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Michel Tremblay: «La vieillesse, c’est le début de la fin»

«La vieillesse dorée dont on nous rebat les oreilles toute notre vie n’existe pas.»
Facebook/Théâtre Jean-Duceppe

À 75 ans, Michel Tremblay publie son 37e roman, Le peintre d'aquarelles. Le prolifique auteur et dramaturge aborde ici la vieillesse à travers les yeux d'un vieux personnage atteint de schizophrénie.

Les lecteurs assidus de l'œuvre de Michel Tremblay reconnaitront dans les pages du roman Marcel, tour à tour bébé, enfant et adolescent à problème. Aujourd'hui, l'attachant personnage, bientôt à l'orée de ses 80 ans, habite tous les chapitres d'un bouquin envoutant.

«Avec ce livre, je voulais parler de la vieillesse telle qu'on la craint et la connait, raconte l'écrivain en entrevue. Comme il existe déjà de nombreux passages magnifiques qui ont été écrits sur la vieillesse, je cherchais une façon originale d'en parler.»

Une discussion informelle avec Pierre Filion, son éditeur chez Leméac, sera le déclencheur littéraire. «Pendant qu'on prenait un café chez moi, il m'a demandé ce qu'il était advenu de Marcel depuis que je l'avais abandonné en 1997, quand sa mère a décidé de le placer. J'ai alors réalisé que j'avais trouvé le personnage de mon prochain livre.»

Marcel s'est donc avéré la figure idéale pour parler d'un âge où l'homme s'engouffre lentement dans le crépuscule de la vie. «Le fait qu'il soit schizophrène m'a offert l'opportunité de parler d'un thème délicat, mais d'une façon détournée, a expliqué Michel Tremblay. Ce processus de création a d'ailleurs été une expérience absolument passionnante.»

Pourtant, de son aveu même, l'écrivain a eu du fil à retordre pour écrire plusieurs passages du roman, notamment lorsque Marcel se retrouve au bord d'un lac à converser avec son chat prénommé Duplessis. «Je ne voulais pas tomber dans le sentimental, éviter à tout prix de faire ce que les Américains appellent du «schmaltzy», c'est à dire du mièvre. Au fond, je voulais rester touchant.»

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Rêve et réalité

Quelle vie a eu Marcel? ou quelle vie aurait-il pu avoir?, autant d'interrogations auxquelles l'auteur des Chroniques du Plateau Mont-Royal tente de répondre à travers une œuvre axée sur la réalité et le rêve. «Sa maladie fait qu'il change moins que nous. Je l'ai pris tel que je l'avais laissé. L'idée de lui faire écrire un journal intime m'a également permis de toucher à ma propre vieillesse.»

Selon Michel Tremblay, le fait de vieillir n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. «La vieillesse, c'est le début de la fin. C'est la maladie et c'est la fatigue. À cet âge, on nous promet mers et mondes, alors qu'en fin de compte, c'est notre corps qui nous abandonne petit à petit et par morceaux. Je pense que la vieillesse dorée dont on nous rebat les oreilles toute notre vie n'existe pas. C'est une espèce de désillusion.»

L'écrivain, qui n'a pas peur de la solitude, redoute néanmoins sa propre vieillesse. «Tout seul, je ne me suis jamais ennuyé. Par contre, je crains le jour où un médecin viendra me dire que je ne peux plus bouger. J'appréhende l'idée de ne pas aller passer mon prochain hiver à Key West. Je veux que la vie continue.»

Et pour Marcel aussi, la vie doit continuer, malgré de terribles secrets et les souvenirs douloureux. Avec pour compagnie un chat (imaginaire ou pas) et une mère décédée, l'homme atteint de «crises» et de «visions» peint dans la chambre d'un hôpital psychiatrique des aquarelles aux couleurs naturelles joliment inversées. «Il est entouré de fantômes qui l'ont aidé à vivre. Sa grande qualité, c'est qu'il s'imagine tellement de possibilités que tout semble le nourrir et le préserver.»

Le peintre d'aquarelles – Michel Tremblay – Les éditions Leméac – 153 pages.

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