ESPACE - Passer du temps sans la pesanteur terrestre a un impact bien connu sur le corps humain. On se rappelle tous des images du retour sur Terre de Thomas Pesquet où, comme tous les astronautes, il devait être porté. Ses jambes n'étaient plus assez musclées pour affronter la gravité.
Mais l'état d'apesanteur fait également bouger le cerveau dans notre boîte crânienne, rapporte The Verge. Celui-ci a tendance à se coller en haut du crâne, déplaçant ainsi le fluide protecteur qui entoure cet organe si fragile (le liquide cérébro-spinal).
C'est la conclusion d'une étude publiée ce mercredi 1er novembre dans le New England Journal of Medecine. Les auteurs ont analysé le cerveau de 16 astronautes ayant séjourné quelques semaines à bord de la Navette spatiale américaine, mais aussi de 18 autres qui sont restés plusieurs mois dans la Station spatiale internationale.
Troubles de la vision et migraines
Résultat: le cerveau s'est déplacé dans la boîte crânienne. Plus l'astronaute est resté longtemps dans l'espace, plus important est le décalage. "L'une de nos théories, c'est que comme il n'y a plus de gravité pour attirer le cerveau en bas, celui-ci se déplace vers le haut du crâne", affirme Donna Roberts, auteur principal de l'étude.
Les chercheurs pensent que ce changement pourrait en partie expliquer un mal qui touche 40% des astronautes, précise Newsweek. Lors du retour sur Terre, certains se plaignent ainsi de problème de vision ou de migraine.
Or, une des zones située en haut du cerveau est justement liée à notre vue. Donna Roberts, pense clairement qu'il y a un lien. Pour autant, tous les astronautes ne sont pas affectés, donc la cause doit être multiple.
Changements génétiques
Le cerveau n'est pas le seul à changer de place ou de forme. "Nous savons que le coeur change de forme dans l'espace aussi, il devient plus sphérique. Ce qui est encore plus incroyable, c'est que nous tolérons ça plutôt bien", note pour The Verge Dorit Donoviel, directeur d'un institut spécialisé sur la médecine de l'espace.
Quel impact pourrait avoir cette découverte pour le futur de l'exploration spatiale? Difficile à dire. Dorit Donoviel estime que ce genre de problème ne va pas stopper la conquête de l'espace. "Les changements sont faibles et je pense que nous allons pouvoir développer des contre-mesures", estime-t-il.
C'est tout le but de ces recherches: détecter les problèmes pour les résoudre avant d'envoyer l'homme loin, par exemple sur Mars, comme le souhaite la Nasa.
Justement, l'année prochaine devrait être riche en enseignements. L'agence américaine doit publier le résultat d'une expérience singulière: l'envoie d'un astronaute, Scott Kelly, dans l'espace pendant un an, alors que son jumeau est resté sur Terre.
Les premiers résultats, dévoilés le 24 octobre, montrent déjà des différences incroyables: des milliers de gènes se sont activés ou désactivés pendant le séjour dans la Station spatiale internationale. Reste à comprendre l'impact et le pourquoi de tout cela. Réponse en 2018.
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