« Ça m'est arrivé quand j'avais 23 ans. Je vais en avoir 30. Je vais très bien. J'ai une très belle carrière. J'ai réussi à m'en sortir. » Comme plusieurs autres jeunes professionnels, Valérie Charest a souffert d'épuisement professionnel dans sa jeune vingtaine. Sept ans plus tard, elle a décidé de raconter son expérience afin de démythifier cette réalité encore taboue. « On m'a souvent dit que l'action que j'avais prise d'en parler pouvait être un suicide professionnel », confie-t-elle.
Si Valérie Charest mène aujourd'hui une belle carrière au sein de l'organisme Bénévolat d'entraide aux communicateurs, il n'en a pas toujours été ainsi. La jeune femme a touché le fond du baril il y a quelques années, au moment où elle étudiait et travaillait à temps plein.
« Je pensais que j'étais invincible. J'étais à l'université à temps plein, je travaillais aussi à temps plein, parce qu'on m'avait offert une [possibilité] de carrière », se souvient Valérie Charest.
À l'époque, la jeune femme de 23 ans croyait qu'elle était en mesure de prendre les bouchées doubles, mais la réalité l'a vite rattrapée. Les symptômes psychologiques et physiques de l'épuisement professionnel ont petit à petit fait leur apparition.
Ce que je trouve important de mentionner, c'est que moi, j'ai eu des symptômes avant-coureurs. Et parce que j'étais invincible, parce que j'étais dans un déni excessivement profond, je ne les ai pas écoutés.Valérie Charest
Un mal « qui n'a pas d'âge »
L'exemple de Valérie Charest illustre à quel point l'épuisement professionnel « n'est pas une question d'âge », selon la journaliste Pasquale Harrison-Julien, qui s'est penchée sur le sujet avec l'équipe de RAD, le laboratoire de journalisme de Radio-Canada.
Le son de cloche est le même du côté de Jacques Forest, psychologue, conseiller en ressources humaines et professeur en comportement organisationnel à l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal.
Selon lui, il faut combattre la stigmatisation dont sont victimes les jeunes qui souffrent d'épuisement professionnel. « Il faut briser ce tabou-là. On doit en parler pour éviter que des épisodes ne se produisent. On devrait prendre les gens avant qu'ils ne tombent », plaide-t-il.
Le problème, c'est de croire, à tort, qu'on peut pousser la machine tout le temps sans prendre de période de répit ou encore sans régénérer ses forces.Jacques Forest
Près de 1 Québécois sur 5 de 35 ans et moins dit ressentir de la détresse psychologique liée au travail, selon l'Institut de la statistique du Québec.
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