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FrancoFolies: Claude Dubois accueilli en héros

FrancoFolies: Claude Dubois accueilli en héros
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Claude Dubois - en jeans - et ses plus grands succès, livrés le plus traditionnellement du monde par quatre musiciens sur les planches du Théâtre Maisonneuve : il n’en faut pas plus pour ravir - que disons-nous, transporter de bonheur - les festivaliers les plus endurcis des FrancoFolies de Montréal, où le légendaire artiste donne l’impression d’avoir ses habitudes, même s’il n’y passe pas si souvent.

À preuve, il y a cinq ans pratiquement jour pour jour, le vendredi 15 juin 2012, dans le même contexte, Dubois s’offrait le luxe de la Salle Wilfrid-Pelletier et d’un orchestre de huit instrumentistes.

Mais, le vendredi 16 juin 2017, c’est Dubois en liberté, un concert d’une désarmante simplicité, mais ô combien efficace, qui a fait s’acclamer des rangées de sièges remplies à pleine capacité.

À n’en pas douter, il y avait de la joie, de la fébrilité et de la reconnaissance dans l’air pendant ce spectacle, au cours duquel l’assistance a participé comme c’est rarement le cas dans pareil événement.

La complicité de Dubois avec ses admirateurs se ressentait à chaque pouce carré dans l’antre de la Place des Arts : celui-ci n’avait pas besoin de choriste sur scène avec lui, le Théâtre Maisonneuve en entier l’accompagnait sur chacun de ses morceaux le moindrement mythique.

Et, de ceux-là, Dubois en traîne quelques-uns dans ses cartons. Peu ou pas de matériel récent ici, que les valeurs sûres qui valent aujourd’hui à l’auteur-compositeur le statut de monstre sacré. C’était ce que sa cour souhaitait entendre, de toute façon.

Les ovations debout se sont multipliées, les sifflements et les cris d’approbation aussi. Dubois est aimé ; s’il craignait le contraire, il en a eu l’indéniable assurance vendredi.

«Comment veux-tu qu’un gars pense à prendre une retraite quand ça trippe comme ça?», a lancé le chanteur, cool comme dans ses jeunes années, après une très appréciée Laisser l’été avoir 15 ans, qui suivait un généreux et prometteur début de programme composé d’Artistes, Le blues du businessman et J’ai souvenir encore. Avouons qu’il y avait de quoi enthousiasmer quiconque affectionne un peu l’œuvre de notre homme…

«Merci d’être là, merci beaucoup», a humblement ajouté Dubois, l’air ému, une seconde plus tard.

Comme si (l’ancien) «mauvais garçon» de notre show business s’étonnait que le public soit encore là pour lui, qu’on réponde toujours présent à ses invitations à chanter son répertoire en chœur avec lui.

Est-ce la maladie, le cancer de la moelle osseuse qu’on lui a diagnostiqué au début 2016 – et qu’il a raconté venir de plus en plus à bout dans des entrevues récentes -, qui a affûté un brin sa sensibilité? Physiquement, le gaillard de 70 ans, qui a la dégaine d’un éternel adolescent, ne semble pas affaibli le moins du monde. Au contraire, il paraît s’amuser à fond de train, droit comme un chêne, flanqué de ce petit air rebelle qu’on lui trouvera toujours.

Innombrables instants touchants

Que de moments magiques on a vécu, vendredi! Accueilli en héros, Claude Dubois a reçu une décharge d’un amour qu’on devine sincère et dont il semblait savourer chaque parcelle.

«Vous êtes un cadeau fabuleux, merci mes amours», a-t-il remercié entre deux pistes. «Mes amours» : le mot doux est revenu souvent dans sa bouche.

Au Blues du businessman, c’est le parterre qui a presque chuchoté la phrase-locomotive «Dans la vie, on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut», avant que les applaudissements sentis ne couvrent le J’aurais voulu être un artiste et son envolée du refrain.

À la spectatrice qui lui a crié «Je t’aime» sur Pas question d’aventure, Dubois a justement riposté «Pas question d’aventure», déclenchant les rires. Question de timing, a blagué l’hôte de la soirée, nullement décontenancé.

L’électrique et survoltée Mangeur d’étoile a été agrémentée des tapements de mains parfaitement rythmés de tout un chacun prenait part au rendez-vous. Comme s’il avait été rodé à l’avance, le numéro, enlevant, avait des allures d’horloge suisse tant il était précis.

Les odes aux femmes de Dubois sont toujours au diapason. On a fondu au joli solo de piano de Femme ou fille, laquelle avait été précédée de Infidèle, Devenir femme et Femme de société, puis couronnée de Femme de rêve, sur laquelle toute la foule a chanté dans une immense vague, devant un rictus béat de Claude Dubois. Ovation debout.

Et rebelote sur Si Dieu existe, dont le premier «Personne» a été salué d’un murmure d’attendrissement général, dans un éclairage de plus en plus tamisé. Et véritable crescendo de voix, de plus en plus insistant, supportant Plein de tendresse.

Dubois a très peu jasé, si ce n’est que pour évoquer des souvenirs du Montréal de son enfance avant une J’ai souvenir encore reçue avec éclat, ou échapper quelques courtes phrases explicatives à deux ou trois endroits. Avant que le rideau ne tombe, il y est allé d’un appel à l’indépendance qui ne laissait planer aucun doute sur ses convictions politiques. Tout n’est pas perdu, a-t-il martelé avec aplomb.

«Ils vous l’ont tout le temps dit, sacrament, que c’était perdu!», a-t-il déploré, appelant à la détermination.

Saupoudrés ici et là dans son enchaînement, les pièces à connotation plus émotive, les Blues du Businessman, Si Dieu existe et autres Plein de tendresse ont fait place à un dernier segment plus énergique, alignant Tu peux pas, Comme un million de gens, Chasse-galerie et Besoin pour vivre. Et c’est dans un «noooon» presque enfantin que les spectateurs ont supplié leur Dubois en liberté d’étirer encore son récital, après deux heures de prestation sans pause.

«Vous n’avez pas idée combien je suis touché de ce que vous venez de me faire vivre», a confié ce dernier, visiblement secoué et comblé.

Les 29 FrancoFolies de Montréal se poursuivent jusqu’à dimanche.

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