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AfrotroniX offrira en concert son inventive musique futuriste de «NomadiX»

Le Montréalais originaire du Tchad sera au Centre Phi le 20 octobre.
Courtoisie

Caleb Rimtobaye, alias AfrotroniX, est aux commandes d'un projet qui arrime rythmes traditionnels africains, musique électronique et esthétique futuriste. Le Montréalais originaire du Tchad, qui a offert cet été un très bon album titré NomadiX, livrera un concert au Centre Phi, le 20 octobre.

À voir sa tête d'homme-robot dans les vidéos et sur les images promotionnelles, on a l'impression qu'AfrotroniX est la version africaine de Daft Punk. Même le court morceau introductif (Future Tribe) de son récent disque fait penser au travail du célèbre duo européen. Cela dit, les comparaisons s'arrêtent ici.

Caleb Rimtobaye, également chanteur et guitariste de la formation montréalaise H'Sao, a une démarche très personnelle qui le distingue de toute autre création. Bien entendu, il n'est pas le premier à s'inspirer de son pays natal pour proposer des chansons électro-pop à saveur occidentale. Le Montréalais Pierre Kwenders à une démarche similaire, quoique probablement moins ancrée dans la culture africaine.

Dans un registre différent, le guitariste-chanteur nigérien Bombino – qui a donné quelques concerts à Montréal ces dernières années — s'est grandement inspiré de ce blues des Touaregs du Sahara, que l'on retrouve dans quelques pays, y compris le Tchad.

Blues du désert

Dans le cas d'AfrotroniX, les sédiments blues du désert (la guitare de la pièce Ama Boua n'est qu'un exemple parmi tant d'autres) ont reçu une bonne quantité de fluides électroniques. Normal, Caleb Rimtobaye s'est passionné pour les musiques urbaines comme le dubstep et la house. «Ce sont des chansons qui sont essentiellement inspirées du Tchad, mais aussi des pays voisins, comme le Soudan et le Niger.»

«Au Tchad, certaines personnes sont très arabisées tandis que d'autres sont super bantoues, ajoute-t-il. Quant à moi, je me situe entre les deux. J'ai grandi dans la capitale N'Djaména. J'y ai appris le français (première langue officielle au Tchad) et l'anglais à l'école. Mon arabe provient de la rue.»

En tout, Caleb Rimtobaye parle six langues, dont le sara qui vient du peuple Sar. La culture dont il s'inspire a été transformée au gré des migrations des populations africaines et des voyages nomades.

«Il y a des bouts de chansons que j'ai enregistrées au Tchad. Je n'arrive pas, par exemple, à chanter comme mes grands-mères. J'ai donc enregistré des voix féminines là-bas et conservé des passages. [...] C'est une façon de donner une chance à leurs voix de voyager. J'aime m'inspirer de la réalité et de la culture du Tchad, en respectant le concept d'AfrotroniX, qui est l'afrofuturisme. En fait, j'imagine l'Afrique en 2150.»

Bien qu'il habite Montréal depuis plusieurs années (2001), Caleb Rimtobaye retourne très souvent dans son pays natal. Son dernier séjour date de l'été passé. Chaque fois qu'il s'est rendu en Afrique au cours des dernières années, le musicien a enregistré des voix et des instruments, que ce soit dans le village natal de sa mère ou encore dans la capitale.

En studio

Contrairement à l'utilisation abusive de plusieurs rappeurs, l'utilisation de l'autotune sur la voix de Caleb Rimtobaye apporte des effets qui correspondent bien à la démarche «futuriste» du chanteur. «J'ai mis tous les enregistrements (faits en Afrique) dans mon logiciel Logic. Souvent, je synchronise avec Flex. Après je mets ça dans un échantillonneur et je m'amuse... Je veux que ma musique sonne un peu robotique. [...] Je ne connais pas énormément la musique de Daft Punk, mais j'aime leur univers. Et le duo utilise le vocodeur d'une façon qui me plait.»

À vrai dire, Caleb Rimtobaye écoute toutes sortes de genres musicaux. Au Tchad, ses choix étaient limités. Il a notamment écouté un vieux DJ britannique sur cassette. Arrivé à Montréal, fin 2001, il s'est intéressé à plein de productions underground. «J'ai eu une blonde allemande. Je suis allé souvent à Berlin (ville réputée pour sa musique électronique underground)... J'ai écouté beaucoup de dubstep aussi. J'aime les premiers albums de Skrillex.»

Le concert

Au Centre Phi, AfrotroniX proposera une création originale mêlant DJing, instruments live (dont des guitares, de la batterie et des percussions) et performances chorégraphiques afro-urbaines. Tout cela habillé d'un visuel futuriste. Il a offert déjà plusieurs concerts en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique, dont une performance qui a marqué l'imaginaire des gens dans la capitale tchadienne.

«Pour le concert au Centre Phi, j'ai pris des idées issues de tout ce que j'ai fait jusqu'à présent. Sur scène, nous serons deux musiciens et deux danseuses. Il y a aussi une autre personne qui s'occupe du visuel en direct. Ce spectacle est une première à Montréal.»

Du côté de Caleb, il chante, mixe et joue de la guitare. Il porte évidemment un costume qui symbolise «l'esthétique futuriste africaine 2150». L'idée du casque provient quant à elle d'une cérémonie appelée Yondo (ou Yo ndo), qui s'inscrit dans la tradition sara, au Tchad. Quand les jeunes ont participé à cette importante cérémonie, ils deviennent en quelque sorte des hommes adultes et ont le droit de se marier. Ils portent un casque fait de paille qui ressemble à celui en plastique utilisé par Caleb Rimtobaye pour son projet AfrotroniX.

«Je me revendique de cette Afrique affranchie de son passé colonial.»

Un autre album avec Brian Kennedy ?

Le réputé réalisateur, compositeur et auteur américain Brian Kennedy — qui a collaboré avec Chris Brown, Rihanna, Nelly et bien d'autres — a découvert la musique d'AfrotroniX sur internet.

«Il m'a fait venir chez lui, aux États-Unis. Il voulait que l'on fasse un album ensemble, pendant que j'avançais sur NomadiX. Il voulait agir à titre de producteur (réalisateur). [...] Après notre rencontre, j'ai réalisé qu'on avait différentes visions concernant ma musique. Il proposait quelque chose de plus mainstream. Il voulait en plus que je signe un contrat (avec Sony). Pour moi, c'était un engagement sans retour. Donc, j'ai décidé de finir NomadiX moi-même et de voir la suite...»

Finalement, les deux hommes ont créé 14 pièces. «Je veux que mon regard personnel de l'Afrique soit plus présent sur l'album. Brian, c'est un fabricant de hits mondiaux, autant dans le country que dans la pop. [...] Jusqu'à maintenant, on a deux chansons qui répondent à mes attentes. Je vais retourner chez lui en janvier. Durant un mois, on va travailler sur ce prochain disque...»

AfrotroniX – au Centre Phi de Montréal, le 20 octobre.

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