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Dylarama: un auteur-compositeur-interprète millénial bien de son temps

«J'essaie vraiment de m'adapter à mon temps et de m'exprimer à travers mon temps.»
HuffPost Québec/Lili Monette-Crépô

Dylarama, de son vrai nom Mathias Pageau, est un auteur-compositeur-interprète d'indie électronique, un DJ et un producteur bien de sa génération. En effet, le jeune homme de 32 ans mélange les influences musicales et les façons de diffuser et de marketer sa musique.

«J'essaie vraiment de m'adapter à mon temps et de m'exprimer à travers mon temps», explique-t-il.

Dylarama est signé au label local Lisbon Lux Records. «L'idée de Lisbon Lux Records, et ça me rejoint, c'est de lancer des petits projets avec des petits budgets et de tester tout de suite. J'aime mieux lancer un petit clip, voir la réaction, me réajuster au lieu de me lancer dans une longue production et que ça ne marche pas», admet-il. «Je suis un artiste de mon temps et Lisbon Lux c'est un label de leur temps aussi.»

Le label, qui existe depuis un peu moins de cinq ans, exploite les nouvelles techniques de marketing et est présent sur les médias sociaux et sur Spotify.

Le dernier clip de Dylarama, pour sa chanson Chantal, est sorti récemment. Il a été filmé à New York par Dylarama lui-même et par sa copine, Gabrielle Côté-Aubin, à l'aide de leurs deux iPhone.

Dylarama admet avoir été inspiré par les clips Manhattan de Cat Power et Tough Love de Jessie Ware pour le tournage de son clip. «C'est deux clips qui sont super bien filmés, mais nous, on est partis avec deux iPhone. On s'est rendus compte que c'était impossible de faire quelque chose d'aussi léché visuellement, donc on s'est dit qu'on allait filmer les images les plus intéressantes possibles, et c'est pour ça qu'on est allés à New York, parce que n'importe où où tu regardes, il se passe quelque chose, c'est vraiment vivant», explique-t-il.

Quand on regarde le clip, on voit une accumulation de plusieurs images dans un même écran, ce qui rappelle un peu l'esthétique du dernier clip de Milk & Bone. «Les images avaient un certain poids toutes seules, mais quand je me suis mis à les empiler, et c'était de plus en plus stimulant», admet le chanteur.

Il explique qu'un autre avantage d'avoir utilisé un iPhone, c'est de ne pas faire peur aux gens. «Ils se méfient moins, donc on peut plus capter la vie, comme on n'a pas pu le faire avant dans l'histoire de l'humanité», dit-il.

Quant aux paroles de Chantal, Dylarama explique que c'est un symbole pour un idéal qu'on n'arrive pas à atteindre. «C'est un idéal qui ne veut pas nécessairement de toi mais que tu poursuis, un rêve», raconte-il.

Les chansons de Dylarama mélangent la mélancolie et le bonheur, ce qui, pour lui, sont deux choses inséparables. Quand il écrit, il se base d'abord sur ses émotions.

Son style est un hybride entre l'indie pop et le r&b, avec des influences hip-hop plus dans la forme que dans le fond. «En spectacle, je veux une formule un peu hip-hop, tout seul avec un DJ, mais dans un contexte plus indie pop», explique-t-il.

Dylarama travaille avec le producteur Jean-Nicolas Doss pour la musique de ses chansons. «Je suis moins bon dans tout ce qui est musical, je n'ai pas de formation de musicien, donc j'avais besoin de quelqu'un pour m'aider à traduire mes idées en réalité», dit-il. «Je lui ai laissé carte blanche dans les balises que je lui ai donné, et je considère que c'est un génie.»

HuffPost Québec/Lili Monette-Crépô

Outre la collaboration avec Doss, Dylarama aime collaborer avec des marques de mode locales. «J'essaie d'avoir un penchant visuel qui représente la musique, comme ça tu peux voir si tu t'identifies à la musique ou non, c'est pour ça que ça m'est venu à l'idée de m'associer à des marques de mode, parce qu'elles travaillent beaucoup dans le visuel.»

Pour son dernier single Chantal, il s'est associé à la compagnie montréalaise Toujours Correct. «J'aime bien la vibe DIY et le fait qu'ils ne se prennent pas trop au sérieux», explique-t-il.

Outre Chantal, Dylarama a aussi lancé un clip pour sa chanson Saison Estivale cet été. Ses deux chansons se retrouvent sur Spotify, le service de streaming de musique, et pour lui, c'est le futur.

En parlant de futur, Dylarama lancera son premier EP en janvier 2018, et pense à lancer un album. «Je pense à faire un album, parce que ça reste une industrie avec des balises assez établies, pour l'ADISQ il faut un album complet, on n'a pas le choix si on veut jouer dans la cour des grands», admet-il.

Et l'argent dans tout ça? «C'est sûr que si tu veux faire de l'argent, ne t'en vas pas en musique (rires). Je me vois plus comme un entrepreneur, et mon produit c'est de la musique. J'ai fait le SAJE, et j'applique les règles à ça, il faut que tu te voies comme une petite entreprise», dit-il.

Il explique qu'il reste à l'affût de toutes les petites sources de revenus et de tous les moyens de se diffuser et de faire de l'argent. «Il faut prendre contact avec son public, on a l'impression que l'internet met un mur entre le monde et soi, mais en fait ça rapproche du monde», dit-il.

Dylarama trouve que le milieu de la musique est en évolution, et il ne sait pas encore quel sera le modèle idéal pour rémunérer les musiciens. «Je pense que ma génération d'auteurs-compositeurs-interprètes ont étés un peu sacrifiés parce qu'on est tombés entre les grosses ventes d'album et la monétisation du streaming qui s'en vient d'ici 10 ans», dit-il.

S'il admet que ça a du négatif, parce que plein de musiciens se sont découragés de l'état de l'industrie et ont abandonné, certains, comme lui, continuent à y croire.

Dylarama sera en spectacle avec Cliché et Étienne Fletcher le 9 novembre au Divan Orange dans le cadre de Coup de coeur francophone.

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