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Les corrections de Statistique Canada confirment le recul du français au Québec, mais la croissance de l'anglais avait été surestimée

Par contre, le nombre de personnes ayant déclaré l'anglais comme langue maternelle a légèrement fléchi plutôt que d'avoir augmenté.
La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Les données linguistiques revues et corrigées de Statistique Canada confirment un recul du français au Québec, mais indiquent que le nombre de personnes de la province ayant déclaré l'anglais comme langue maternelle a légèrement fléchi plutôt que d'avoir augmenté.

L'agence fédérale a publié jeudi ses résultats corrigés sur la langue après avoir reconnu vendredi dernier que des erreurs avaient été commises dans la première livraison de résultats.

Cela a eu pour conséquence de surestimer la croissance de l'anglais au Québec et dans certaines de ses régions, tant pour la langue maternelle que pour la langue parlée à la maison, et de surestimer le recul du français.

Pour ce qui est de la langue maternelle, le pourcentage a ainsi fléchi de 9,0 à 8,9 pour cent entre 2011 et 2016 plutôt que de grimper de 9,0 à 9,6 pour cent comme ce qui avait été rapporté dans la livraison initiale des chiffres, le 2 août dernier.

L'erreur dans les données a par ailleurs aussi entraîné une légère surestimation du taux de bilinguisme français-anglais au Québec, et par conséquent, à l'échelle nationale. Celui-ci s'établit ainsi désormais à 17,9 pour cent plutôt que 18,0 pour cent, tel que rapporté.

Un comparatif:

Lors d'une séance d'information technique, jeudi matin, à Ottawa, des fonctionnaires de Statistique Canada y sont allés d'un mea culpa, affirmant que l'erreur n'aurait pas dû échapper à la vigilance de l'agence.

"C'est clair qu'on aurait dû capter cette erreur-là, il n'y a aucun doute là-dessus", a affirmé en entrevue Jean-Pierre Corbeil, responsable du programme de la statistique linguistique chez Statistique Canada

Il convient que l'erreur dans ces données, qui ont suscité une déferlante de réactions, est d'autant plus embarrassante vu la sensibilité de l'enjeu linguistique au Québec.

"Il est clair que si cette situation-là avait été observée parmi le nombre de couples en union libre, on n'aurait pas eu la même réaction que si on parle de l'évolution de l'anglais ou du français au Québec", a-t-il illustré.

"Nous sommes très conscients de l'aspect très sensible de cette question, de ces enjeux, et Statistique Canada va corriger le tir, simplement", a garanti M. Corbeil.

Les fonctionnaires de l'agence fédérale ont assuré avoir effectué au cours des derniers jours une révision rigoureuse de l'ensemble des processus, et que cet exercice avait permis de constater que l'erreur était limitée à la langue.

L'erreur a été causée par le logiciel utilisé pour compiler les données qui a inversé les réponses sur la langue dans des formulaires en français. Les réponses d'environ 61 000 personnes, dont environ 57 000 au Québec, ont ainsi mal été classifiées.

Elle était passée sous le radar jusqu'à ce que le président de l'Association d'études canadiennes, Jack Jedwab, passe les données au peigne fin.

Il a levé un drapeau rouge après avoir détecté des incohérences. Les chiffres indiquaient une forte hausse de la population anglophone à l'extérieur de Montréal, dans des villes à forte majorité francophone, comme Drummondville, Trois-Rivières ou Shawinigan.

Le chercheur montréalais est satisfait que Statistique Canada ait "agi rapidement" pour corriger le tir, et il assure que sa confiance envers l'agence fédérale n'est pas ébranlée.

"Comme on sait, au Québec, le débat peut être assez émotif. On veut s'assurer que tout le monde travaille avec les données exactes", a-t-il dit en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

En revanche, il trouve décevant que Statistique Canada semble avoir cherché à minimiser l'importance de l'erreur dans les documents publiés jeudi matin.

"Si on exprime ça en termes de pourcentage, c'est peut-être un petit changement, mais en chiffres réels, pour un anglophone, ce matin, il se lève en disant: 'Ils sont 55 000 de moins'", a exposé M. Jedwab.

"Moi, je trouve ça assez important! On ne va pas me convaincre que c'est un petit changement", a-t-il lancé.

Chez Statistique Canada, "il y a une leçon qu'on tire" de cet épisode, a insisté M. Corbeil.

"J'aimerais mentionner que Statistique Canada est une institution d'envergure mondiale, un leader au niveau international, pas parce qu'on ne commet aucune erreur, mais parce qu'on réagit rapidement comme on l'a fait cette semaine", a-t-il plaidé.

Le chercheur Jack Jedwab recommande pour sa part "qu'un groupe d'experts soit consulté pour poser un dernier regard sur la diffusion de chiffres, notamment en ce qui concerne les questions linguistiques et les questions d'immigration".

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