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Patrimoine: des pénalités envisagées pour les propriétaires délinquants

La Ville cherche notamment à éviter que les bâtiments ne soient détruits par le feu.
Olivier Robichaud

La Ville de Montréal veut pénaliser les propriétaires délinquants d'immeubles patrimoniaux. Elle envisage l'application d'amendes et de pénalités diverses découlant du statut de métropole qui lui sera octroyé.

La mesure fait partie du Plan d'action en patrimoine 2017-2022, rendu public jeudi. La Ville souhaite ainsi réduire les instances où un édifice patrimonial prend feu ou doit être détruit pour faute d'entretien.

Plusieurs bâtiments privés ont subi ce sort récemment, dont le plus spectaculaire a été l'incendie de l'édifice Robillard. Situé à l'entrée du Quartier chinois, l'immeuble a jadis accueilli le premier cinéma du Canada.

«À Montréal, le manque d'entretien et l'inoccupation des bâtiments patrimoniaux sont des enjeux de taille. Soumis à de telles conditions, plusieurs bâtiments deviennent vulnérables et présentent de nombreux risques», lit-on dans le document.

Montréal souhaite «enrayer» l'inoccupation des sites patrimoniaux en développant de nouveaux incitatifs fiscaux et des mesures pénales. Certaines de ces mesures dépendront toutefois des nouveaux pouvoirs qui seront accordés à la Ville avec le statut de métropole.

Du côté des édifices appartenant à la Ville, Montréal souhaite se doter d'un plan quinquennal d'interventions pour les remettre à niveau. Elle priorisera l'hôtel de ville, l'édifice Lucien-Saulnier (ancien palais de justice situé à l'ouest de l'hôtel de ville) et le parc agricole du Bois-de-la-Roche à Sainte-Anne-de-Bellevue.

Observatoire montréalais sur le patrimoine

Par ailleurs, la Ville de Montréal créera un Observatoire sur le patrimoine afin de mieux documenter et partager l'état des édifices et des sites patrimoniaux de son territoire.

«La mise en place de l'Observatoire nous permettra de mieux connaître, partager et diffuser les enjeux relatifs au patrimoine. Cet engagement est une condition essentielle au succès d'une telle action renouvelée», affirme Manon Gauthier, responsable du patrimoine au comité exécutif.

La Ville a déjà annoncé la création d'un répertoire des immeubles vacants et d'immeubles vulnérables. Selon le plan d'action annoncé jeudi, ce répertoire serait partagé avec le Service de sécurité incendie de Montréal, les arrondissements et les autres services municipaux afin de mieux planifier les interventions.

Que faire des anciens hôpitaux?

Deux types de bâtiments obtiennent une attention particulière dans le Plan d'action en patrimoine. Il s'agit des grands ensembles institutionnels, notamment les hôpitaux vidés ou bientôt vidés avec l'ouverture du CHUM et du CUSM, ainsi que les édifices religieux.

«La reconversion ou la mise en valeur des grands ensembles patrimoniaux à caractère identitaire compte parmi les défis principaux auxquels fait face Montréal, alors que le centre‐ville connait une vague de déménagements de plusieurs ensembles hospitaliers à l'avenir encore incertain. [...] Ces institutions présentent des valeurs urbaine et sociale significatives qui invitent à une action municipale», souligne-t-on dans le document.

L'exemple le plus concret est sans doute l'hôpital Royal Victoria, propriété du CUSM dont l'Université McGill souhaiterait faire l'acquisition à la suite de l'ouverture du mégahôpital. L'université procède actuellement à une étude de faisabilité pour la conversion du site et a récemment lancé une série d'appels d'offres pour y loger des laboratoires de recherche.

La Ville souhaite documenter l'état des grands ensembles institutionnels à caractère patrimonial et établir des pistes de solutions avec les institutions et le gouvernement.

Lieux de culte protégés

Une démarche semblable est envisagée pour les lieux de culte. La Ville reconnaît toutefois que plusieurs sites devront être reconvertis. Elle souhaite mieux encadrer la transformation des églises, couvents et autres ensembles religieux.

Par ailleurs, Montréal confirme sa volonté d'acquérir le site des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, un complexe adjacent à l'Hôtel-Dieu et au parc Jeanne-Mance.

La Ville souhaite ainsi assurer la pérennité du magnifique jardin des Hospitalières après la relocalisation de celles-ci au pavillon Masson de l'Hôtel-Dieu. Selon le plan d'action, la Ville veut assurer un accès public, mais restreint du site afin de respecter l'esprit religieux du site.

Finalement, la Ville compte favoriser l'adoption de noms de lieux de groupes minoritaires qui ont participé au développement de Montréal, comme les autochtones. Un des sommets du mont Royal a déjà été renommé Tiohtià:ke Otsira'kéhne.

L'an dernier, la Ville dit vouloir favoriser une toponymie féminine, puisque seulement 6% des noms de lieux portent le nom d'une femme.

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