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Un tapis rouge sous haute surveillance pour Guy Nantel

Un peu plus désordonné que d’habitude, mais sans débordement.
Paméla Lajeunesse

Les tapis rouges sont souvent courus, mais rarement aura-t-on vu une entrée d'artistes aussi attendue que celle qui précédait la première du nouveau spectacle de Guy Nantel, Nos droits et libertés, mardi, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

Pas qu'on prévoyait y rencontrer beaucoup d'artistes ; en fait, Nantel écorche tellement de collègues humoriste dans son nouveau one man show – Guillaume Wagner, Sugar Sammy, Louis-José Houde et Mike Ward y goûtent tous, et pas avec tendresse – que ce n'était pas le glamour qui attirait les caméras au rendez-vous mondain. D'ailleurs, la colonie artistique ne s'était pas déplacée en si grand nombre pour applaudir son confrère. Manque d'intérêt, de solidarité ou pur hasard? Passons.

Non, c'est plutôt la cohue anticipée qui générait la curiosité. Le Journal de Québec l'écrivait mardi matin, Nantel aurait reçu des menaces de mort extrêmement sérieuses après sa première dans la Vieille Capitale, la semaine dernière.

Son allusion à Alice Paquet dans un de ses numéros lui a valu un déferlement de critiques négatives et d'insultes, majoritairement de la part de gens qui n'ont pas encore vu Nos droits et libertés. Un homme a été arrêté par le Service de police de la Ville de Québec après avoir proféré des menaces à l'endroit de Nantel ; on aurait même retrouvé des armes dans la résidence de l'individu en question.

Mardi matin, Éric Young, président de Groupe Entourage, qui produit Nos droits et libertés, annonçait dans les pages du Journal de Montréal que la sécurité serait accrue à la Place des Arts pour encadrer la rentrée montréalaise de son poulain. On craignait la venue de manifestants et on tenait à garantir la sécurité des invités en cette soirée importante. Un communiqué a également été envoyé aux médias pour indiquer la volonté de Guy Nantel de se tenir debout devant le tumulte et de n'occulter aucune ligne de son spectacle.

Nos droits et libertés, de Guy Nantel

Anti-émeute

Tout un déploiement policier s'étalait effectivement dans le grand hall du Théâtre Maisonneuve, quelques pas devant la Place DesChamps. Plusieurs agents de sécurité, en veste noire ou jaune, ont patrouillé au fur et à mesure que les gens entraient dans la salle. De grandes affiches avertissant d'un contrôle de sécurité et d'une possibilité de fouille se dressaient non loin de la billetterie.

À l'extérieur, la présence d'une trentaine de représentants de l'escouade anti-émeute en a ébahi plus d'un ; était-ce vraiment pour Guy Nantel que toutes ces forces de l'ordre avaient été mises à contribution? Le journaliste Raphaël Gendron-Martin, du Journal de Montréal, qui rendait compte de la situation en temps réel sur Twitter a finalement révélé que l'anti-émeute était sur place pour une autre manifestation, qui se tenait à quelques mètres de là, et non pour l'événement Nantel. Une coïncidence étonnante, quand même.

Or, tout ce tapage aura au final donné lieu à un tapis rouge un peu plus désordonné que d'habitude, mais à aucun débordement. Aucune anecdote répréhensible n'a été observée, aucune pancarte et aucun groupe extrémiste ne sont passés pour troubler la quiétude d'avant-représentation. Le producteur, Éric Young, se trouvait apparemment à l'intérieur du Théâtre Maisonneuve plusieurs minutes avant la levée du rideau et n'a pu répondre aux questions des journalistes, alors que se jouait un segment majeur de son grand rassemblement, un escalier plus bas.

Aujourd'hui, on est en droit de se poser la question : on ne doute pas de la véracité des propos graves adressés à Guy Nantel, mais sa garde rapprochée a-t-elle profité de la récente dérape publique pour orchestrer une opération marketing? A-t-on exagéré une mise en scène de sécurité pour mousser le bruit autour de la première montréalaise de Nos droits et libertés?

Déjà, toute l'attention accordée à la blague sur Alice Paquet biaisait notre écoute et dévalorisait d'emblée le reste du matériel de Nantel. Mardi, une fois le spectacle commencé, les journalistes avaient davantage la tête à éplucher les réseaux sociaux pour effectuer le suivi des mesures de sécurité qu'à écouter le contenu du comique sur scène. Mais, parlez-en en bien, parlez-en en mal... N'est-ce pas?

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