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Il pense avoir trouvé l'origine de ce signal extraterrestre inexpliqué depuis 40 ans

Cet enregistrement radio venu de l'espace était tellement improbable qu'on l'a appelé le "signal WOW!".

Il y a près de 40 ans, Jerry Ehman fit une découverte stupéfiante qu'il ne réussit jamais à expliquer. En 1977, cet astronome regardait les enregistrements de l'observateur radio Big Ear, aux Etats-Unis, quand il vit quelque chose d'incroyable venu de l'espace. Un signal tellement improbable qu'il l'entoura en rouge avec son stylo et écrivit un simple "Wow!" dans la marge, à côté des données qui défilaient, imprimées sur du papier (l'ordinateur n'avait pas d'écran à l'époque).

Ce signal, qui dura 72 secondes, surprit ses collègues, car rien de naturel ne pouvait l'expliquer. Et quand toutes les causes naturelles d'un phénomène ont été éliminées, on pense évidemment à une cause artificielle, donc à une intelligence extraterrestre.

C'était justement le but de ce projet: écouter l'espace afin de trouver un signal provenant d'une autre espèce. En quatre décennies, le "signal Wow!" n'a jamais été élucidé, alors que de nombreuses causes possibles ont été écartées.

L'année dernière, le professeur d'astronomie Antonio Paris affirmait avoir une théorie permettant d'expliquer ce fameux signal. Celui-ci serait dû au passage dans la zone écoutée en 1977 de deux comètes. Et ce dimanche 4 juin, il a enfin publié les résultats de ses observations. Mais celles-ci ont été accueillies avec un froid scepticisme par de nombreux astrophysiciens.

Des comètes inconnues à l'époque

Selon Antonio Paris, le signal WOW! serait dû au passage dans la zone écoutée en 1977 de deux comètes. En effet, le signal en question a été observé sur une longueur d'onde particulière (1420 Mhz), celle de l'hydrogène, l'élément le plus abondant de l'univers.

Les scientifiques observaient cette fréquence en estimant que si une civilisation extraterrestre voudrait nous contacter, elle utiliserait cette longueur d'onde, qui est notamment utilisée par les astrophysiciens pour écouter les lointaines étoiles de l'univers.

Et le fameux "signal Wow!" représente justement un pic d'hydrogène trente fois supérieur à la moyenne des observations de ce secteur, rappelle National Geographic.

Sur la bande de papier observée par Jerry Ehman, les lettres entourées représentent l'intensité du signal, notée de 1 à Z. A la place des 1 et 2 couramment observées dans l'espace, la lettre U représente un "bruit" 30 fois supérieur.
Big Ear Radio Observatory
Sur la bande de papier observée par Jerry Ehman, les lettres entourées représentent l'intensité du signal, notée de 1 à Z. A la place des 1 et 2 couramment observées dans l'espace, la lettre U représente un "bruit" 30 fois supérieur.

Quel rapport avec les deux comètes, 266P et 335P? Comme tous les corps célestes de ce type, elles sont entourées de gigantesques nuages d'hydrogène, hydrogène qui était justement scruté par le télescope Big Ear. De plus, ces deux comètes n'ayant été découvertes qu'en 2006 et 2008, il serait logique qu'elles n'aient pas été prises en compte comme une source possible du "signal Wow!".

A l'époque, la théorie avait été accueillie froidement par la communauté scientifique. Mais Antonio Paris voulait tester son idée. Il avait ainsi récolté 20.000 dollars auprès d'internautes pour acheter un télescope et réaliser ses observations lors du passage des comètes, en début d'année.

Des résultats très critiqués

Résultat des courses, après plusieurs mois à scruter les données récoltées: la comète 266P aurait bien émis les mêmes types d'ondes que le fameux signal Wow!", selon l'étude. Le professeur d'astronomie a également analysé d'autres comètes et affirme avoir trouvé le même type de signal, provenant des fameux nuages d'hydrogène.

Antonio Paris prétend donc dans son étude avoir résolu le mystère de l'origine de ce signal. Sauf que ses travaux n'ont toujours pas convaincu les scientifiques, loin de là. Le HuffPost a demandé à Nicolas Biver, chercheur au CNRS et à l'observatoire de Paris, d'analyser ces résultats. "Je pense qu'on perd un peu notre temps sur un travail qui manque franchement de rigueur scientifique" explique ce spécialiste des comètes, qui n'était déjà pas convaincu par la théorie l'année dernière.

Manque d'informations sur les éléments enregistrés, données imprécises... Le chercheur ne pense pas que le "prétendu signal observé" soit dû à une comète.

"Avec les hypothèses les plus optimistes, son activité devrait être 10 millions à un milliard de fois plus importante que les comètes les plus brillantes vues ces dernières décennies. Et donc être quasiment aussi brillantes que le Soleil!"

Et Nicolas Biver n'est pas le seul à ne pas prendre pour argent comptant les travaux d'Antonio Paris. Sur Twitter, plusieurs scientifiques ont mis en doute le sérieux de l'étude. Matt Taylor, qui a travaillé sur la mission Rosetta, explique que si cette comète a vraiment émis un tel signal, alors les comètes plus brillantes que nous connaissons auraient totalement contaminé toutes les observations du ciel.

Le journal of the Washington Academy of Sciences, qui a publié l'article, a également été remis en question par les chercheurs. "Ce n'est pas une revue dans laquelle on publie habituellement ce genre de travaux", affirme Nicolas Biver, avant de souligner que l'article a été accepté un 1er avril.

Interpellé par l'astrophysicien Chris Lintott, qui a critiqué et remis en cause de nombreux éléments de l'étude, Antonio Paris a subtilement dévié les tirs de barrage en demandant aux sceptiques de lui "envoyer des questions avec des données/preuves".

Sans pour l'instant répondre aux questions. Si ce n'est pour affirmer que le signal qu'il aurait enregistré est dans tous les cas bien plus faible que le fameux "signal Wow!", qui reste pour le moment un vrai un mystère.

Voir aussi:

L'homme de Mars

Les formes de l'espace

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