Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Osheaga Jour 1 | Lorde, Justice, Rag’n’Bone Man, London Grammar et autres

Première constatation? Les dédales de grilles métalliques qui serpentent entre la station de métro et le site officiel donnent un air peu joyeux à Osheaga.

Le chanteur canadien Andy Shauf n'avait pas eu le temps de terminer sa troisième chanson sur la scène des Arbres, vers 14 h 45, qu'il devait tristement annoncer l'arrêt de sa prestation : «There is lightning. We can't play. Sorry. I'm so sorry.» Rageur, le ciel de Montréal allait cracher foudre, tonnerre et pluies torrentielles sur la tête des mélomanes d'Osheaga pour la prochaine heure. Toute la journée, en fait, les humeurs ambivalentes de Dame Nature ont sévi sur les organisateurs d'Osheaga, qui ont dû relever tout un défi de logistique dans le nouveau lieu de l'île Notre-Dame (...Nature !?!). Voilà comment a commencé notre aventure festivalière, vendredi, qui s'est clôturée avec la prestation convaincante de la chanteuse Lorde.

Première constatation ? Les dédales de grilles métalliques qui serpentent entre la station de métro et le site officiel -temporairement utilisé (deux ans) dans l'île Notre-Dame en raison des travaux d'aménagement sur celui habituel du parc Jean-Drapeau - donnent un air peu joyeux à Osheaga. Mais bon, après avoir passé le long pont des Îles, l'ambiance s'améliore grandement... Seconde constatation : tout le monde doit s'y faire avec la nouvelle disposition des scènes, des endroits de services et autres zones propices au divertissement ou à la détente. Troisième constat : ce tapis-gazon-vert flash synthétique semblait de prime abord comme un indésirable intrus au milieu de cet «environnement naturel», mais finalement, tout le monde ou presque a apprécié. Il était plus invitant que l'asphalte (ou le gravier) et franchement plus accueillant que la gadoue.

Autre note : Solange, la petite sœur de Beyoncé, ainsi que De La Soul et NoName ont annulé au cours de la journée leur présence au festival en raison « de problèmes de transport imprévus ».

Tant bien que mal, les responsables de la programmation ont essayé d'annoncer les changements entre 14h30 et 17h, disons, mais ce ne fut pas évident pour tous... Il fallait consulter l'application sur son téléphone mobile et s'adapter. C'est de cette manière que nous avons pu assister au bon concert de BadBadNotGood, sur la scène Verte, qui n'avait pu jouer en raison de la foudre à 14h45. Puisque De La Soul avait abandonné le navire, la plage horaire a été utilisée pour présenter le groupe de rock-jazz de manière un peu décalée. Un mal pour un bien, donc.

Osheaga 2017 - Jour 1

Lorde

La jeune Néo-Zélandaise Lorde était la tête d'affiche de ce premier jour d'Osheaga. Habillée d'une robe blanche stylisée aux amples manches, la chanteuse est arrivée sur la scène de la Rivière avec un parapluie à la main (elle ne l'aura pas utilisé longtemps !). Un clin d'oeil qui a fait sourire plusieurs spectateurs. Elle ressemblait à un ange ou à «une sorcière blanche», selon ses dires.

Mentionnons qu'elle avait dû annuler son spectacle prévu la veille au festival Lollapalooza, à Chicago, en raison des caprices de la météo. À Montréal, il n'y avait peut-être pas de tonnerre pour célébrer l'artiste de 20 ans, mais la pluie, elle, ne s'est pas gênée...

Fort énergique sur scène, Lorde a pratiquement autant bougé que la poignée de danseurs qui l'accompagnaient sur les planches. Elle paraissait définitivement plus en contrôle de ses moyens que lors de sa précédente prestation à Osheaga, il y a trois ans. À cette époque, on commençait à connaître cette chanteuse qui est devenue une vedette instantanée grâce à son album Pure Heroine et la pièce Royals.

Ce sont surtout des morceaux de son tout récent disque Melodrama (dont Liability, qu'elle a livrée assise au bout de la scène) qui ont été offerts à l'audience vendredi soir. Cela dit, elle a partagé quelques anciennes chansons, comme Tennis Court. Surprise : Lorde a interprété pour la toute première fois, accompagné de son guitariste – une populaire pièce de la Montréalaise Martha Wainwright, Bloody Mother Fucking Asshole.

Un concert assez réussi dans lequel Lorde a offert avec aisance ses compositions à saveur de pop-électro. Il faut juste aimer les chorégraphies...

Justice

Avant Lorde, le duo français - composé de Xavier de Rosnay et Gaspard Augé – s'est avéré bien efficace. À voir les milliers de personnes danser comme des fous devant la scène de la Montagne, on peut en fait dire que la house-techno-électro-R&B de Justice en a énergisé plusieurs pour le reste de la soirée. Après cet énorme monticule de haut-parleurs sur lequel les gars régnaient en maîtres, il y a quelques années à Osheaga, ils nous ont proposé une mise en scène beaucoup plus sobre cette fois-ci. Deux gars devant leurs machines (souvent l'un en face de l'autre) qui envoient des torrents de sonorités électroniques, sans flafla. Quoique les éclairages étaient d'une impressionnante efficacité.

MGMT

Les New-Yorkais de MGMT ont eu le même problème cette année que lors de leur dernière visite au festival : Outre leurs énormes succès (efficaces)Time to Pretend, Electric Feel et Kids, leur spectacle n'est pas des plus captivants. Hé.

Le groove édifiant de Rag'n'Bone Man

À peu près en même temps que les gars de MGMT, le chanteur Rag'n'Bone Man était sur la scène Verte. De ce fait, nous sommes arrivés à mi-concert. Il régnait sur le parterre une véritable ambiance de communion. Accompagné de quelques musiciens et d'une choriste à la voix d'or, le colosse britannique a définitivement charmé les quelques milliers de spectateurs rassemblés devant lui. Dressé au milieu de la scène comme un monument, il a envoyé chaque pièce (dont Grace, Skin, As You Are, Disfigured et Human) comme si c'était la dernière fois qu'il chantait. On dirait qu'une voix de ténor sort du corps d'un colosse bluesman.

Contraste édifiant entre son apparence de tueur à gages branché (il portait une veste sport rouge et noire, exactement dans les mêmes couleurs que ses baskets) et ses compositions de blues-soul-rock relativement groovy. Il y a même eu quelques luminosités gospel dans son interprétation.

Car Seat Headrest

Le soleil était sorti temporairement pour ce groupe rock indépendant (plusieurs parlent aussi du sous-genre lo-fi) dirigé par le jeune chanteur-guitariste américain Will Toledo. Celui-ci compose de la musique énergique et accrocheuse, malgré certains passages plus dramatiques. En fait, il est étonnant d'entendre cette voix si grave sortir de ce corps à l'apparence si juvénile. Les chansons de Teens of Denial (2016) sont de très bonne qualité. Nous avons apprécié les nombreux hooks et les ambiances west coast rock. Car Seat Headrest est une belle surprise. À suivre.

Ambiance londonienne

London Grammar, sur la scène de la Montagne, fut alors notre première expérience à la suite du premier orage de la journée. Franchement, il y a pire. La belle chanteuse Hannah Reid a commencé le spectacle avec un ton assez grave. Lentement, les instruments (claviers, ordinateurs, guitares électriques) se sont imposés.

Ce mystérieux groupe britannique d'électro-pop indie, formé en 2012, fait de la musique de grande qualité. Harmonies vocales efficaces et instrumentations très soignées. Sa présence scénique est assez statique, mais convaincante. La formation n'était pas à notre programme, mais ce fut une autre belle expérience (déjà vu il y a quelques années). «Nous allons essayer de faire le meilleur des meilleurs courts spectacles que nous avons jamais livrés», a dit la chanteuse au terme du premier morceau.

Par la suite, on a entendu la très prenante Rooting For You. À la fin de la pièce, une averse a inondé le site. Sur la chanson Strong, les énormes gouttes de pluie sont en effet tombées de façon diagonale sur les spectateurs. Il y avait quelque chose de très dramatique dans l'air... Juste après, l'énergique Metal & Dust a clos ce très bref concert raccourci en raison des intempéries de l'après-midi. Sur les dernières instrumentations sont sortis des rayons de soleil.

La foudre et le magicien

The Magician, cette magnifique chanson issue du troisième et plus récent album The Party, fut la première offrande proposée par le très talentueux auteur-compositeur-interprète anglophone (originaire de la région de Regina, il habite maintenant Toronto), à compter de 14h30. Accompagné de cinq musiciens (batterie, clavier, clarinettes, basse électrique et guitare acoustique), Shauf n'aura joué que trois pièces (Jenny Come Home et Twist Your Ankle) et devant quelques centaines de personnes parsemées sur ce fameux tapis de gazon synthétique.

Quand les nuages ont déversé leur mer d'eau douce, les gens ont commencé à chercher leurs imperméables aux couleurs variées rappelant celle des Smarties. Autre projet : trouver un des rares abris temporaires sur le site. Plusieurs autres, pris au dépourvu, se sont simplement abandonnés aux éléments de la nature.

Pendant exactement 80 minutes, aucun son n'est donc sorti des amplificateurs disposés sur les six scènes du festival. Normal. L'eau, les instruments, les fils électriques, et les éclairs ne font pas bon ménage sur une scène de spectacle...

Comme tout le monde, nous avons dû abandonner l'idée d'assister à la prestation d'Angel Olsen et de BadBadNotGood. Not good, en effet. Mais bon, la nature est plus forte que tout. Ou presque. BadBadNotGood n'avait pas dit son dernier mot...

Styles de soirée: jour 1 d'Osheaga 2017

@@@

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.