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Insalubrité: Denis Coderre veut un registre public des propriétaires délinquants

L’organisme L’Oeil est toutefois venu verser une douche froide sur l’annonce du maire.
Bloomberg via Getty Images

Le maire sortant Denis Coderre promet de créer sur internet un registre des propriétaires d'édifices insalubres.

Selon le maire, le registre contiendrait les adresses des bâtiments ayant fait l'objet du plus grand nombre d'avis de non-conformité.

M. Coderre souhaite également augmenter le nombre d'inspecteurs à la Direction de l'habitation, qui en compte actuellement 12. Il n'a toutefois pas précisé combien d'inspecteurs seraient embauchés.

Les inspecteurs de la ville-centre s'ajoutent aux inspecteurs des arrondissements, qui font l'essentiel du travail sur le terrain.

«Lors de la dernière campagne électorale, il y a eu des reportages troublants par rapport aux logements insalubres. Ce sont des tragédies humaines», rappelle le maire.

M. Coderre souligne que l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG), dirigé par son responsable de l'habitation Russell Copeman, a été le premier à se doter d'un fonds de 250 000$ pour effectuer directement des réparations lorsque les propriétaires refusent de les faire.

Le registre est aussi proposé par Projet Montréal, qui a dévoilé sa plateforme électorale la semaine dernière. Le principal parti d'opposition propose aussi la création d'une équipe de 30 nouveaux inspecteurs qui couvriraient 20% du territoire montréalais tous les cinq ans.

Inspecteurs mal outillés?

L'organisme L'Oeil, qui combat les problèmes d'insalubrité dans CDN-NDG, est toutefois venu verser une douche froide sur l'annonce du maire.

«M. Copeman et M. Coderre ont oublié de dire que le maillon faible du système, c'est les inspecteurs et leur incapacité à inspecter correctement. Saviez-vous qu'à Montréal, les inspecteurs qui vont visiter les logements où il y a des infiltrations d'eau [...] ne sont pas équipés de détecteurs d'humidité? C'est comme envoyer un ouvrier sur un chantier avec des clous, mais pas de marteau», affirme le coordonnateur de l'Oeil, Claude Dagneau.

Selon M. Copeman, il n'est pas nécessaire d'outiller les inspecteurs des arrondissements avec des détecteurs d'humidité puisque les inspecteurs de la ville-centre en ont.

«Nous avons une entente avec la ville-centre concernant les problèmes de moisissures. Ça prend un certain niveau d'expertise pour intervenir dans ce genre de situation, alors quand nos inspecteurs soupçonnent un problème de moisissures, ils le signalent à la Direction de l'habitation et le dossier est traité sans délai indu», affirme M. Copeman.

Selon M. Dagneau, cette situation fait en sorte que des problèmes importants passent sous le radar lorsque les moisissures ne sont pas visibles.

Des cas non réglés

L'Oeil estime que la Ville a un très bon règlement contre l'insalubrité, mais néglige d'appliquer les sanctions.

«La ville a le pouvoir de répéter les amendes à chaque échéance de l'avis de non-conformité. On ne le fait pas. Le premier avis est écoulé, souvent on va négocier. Ça se rend en cour, on laisse pourrir ça pendant 3 ans», affirme Annie Lapalme, qui œuvre aussi à L'Oeil.

Mme Lapalme cite en exemple des édifices dont les problèmes sont connus de l'arrondissement, mais où les propriétaires ne font rien pour contrer les infiltrations d'eau, les moisissures et la vermine.

«Il y a quatre ans exactement, on a amené tous les candidats à la mairie de CDN-NDG à visiter des logements insalubres, affirme-t-elle. À notre grand étonnement, on faisait des travaux dans cet immeuble et l'on cogne dans le logement où l'on a amené M. Copeman. J'ai eu un choc en ouvrant la porte. C'est rempli de moisissures avec un taux d'humidité de 80%. Rien n'a été réglé.»

Des résidents rencontrés par le HuffPost Québec le confirment: il y a encore des blattes, des infiltrations d'eau et des moisissures. Le propriétaire, Rahman Habibur, n'aurait rien fait pour régler les problèmes.

Selon M. Copeman, l'arrondissement a agi dans le dossier de cet immeuble.

«Selon moi, le propriétaire sera un bon candidat pour notre futur registre», lance-t-il.

M. Copeman rappelle que le fonds permettant à l'arrondissement de faire les travaux n'est en place que depuis le 1er juillet et les sommes n'ont pas encore été utilisées. L'élu estime que ce fonds lui permettra de raccourcir les délais lorsque la santé ou la sécurité des résidents est en jeu.

«Nous n'allons pas attendre la fin des contestations judiciaires avant d'agir», affirme-t-il.

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