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«L’OSM et les grandes chansons comiques»: sérieux, mais drôle

Dans une mise en scène du cru de Réal Béland, le concert de mélodies drôles fut tout ce qu’il y a de plus sérieux!
Courtoisie Juste pour rire

L'idée était brillante: demander à l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) de revisiter, avec les interprètes originaux, quelques-unes des chansons comiques ayant marqué la mémoire québécoise.

Considérant le nombre d'airs des Cyniques, d'Yvon Deschamps, de Clémence Desrochers, de Rock et Belles Oreilles, de François Pérusse, des Denis Drolet, et combien d'autres, qui ont marqué au fer rouge notre culture populaire, la proposition cadrait parfaitement dans la programmation du 35 anniversaire du Festival Juste pour rire.

Ça se passait mercredi, sur la Scène Vidéotron, devant une Place des Festivals bien remplie, malgré l'abondante averse tombée une heure plus tôt.

Dans une mise en scène du cru de Réal Béland, le concert de mélodies drôles fut tout ce qu'il y a de plus sérieux. Pas de sketchs ou de monologues ici, que la musique des 65 instrumentistes de l'OSM, sous la direction de maestro Stéphane Laforest, et les paroles loufoques des Denis Drolet, des Chick'n Swell, de Clémence Desrochers (de la voix de Claudine Mercier), Patrick Groulx, Yvon Deschamps, Réal Béland, François Pérusse, Dominique Michel et Rock et Belles Oreilles. Même Ingrid St-Pierre et Damien Robitaille étaient de la partie avec les morceaux les plus légers de leur répertoire.

Le résultat a été un peu inégal, parce qu'on est passés à côté de plusieurs valeurs sûres au profit de titres plus ou moins connus (et plus ou moins rigolos). On aurait pu ratisser encore plus large – qu'on pense Trois Accords, Crampe en masse, Bleu Poudre, Paul et Paul, les Appendices, la liste est interminable –, mais d'autres belles surprises ont compensé ces absences. On a même eu droit à un échantillon de la célèbre ritournelle des publicités de Barbies Resto Bar Grill. Fallait y penser!

Chaque fois qu'un artiste venait faire son tour au micro, une photo de lui (ou elle), enfant, apparaissait sur l'écran derrière l'orchestre, en guise d'introduction (le spectacle n'avait pas d'animateur). Le reste du temps, des projections abstraites dans les teintes d'orange et de noir ont servi de toile de fond.

Pérusse acclamé

Après un prélude classique de l'OSM, les Denis Drolet, Sébastien Dubé et Vincent Léonard, ont été les premiers à se mouler aux rythmes majestueux de leurs accompagnateurs, avec leur immortel hymne Fantastique. Voilà qui démarrait la soirée sur une note joyeuse.

Les Chick'n Swell, Daniel Grenier, Francis Cloutier et Ghyslain Dufresne, ont procédé à une formation en canon sur Pet pis répète, avant de poursuivre avec Femme âgée asiatique.

Claudine Mercier a eu l'honneur de s'approprier deux morceaux mythiques de Clémence, Je vis ma ménopause et Je ferai un jardin, pour laquelle elle a emprunté, entre autres, les voix de Céline Dion, Diane Dufresne, Cœur de pirate et Lynda Lemay. Les imitations n'étaient pas toujours très claires, par contre. Souvent penchée pendant ses pastiches, Claudine Mercier a eu un peu de mal à se faire comprendre adéquatement.

Patrick Groulx nous a raconté la «triste» histoire de Peter, un petit espagnol tombé amoureux d'un requin, puis a dévoilé un nouveau texte, Le gazon, «ode» pas du tout subtile à la pilosité des femmes, qui a semble-t-il laissé pantoises les troupes de l'OSM à la première écoute (on ne s'en étonne pas). Il a ensuite fait la joie des nostalgiques du Groulx Luxe avec Dans les bois, sur laquelle il a été rejoint par les Denis Drolet. Leur envolée au refrain était épique! Le duo brun est resté en place, après, pour Rong Long Song. On espérait se délecter d'Yves Corbeil, mais en vain.

On questionne un peu la présence d'Ingrid St-Pierre, venue offrir Pâtes au basilique. La blonde chanteuse, pas spécialement reconnue pour son humour, détonait un peu du lot, même si on ne peut rien redire sur sa prestation. Même chose pour Damien Robitaille, qui a toutefois amusé la foule avec entrain sur Mot de passe.

Olivier Martineau avait la prestance et la voix nécessaires pour relire Les fesses, d'Yvon Deschamps, et a ainsi donné lieu à un excellent moment. Juchée sur une haute plateforme en rebord de la foule, en tandem avec Patrick Mallette de l'Opéra de Montréal, Natalie Choquette a propulsé son timbre de diva sur Méo Penché, puis sur l'indicatif de Barbies. Idée parfaite.

Plusieurs paraissaient heureux d'entendre La graine de muffin de Réal Béland, mais c'est véritablement François Pérusse qui a été le roi de l'événement, acclamé par des cris et des sifflements à son entrée. De nombreux spectateurs ont entonné avec lui Snack Bar chez Raymond, puis Guy a un bicycle jaune. Une bicyclette jaune a lentement survolé la scène à cet instant précis.

Son bedon de femme enceinte tout à fait sexy dans sa robe noire, Véronique Claveau a judicieusement réinventé Maudit hiver, pièce légendaire de Dominique Michel, pendant qu'un canon soufflait de la fausse neige au parterre, à l'arrière.

Enfin, comme il se devait, les quatre piliers de RBO ont dégainé un pot-pourri de leurs succès : Le feu sauvage de l'amour, I Want to Pogne (bravo à Guy A. pour la solennelle conclusion), Arrête de boire, Pourquoi se droguer et Bonjour la police. Un numéro qui allait de soi, mais qui, soyons francs, n'avait rien de bien éblouissant, les «retours» du groupe étant maintenant fréquents.

L'OSM est désormais une alliée de Juste pour rire. L'ensemble s'était notamment produit à l'extérieur avec les Trois Accords en 2015 et, cette année, en plus de cette incursion dans les chansons comiques, il se mariera le temps de trois représentations à André Sauvé pour un stand up musical, ce week-end.

Le concept de l'OSM et les grandes chansons comiques pourraient aisément être repris l'an prochain, avec un matériel différent. À quoi pourraient ressembler Berceuse pour les pas fins, de Crampe en masse, ou C'est Noël, de Paul et Paul, au son des violoncelles, contrebasses, flûtes traversières et hautbois ?

Le 35 Festival Juste pour rire se poursuit jusqu'au 30 juillet.

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