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Mustapha Aramis veut jouer l’humain avant ses origines

Il a joué un « terroriste » dans Blue Moon.
Eva Maude TC

Il a joué un « terroriste » dans Blue Moon. Il est monté sur les planches au Danemark dans Jeux de cartes, la méga production de Robert Lepage. Depuis l'hiver 2017, il prête ses traits au sympathique Michel dans L'heure bleue. Et il apparaît ici et là dans la populaire quotidienne District 31. Trois ans après avoir obtenu son diplôme du Conservatoire d'art dramatique de Québec, Mustapha Aramis a déjà une feuille de route qui pourrait faire des envieux. Mais le comédien se préoccupe tout de même de son futur.

Quel genre de personnages te fais-tu proposer?

Quand je suis convoqué en audition pour un projet de fiction, c'est très souvent pour jouer un Arabe. Pourtant, mon agent n'en a rien à cirer que je sois Algérien d'origine et il envoie mon nom pour plusieurs projets. Je sais que le casting est quelque chose dont tout le monde souffre une fois sorti de l'école, mais des fois, j'aimerais que soit différent. Par exemple, dans la façon dont l'émission L'heure bleue est écrite, on n'a pas l'impression qu'on a besoin de justifier les origines de Michel. On lâche parfois une craque par rapport à ça, mais ce n'est pas le fond du personnage.

Crains-tu un manque de diversité dans les rôles qu'on va te proposer?

Absolument. Ça fait 21 ans que je suis au Québec – je suis arrivé à 11 ans en 1996 – et ce que je vois à la télévision est très loin de la réalité montréalaise dans laquelle je vis, moi qui ai grandi dans Rosemont et qui ai étudié au secondaire entre Villeray et Parc-Extension. Pourtant, je suis persuadé que le fait de voir des acteurs issus des communautés culturelles dans les fictions a une grande influence sur la capacité des jeunes des mêmes communautés de se projeter en tant que comédien. Ce n'est pas rare que je lise des entrevues avec des acteurs afro-américains de renom qui expliquent avoir eu envie de faire le métier après avoir vu tel acteur de la communauté noire à la télévision ou au cinéma.

Je lisais récemment que les familles de nouveaux arrivants ou d'immigrants récents ne sont pas très chaudes à l'idée que leurs enfants pratiquent un métier artistique précaire, après avoir fait des choix de vie pour aspirer à la stabilité et la sécurité, entre autres financières. Est-ce que tes parents t'ont encouragé à devenir comédien?

Non! Mon père n'était pas d'accord, puisque c'est une profession risquée. Il préférait me voir aller en sciences. C'est une affaire typique. Mes amis qui sont fils d'immigrants se sont tous butés à la même réaction. C'est devenu un gag entre nous. Aujourd'hui, mon père est heureux que ça aille bien pour moi. Quand il a su que j'allais jouer dans Cœur, de Robert Lepage, un show qu'il avait adoré, c'était comme la consécration pour lui!

Que retiens-tu de cette expérience?

Cœur est un énorme show qui coûte excessivement cher, mais quand on a la chance d'entrer à l'intérieur et de le démystifier, on réalise que c'est une équipe composée d'humains qui travaillent exactement comme sur les autres productions de théâtre. N'empêche, je devais jouer sur un plateau tournant à 360 degrés et m'accroupir pendant trois heures sous la scène, quand je ne jouais pas. Lorsque j'y repense, je me dis que je ne revivrai jamais ça!

As-tu travaillé avec Robert Lepage directement?

Il était présent lors des générales techniques à Copenhague et il m'a aiguillé un peu dans mon travail, étant donné que je remplaçais un comédien pour six représentations. J'ai découvert un homme d'une grande simplicité qui raconte toujours des histoires fascinantes. Et je trouvais ça génial de pouvoir le côtoyer pendant au travail et dans les pauses. Je me rappelle, un matin, à l'hôtel, je suis passé derrière sa table au restaurant et il était en train de jouer à Minecraft sur son iPad. Je me suis dit « bien sûr, quand il n'est pas en train de créer des projets, il continue de construire plein d'affaires là-dessus ».

Quel a été ton premier plateau de tournage marquant?

Celui de Blue Moon. C'était une expérience vraiment intense et un peu plus difficile que ce à quoi j'étais habitué en termes de vitesse de travail. On avait des tonnes de scènes à faire chaque jour. Après une journée de tournage, je redoutais la prochaine, parce que j'avais peur de ne pas être à mon affaire. Mais, je suis heureux d'avoir fait mes classes là-dedans. Aujourd'hui, quand je vais sur un plateau où ça va vite, comme celui de District 31, je n'ai plus le même stress qu'à mes débuts.

Décris-moi ton personnage dans la télésérie.

Massoud Salamh est le neveu d'un richissime homme d'affaires originaire d'Algérie. Il tente de se venger de la compagnie Blue Moon, qui aurait subtilisé de l'argent à son oncle et assassiné le mari de sa cousine. Ce serait facile de dire que c'est un terroriste, parce qu'il est Arabe... mais l'histoire va plus loin que ça. Oui, il a posé des gestes qui peuvent être considérés terroristes, mais sa vengeance est financière et familiale, aucunement religieuse.

Il est à des années-lumière de Michel Hamani dans L'Heure Bleue. Comment le perçois-tu?

C'est une espèce d'adolescent au grand cœur, un peu déconnecté des problèmes des autres. Pas parce qu'il n'en a rien à foutre, mais parce qu'il est maladroit relationnellement parlant. Sur le plateau de tournage, le réalisateur me replace parfois un tout petit peu là-dessus : des fois, j'ai tendance à réagir comme Mustapha dans certaines situations, alors que Michel est un peu inconscient de son attitude. Mais il ne fait pas ça pour être méchant. C'est quelqu'un de foncièrement bon.

Qu'est-ce qui l'attend?

Dans l'appart montréalais, Michel est clairement le plus « jeune » de la gang, mais une situation va bientôt lui donner l'opportunité d'évoluer, d'aller vers l'adulte en lui et de se responsabiliser davantage au travail. On va aussi voir comment il se met les pieds dans les plats en étant un peu tout le temps sur la cruise malgré lui. Ce qui se passe avec Clara, ça va lui un peu lui péter dans la face.

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