JEUX VIDEO - La licence "Call of Duty" ne va plus ignorer la Shoah. Le célèbre jeu vidéo de guerre, qui revient ce vendredi 3 novembre avec "Call of Duty: WW2", prend enfin le parti de montrer l'horreur de l'Holocauste et la persécution des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans la bande-annonce du mode solo dévoilée en septembre, une cinématique met en scène des soldats allemands à la recherche de juifs parmi ses prisonniers alliés. Alors qu'un officier nazi passe en revue ces derniers lâchant le mot allemand "juden", l'un d'eux cache sa plaque dans la neige avant d'être frappé et jeté dans un wagon à bestiaux, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.
Cette scène est au cœur du mode "histoire" proposé par Activision et Sledgehammer qui développent le jeu. "Je ne vais pas abandonner ma section", lâche le soldat Daniels au sujet de son meilleur ami, un juif du sud de Chicago nommé Robert Zussman qui a été déporté.
Tout au long de la campagne solo, le joueur va incarner ce chef de troupe entre les plages de Normandie jusqu'à Berlin en passant par les Ardennes. Si le jeu retrace avant tout l'histoire d'un soldat et de son escouade, il n'oublie pas de coller à la réalité en incluant ce contexte historique jusqu'alors absent des précédentes versions du jeu.
"Nous ne voulons pas fuir l'histoire, a expliqué le directeur créatif du jeu Bret Robbins au site Mashable. Nous voulions être très respectueux. Des choses très, très sombres sont survenues pendant ce conflit et il nous a semblé que nous avions tort d'ignorer cela".
En fait, "CoD: WW2" va même plus loin en évoquant les problèmes de tolérance et de respect au sein même de l'armée américaine. Cela va se ressentir durant le jeu lors de scènes de vie de l'escouade dans laquelle le joueur est affecté. "Malheureusement, il y avait de l'antisémitisme à l'époque, continue le directeur créatif. Il y avait du racisme. En réalité, ce problème est au coeur de notre histoire, le fait que cela a existé, c'était réel et nos personnages vivent avec".
"Dès le départ, nous abordons le fait que tout le monde n'est pas à l'aise avec le fait qu'un soldat soit juif. Et c'était juste une réalité de l'époque. C'est quelque chose que ce personnage a dû affronter toute sa vie", continue Bret Robbins qui explique que si cette réalité n'est abordée que maintenant dans la licence "Call of Duty", c'est que les joueurs sont "prêts" et "matures".
En racontant la vie d'une escouade mouvementée par ses propres difficultés d'acceptation culturelles et religieuses, les créateurs du jeu ne pouvaient plus ignorer le contexte historique. "Nous montrons absolument des atrocités, explique le créatif. C'est une partie malheureuse de l'histoire, mais ... vous ne pouvez pas raconter une histoire authentique et véridique sans l'évoquer, alors nous l'avons fait."
La réalité en face, mais pas trop
Après plusieurs années à plonger le joueur dans des conflits modernes ou futuristes, la saga "Call of Duty" revient à ce qui l'avait consacré il y a plus de dix ans: un jeu de guerre historique sur la Seconde Guerre mondiale.
La licence, ancien produit culturel le plus vendu en France est en perte de vitesse face à son concurrent direct de la série "Battlefield" qui s'est attaqué cette année à la Première Guerre mondiale. Un choix payant puisque le jeu a été pour la première fois plus vendu que "Call of Duty".
L'autre réalité dépeinte dans ce dernier "Call of Duty", c'est celle du nazisme et de ses symboles. Alors qu'est sorti le 27 octobre le jeu "Wolfenstein II: The New Colossus", dont la licence n'a jamais hésité à montrer la swastika, "Call of Duty" a fait le choix d'en montrer aussi, mais pas partout.
Si comme dans le jeu "Call of Duty: World at War" sorti en 2008, la croix gammée faisait partie intégrante de la campagne solo, elle n'était pas présente dans le très populaire mode multijoueurs. Pour cet opus, ce sujet semble tout aussi sensible qu'il y a neuf ans. Interrogé par le site Eurogamer, le co-fondateur de Sledghammer Michael Condrey s'explique.
"Pour la campagne solo, nous devons équilibrer l'authenticité avec le respect du fait que 100 millions de personnes sont mortes dans ce qui représente les jours les plus sombres de l'humanité, avance-t-il dans des propos retranscrits par Gameblog. Donc, vous verrez la croix gammée dans la campagne, notre historien militaire est là pour vous assurer que tout est authentique, de bon goût et respectueux. Mais pour notre communauté multijoueurs, nous avons choisi délibérément de ne pas l'inclure. Nous voulons que la communauté joue ensemble. Nous voulons être respectueux des coutumes et des lois locales dans le monde entier. Franchement, c'est un symbole sombre avec beaucoup d'émotion derrière".
En revanche, à l'image de "Call of Duty: World at War", il sera possible de dégommer des zombies nazis dans un mode de jeu à part pour prolonger le plaisir. C'est déjà ça.
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