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«Blade Runner 2049», Denis Villeneuve sort le grand jeu

«Si j'avais un film à faire une fois dans ma vie, eh bien le voici!»

Le pari était risqué. En s'attelant sur la suite du film culte de Ridley Scott, le réalisateur Denis Villeneuve s'attaquait à gros. Attendu par des millions d'amateurs qui ont rapidement vu dans le premier volet un monument de la science-fiction, Blade Runner 2049 sera-t-il capable de frapper les esprits à son tour comme ce fut le cas en 1982?

Lors d'une rencontre organisée dans une suite d'un hôtel du Vieux-Montréal, Denis Villeneuve se présente l'âme apaisée. Son humeur zen impressionne. Lui qui vient d'accomplir une tâche titanesque en recréant l'univers apocalyptique imaginé pas l'écrivain Philip K. Dick, conserve un calme olympien.

«On m'a donné carte blanche, explique Denis Villeneuve. Dès que j'ai accepté l'offre des producteurs, j'ai alors senti que j'avais la capacité technique de faire le film. La pression par rapport au milieu du cinéma et par rapport à tous ceux qui ont aimé le premier film, c'est une pression avec laquelle j'ai dû faire la paix avant de commencer le processus de création. Je n'ai pas eu le choix, sinon j'aurai été incapable de travailler avec la peur au ventre.»

Désirant s'affranchir de toute angoisse, le cinéaste a également dû accepter l'idée qu'il puisse se casser les dents sur un projet d'une telle ampleur au coût de 200 millions de dollars. «J'ai tellement aimé le scénario que je me suis dit que cela valait la peine de tout donner même en sachant que l'issue pouvait s'avérer catastrophique. Si j'avais un film à faire une fois dans ma vie, eh bien le voici!»

Warner Bros.

Grand passionné de science-fiction, Denis Villeneuve a découvert le chef-d'œuvre de Ridley Scott à l'adolescence. Trois décennies plus tard, c'est ce même Scott, à titre de producteur exécutif, qui lui a offert les commandes de cette nouvelle proposition.

«Blade Runner de Ridley est de loin mon film de science-fiction préféré. J'ai eu de sa part toute la latitude nécessaire pour réaliser le film que j'avais en tête. Tout vient du scénario. En tant que cinéaste, je ne peux pas improviser sur le plateau avec ce genre de production. Il me fallait un texte fort comme source d'inspiration. J'ai été ravi de voir à quel point les scénaristes [Hampton Fancher et Michael Green] ont donné de la profondeur à cette seconde mouture.»

Un travail d'équipe

Situé 35 ans après le premier volet, Blade Runner 2049 met en scène l'officier K (Ryan Gosling), un détective du LAPD parti à la recherche de Rick Deckard dont la disparition demeure un mystère. Harrison Ford reprend ici son rôle emblématique du policier à l'esprit torturé, ancien chasseur de réplicants, des machines organiques construites pour servir les humains dans un futur robotisé.

«Un des grands défis fut de ramener à l'écran le personnage de Rick Deckard dans un état mental correspondant à son vécu, dit Villeneuve. Je savais que Harrison Ford avait énormément contribué à la construction de Deckard dans le premier film, alors c'est ensemble qu'on a réfléchi sur le rôle.»

Pour le réalisateur, une relation de confiance doit s'établir avec les acteurs. «Ryan Gosling campe le personnage principal. Dès le départ, on était sur la même longueur d'onde. On a révisé chaque scène pour apporter le plus de singularité, de simplicité et d'élégance possible. J'apprécie beaucoup lorsque mes comédiens sont inspirés et qu'ils m'apportent des idées. Ryan était très impliqué. On a même modifié plusieurs séquences grâce à sa participation.»

Ambiance nihiliste dans un Los Angeles sombre et poisseux, les clins d'œil au classique sont nombreux. Villeneuve s'est alloué les services du directeur de la photographie Roger Deakins, l'assistant fétiche des frères Coen, pour reconstituer l'esthétisme cyberpunk de l'œuvre originale. Même le thème musical de Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch s'inspire de la célèbre bande-son de Vangelis. Le résultat est l'affaire de toute une équipe, rappelle humblement le cinéaste.

«Un investissement intensif qui nous a pris deux années de travail avec plusieurs nuits blanches au compteur. Les artisans derrière les effets spéciaux et les effets visuels en post-production ont également travaillé très fort pour imaginer des choses qui n'avaient encore jamais été faites dans l'histoire du cinéma.»

Libre de choisir ses projets cinématographiques

Que de chemin parcouru pour Denis Villeneuve! En un temps record, le cinéaste de 49 ans est devenu la nouvelle coqueluche d'Hollywood et les rumeurs s'affolent. On lui prédit déjà plusieurs autres productions majeures qui vont de Dune à Cléopâtre en passant par un nouveau James Bond. «Je ne suis pas habitué à parler des projets quand ils sont encore en état de gestation, ajoute-t-il. Mais je m'estime privilégier de faire des films.»

Il faut dire que depuis son premier long métrage américain Prisoners, sa carrière s'est accélérée à une vitesse folle. «Avec cinq films en six ans, j'ai envie de prendre une petite pause pour réfléchir à tout ce qui vient de se passer et continuer ensuite à faire mon métier. J'ai toujours porté une grande importance à ma liberté et je réalise aujourd'hui que cette liberté s'accompagne de moyens de plus en plus costaux. J'ai envie de choisir judicieusement mes prochains projets cinématographiques.»

Le sourire aux lèvres, Denis Villeneuve admet toutefois avoir pris la piqûre. «C'est enivrant de faire un film comme Blade Runner 2049. Quand je suis arrivé à Hollywood avec Prisoners, je me considérais comme un touriste en pensant que ce serait une seule et unique expérience. Maintenant, je me sens comme accepté et j'ai envie de continuer à faire des longs métrages qui correspond à ce que j'ai toujours voulu faire. Il faut que j'en profite, car je ne sais pas si à soixante-quinze ans je vais avoir l'énergie nécessaire pour entreprendre des œuvres de ce calibre», conclut-il en riant.

Blade Runner – Science-fiction – Warner Bros. – 164 minutes – Sortie en salles le 6 octobre 2017 – États-Unis.

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