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Le gouvernement de Philippe Couillard accuse François Legault «d'alimenter la peur» dans le dossier des demandeurs d'asile

Le chef de la CAQ a dit mercredi que le Québec «ne doit pas devenir une passoire».

Le chef caquiste François Legault a essuyé un tir de barrage jeudi à la suite de ses déclarations sur l'afflux au Québec de demandeurs d'asile haïtiens en provenance des États-Unis: le gouvernement Couillard l'a accusé d'"alimenter la peur", tandis que le PQ lui a reproché de "mentir aux Québécois".

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) avait dit mercredi que le Québec "ne doit pas devenir une passoire" et que "les libéraux lancent un très mauvais signal aux migrants illégaux en ouvrant grands les bras".

Le cabinet du premier ministre Philippe Couillard n'a pas mis de temps à répliquer, de même que l'opposition officielle. Jeudi matin, le gouvernement libéral a transmis une déclaration où il reproche à François Legault de faire preuve d'"un manque flagrant de leadership".

"Monsieur Legault se trompe en cherchant à attiser les inquiétudes que peuvent ressentir les Québécois", affirme un courriel transmis par le responsable des relations médias au cabinet du premier ministre, Charles Robert.

"Discours alarmistes"

"Il est important de rassurer la population, poursuit-on. Les Québécois s'attendent de leurs leaders politiques qu'ils évitent d'alimenter la peur d'une partie de la population avec des discours alarmistes. Monsieur Legault échoue une fois de plus à ce test en ne proposant absolument rien de concret pour améliorer la situation."

Enfin, les libéraux accusent le chef de la CAQ d'avoir "encore une fois manqué une occasion de s'élever à la hauteur requise pour traiter d'un enjeu humanitaire de premier plan".

Le gouvernement Couillard soutient que le Québec est une société mature et disposant des ressources nécessaires pour faire face à cette situation dans l'ordre et la dignité.

Il a aussi pris la défense du gouvernement fédéral en faisant valoir qu'il contrôle la frontière québécoise et que les demandeurs d'asile qui la traversent de façon irrégulière sont interceptés par les forces policières et pris en charge afin qu'ils puissent formaliser leur demande d'asile.

"François Legault vous trompe"

En après-midi, le chef péquiste Jean-François Lisée n'a pas mis de temps non plus à s'en prendre à son rival caquiste. En conférence de presse à Montréal, M. Lisée a suggéré que François Legault faisait de la "pensée magique" en réclamant qu'on arrête tout simplement les arrivants à la frontière, puisque c'est impossible en raison des traités que le Canada a signés.

"Le premier ministre Legault enverrait la Sûreté du Québec devant la GRC pour leur dire de rester là?, a lancé M. Lisée. M. Legault ne dit pas la vérité, il n'est pas responsable. Un premier ministre ne peut faire ça. (...) François Legault vous trompe."

Le chef du PQ en a également profité pour décocher une flèche à Philippe Couillard et à son homologue fédéral Justin Trudeau. Il leur a reproché leur "naïveté", puisque même s'ils font preuve d'hospitalité dans leur discours à ces arrivants, on omet de dire que la moitié d'entre eux seront refoulés vers les États-Unis au terme d'un processus de plusieurs années.

Selon lui, Philippe Couillard devrait exiger du gouvernement fédéral qu'il suspende l'entente avec les États-Unis sur les tiers pays sûrs, qui est vue comme à l'origine de ces problèmes d'immigration.

Legault craint un "ressac"

Dans un message publié dans sa page Facebook mercredi, M. Legault avait soutenu qu'il y avait "quelque chose de totalement irresponsable dans le discours politique officiel depuis quelques jours. Les libéraux lancent un très mauvais signal aux migrants illégaux en ouvrant grands les bras, comme si le Québec pouvait accueillir toute la misère du monde".

Selon lui, ce discours libéral équivaut à "une invitation à se ruer vers la frontière québécoise sans passer par les douanes".

Or, à son avis, le Québec accueille déjà beaucoup plus d'immigrants que sa capacité d'intégration ne le permet. Les réfugiés qui suivent les procédures établies sont "frustrés" par les Haïtiens qui traversent la frontière sans respecter les règles, tandis que "la générosité et la solidarité des Québécois envers les réfugiés sont ébranlées". Si les responsables politiques ne changent pas d'attitude, "on peut s'attendre à un ressac", a-t-il conclu.

Il faut envoyer un "signal fort" à ceux qui veulent franchir la frontière par des moyens illégaux, selon lequel ils seront refoulés par les autorités.

Rappelons que depuis le début de juillet, des personnes d'origine haïtienne franchissent la frontière de façon irrégulière depuis les États-Unis pour demander asile au Québec.

Environ 3000 personnes auraient ainsi afflué au pays. Le stade olympique, les locaux vacants de l'ancien hôpital Royal Victoria ainsi qu'un immeuble des Soeurs de la Providence ont été aménagés à Montréal pour les accueillir.

Les Forces armées canadiennes s'affairent également à monter un campement au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle.

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Camp de demandeurs d'asile à Saint-Bernard-de-Lacolle

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