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Répression de civils avec des blindés canadiens en Arabie saoudite: Ottawa attend des informations fiables

La ministre des Affaires étrangères n'a pas fourni d'échéancier en vue d'une possible prise de décision.
Chris Wattie/Reuters

Le gouvernement canadien prend "très au sérieux" les informations voulant que l'Arabie saoudite ait réprimé des civils avec des véhicules fabriqués au Canada, mais doit disposer de renseignements "entièrement fiables" avant de prendre une quelconque décision.

"Nous devons évidemment enquêter minutieusement et nous assurer que nous agissons en nous basant sur de l'information crédible à laquelle nous pouvons nous fier", a exposé lundi la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

"Nous sommes profondément préoccupés", a ajouté la diplomate en chef du Canada en conférence téléphonique depuis Manille, aux Philippines, où elle se trouvait dans le cadre du forum régional de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est.

La ministre Freeland n'a pas fourni d'échéancier en vue d'une possible prise de décision, mais elle a assuré avoir donné aux fonctionnaires de son ministère la consigne de faire enquête avec un "sentiment d'urgence" afin d'éclaircir cette situation.

Et s'il s'avère que le régime saoudien a eu recours à des véhicules de fabrication canadienne pour réprimer la minorité chiite dans l'est du pays, le gouvernement du Canada "réagira de manière appropriée", a-t-elle promis.

La ministre a fait état des inquiétudes canadiennes auprès du royaume d'Arabie saoudite vendredi dernier, avant de prendre le chemin des Philippines. Une fois à Manille, elle en a discuté avec la haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, Federica Mogherini.

Le quotidien The Globe and Mail a rapporté il y a un peu plus d'une semaine que, selon des experts militaires, Riyad s'en est pris à sa propre population à l'aide de blindés qui viennent de l'entreprise Terradyne Armored Vehicles de Newmarket, en Ontario, au nord de Toronto.

L'an dernier, la décision du gouvernement d'honorer un contrat entre le royaume et l'entreprise General Dynamics avait soulevé un tollé; la résiliation de l'entente conclue sous Stephen Harper était réclamée en raison des violations des droits de la personne reprochées au régime saoudien.

Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Stéphane Dion, s'était dit incapable d'empêcher les exportations d'équipement canadien sans détenir de preuve irréfutable qu'il serait employé à mauvais escient.

S'opposant à la transaction, le professeur de droit Daniel Turp s'était tourné vers la Cour fédérale pour arguer qu'elle violait le droit international en raison du risque que les blindés de General Dynamics soient utilisés dans le conflit au Yémen, où le régime saoudien est impliqué.

Le tribunal avait rejeté la demande de contrôle judiciaire de l'ex-politicien et de ses étudiants en droit de l'Université de Montréal, concluant que le gouvernement avait tenu compte des "facteurs pertinents" en délivrant les licences d'exportation et en honorant le contrat.

Mais à la lumière de ces nouvelles informations, le professeur Turp a écrit à la ministre Freeland pour lui signaler qu'il avait l'intention de revenir à la charge et d'interjeter appel de la décision de la Cour fédérale, selon le quotidien torontois.

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