptes de Manson, ce serait trop fort- le soutiennent", confiait-il en 2009 à CNN.

Ses réseaux de fans sur Internet

Envie d'un Manson dans votre salon? Sur CharliesArts.com, vous pouvez acheter des dessins réalisés par le gourou derrière les barreaux, disponibles en différents formats, pour une vingtaine de dollars par oeuvre. Vous pourrez aussi vous procurer des vinyles de ses chansons, des vêtements à son effigie ou des textes expliquant "sa réalité" et développant ses idées sur l'écologie.

Comme ce site, qui fait partie du réseau tenu par Afton Burton, plusieurs pages perpétuent les idées et l'image de Charles Manson sur le web. La page Facebook "ATWA", diffusant les idées du gourou sur un soi-disant "équilibre de la Terre", est toujours très active. Ce lundi 20 novembre au matin, les messages d'hommages à Charles Manson s'y multipliaient.

Un journal underground

"Charlie Manson est-il l'icône terroriste de l'Amérique?" La question est ici purement rhétorique. Le Los Angeles Free Press, l'un des journaux underground les plus distribués aux États-Unis dans les années 1960, estime que Charles Manson (appelé ici par son surnom, "Charlie") est un prisonnier politique.

Le Freep', distribué pendant près de 15 ans en pleine période hippie, avant de renaître avec une nouvelle équipe en 2005, se définit aujourd'hui comme une "vraie alternative aux médias contrôlés par les grands groupes". Opposé à la guerre du Vietnam puis à la guerre en Irak, prônant la liberté individuelle, parlant spiritualité et médecine holistique, la publication a très tôt fait la part belle à la défense de Charles Manson dans ses colonnes.

Sur son site internet, le journal republie ses vieux articles sur le criminel pour expliquer que son cas n'a pas changé: Charles Manson a été la cible d'un acharnement disproportionné par rapport à ce que la justice lui reproche. Il aurait aussi été victime de la mauvaise défense de son avocat.

"Après tout, ce n'est pas parce que Manson était un meurtrier que l'Amérique a été terrifiée par lui. Souvenez-vous, il n'a JAMAIS été reconnu coupable d'avoir tué QUI que ce soit. C'était sa capacité à créer des meurtriers, des terroristes, en actes... qui étaient les propres enfants de l'Amérique", peut-on lire sur le site du journal.

Le 3 décembre 1970, le Freep' avait publié le témoignage intégral de Charles Manson "ACCOMPAGNÉ des lettres qu'il nous avait écrites pour que le public puisse vraiment comprendre son point de vue, et pas seulement celui de la justice".

Los Angeles Free Press

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

VOIR AUSSI:

Charles Manson and Star

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.