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Excision du clitoris: une fausse citation de Justin Trudeau crée la controverse

Le site français «L’Important» a relayé la fausse citation sur Twitter.
Brian Snyder / Reuters

Une citation attribuée à tort au premier ministre Justin Trudeau, selon laquelle l'excision du clitoris n'est pas une « pratique culturelle barbare », a suscité la polémique en France et sur les réseaux sociaux.

Un texte de Valérie Boisclair

Les critiques fusent contre le premier ministre canadien après que le site français L'Important, un agrégateur de contenus, eut relayé la fausse citation sur son compte Twitter.

Partagée plus de 300 fois, la publication a vite fait réagir plusieurs personnalités politiques françaises. Le vice-président du Front national, Florian Philippot, a vivement dénoncé ces propos. « Voilà où mènent les accommodements (dé)raisonnables et le politiquement correct », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

« Notre devoir est d'appeler les choses par leur nom : l'excision est "une pratique barbare" que rien ne peut justifier », a fait valoir de son côté la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse.

L'ancien ministre des Transports, Thierry Mariani, et les députés Lionnel Luca et Valérie Boyer ont aussi contribué au concert de critiques sur leur compte Twitter.

La fausse nouvelle, qui s'est propagée au-delà des médias français, a même berné le syndicaliste québécois Ken Pereira, qui y est allé d'une série de tweets où il rappelle au premier ministre que « la mutilation féminin[e] est un geste barbare ».

Quiproquo

En réalité, la citation tire son origine d'un billet d'opinion signé par Richard Martineau dans Le Journal de Québec, le 27 juillet. Dans son texte, le chroniqueur reproche au premier ministre d'être trop « politiquement correct » dans sa refonte du Guide de citoyenneté canadienne.

La dernière version, écrite sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, qualifie les crimes d'honneur et l'excision du clitoris de « pratiques culturelles barbares ».

Dans la prochaine mouture, obtenue récemment par La Presse canadienne, ce passage sera retiré.

« Au pays des licornes, il faut respecter la culture des autres, ce n'est pas poli de dire à certaines communautés que [... ] couper le clitoris des fillettes [...] est "barbare" », ironise le chroniqueur.

Le site L'Important a toutefois repris le texte de Richard Martineau en mettant en avant le titre du billet – « L'excision du clitoris n'est pas barbare » – comme s'il s'agissait des mots du premier ministre.

Une ancienne controverse

En 2011, alors qu'il était député libéral, Justin Trudeau s'était retrouvé au cœur d'une polémique pour avoir émis la même critique à l'endroit du guide réécrit par les conservateurs. Il suggérait alors que le terme « barbares » soit remplacé par « totalement inacceptables ».

Sa déclaration avait provoqué l'indignation, notamment chez le ministre de l'Immigration de l'époque, Jason Kenney, qui avait aussi déploré sa « rectitude politique ».

Justin Trudeau s'était excusé par la suite, venant nuancer sa position.

« Je crois que les actes décrits sont haineux, que ce sont des actes barbares qui sont complètement inacceptables dans notre société. Je retire mes commentaires et je m'excuse s'ils ont été interprétés comme minimisant la nature cruelle et sérieuse des meurtres d'honneur ou tout autre acte violent », avait-il déclaré.

Le premier ministre n'a toutefois pas réagi cette fois-ci.

Des médias français comme Le Monde, Les Inrocks et Marianne ont clarifié l'origine du quiproquo, ce qui a mené plusieurs politiciens français à se rétracter et à présenter leurs excuses sur les réseaux sociaux.

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