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Gala Québec Cinéma: le producteur des «3 p'tits cochons» questionne l'organisation

Gala Québec Cinéma: le producteur des «3 p'tits cochons» questionne l'organisation

On ne vous apprendra rien: ce ne sont généralement pas les films québécois les plus populaires aux guichets qui se retrouvent plébiscités au Gala Québec Cinéma (anciennement Gala des Jutra).

Ce sera à nouveau le cas ce soir, alors que trois des films en nomination pour le prix du public à la célébration du septième art d’ici (Les 3 p’tits cochons 2, 1 : 54 et Votez Bougon) n’obtiennent qu’une seule ou aucune autre mention au tableau des finalistes.

Juste la fin du monde et Les mauvaises herbes, aussi en lice dans cette catégorie, jouissent d’un traitement un peu plus équitable, récoltant respectivement 12 et 9 citations ailleurs, dans des créneaux techniques ou d’interprétation.

La célébration du septième art d’ici, animée par Guylaine Tremblay et Édith Cochrane, sera présentée à Radio-Canada à compter de 20 h.

Christian Larouche, producteur des 3 p’tits cochons 2, qui vient d’aller cueillir la distinction du Guichet d’or saluant le film canadien de langue française ayant amassé le plus d’argent dans la dernière année (2,9 millions dans le cas de la comédie mettant en vedette Guillaume Lemay-Thivierge, Patrice Robitaille et Paul Doucet), n’a pas caché sa déception lorsque questionné à ce sujet.

«Je trouve ça un petit peu difficile, mais c’est le milieu qui vote, ce sont nos pairs, a indiqué Christian Larouche. C’est toujours ce qui arrive avec les films qu’on dit "populaires", "grand public". Devant une comédie, on dirait que les gens n’analysent pas les mêmes choses. Mais, à mon avis, une comédie, c’est beaucoup plus difficile à écrire qu’un drame. Il faut faire attention à ne pas tomber dans le cliché, éviter de jouer trop gros, il faut que ça soit intelligent…»

«On dirait que nos pairs ont de la difficulté à comprendre ça. Quand il y a un suicide ou un viol, on dirait que les gens sont plus sensibles. Pourtant, jouer la comédie tout en étant sérieux, ce n’est pas facile. Nos acteurs, dans Les 3 p’tits cochons, étaient excellents.»

«Mais on ne gagnera jamais, s’est résigné Christian Larouche. En ce qui me concerne, je fais du cinéma pour rejoindre le public. Que je fasse Gerry, Louis Cyr ou Les 3 p’tits cochons, c’est ce que je veux.»

Plusieurs réserves

Christian Larouche se dit «surpris» de constater que «ce sont toujours les mêmes films qui sortent» dans les concours dont l’issue est déterminée par un jury, comme au Gala Québec Cinéma. Comme plusieurs, il décrie le fait que certains choisissent leurs coups de cœur sans avoir regardé tous les films à évaluer.

«Ce n’est pas vrai qu’il n’y a que ces films-là qui ont du talent, avance-t-il. Dans Ça sent la coupe, Louis-José Houde a fait du très bon travail, et il n’est pas en nomination. Pourquoi? Parce qu’il a une étiquette d’humoriste? Un Patrice Robitaille, qu’il joue dans Les 3 p’tits cochons ou dans un drame, c’est le même acteur, mais il va être plus valorisé dans le drame que dans la comédie. Et, au niveau des artisans, ce sont sensiblement les mêmes équipes qui vont faire plusieurs films, comme Nelly et Les 3 p’tits cochons. Dans Les 3 p’tits cochons, ils ne sont pas bons, mais ils le sont dans Nelly…?»

L’homme d’affaires se montre perplexe devant quelques-unes des nouvelles orientations adoptées par Radio-Canada et Québec Cinéma, qui chapeaute le Gala Québec Cinéma. D’abord, la nouvelle date de l’événement, au début juin plutôt qu’en mars comme dans le passé, le fait tiquer, tout comme la nouvelle période d’admissibilité des films, qui risque de créer la confusion dans l’esprit du public (les films sélectionnables à la compétition doivent être parus en salle de janvier à mars de l’année suivante).

«En juin, je trouve que c’est tard, remarque-t-il. L’été est à nos portes, les gens ne seront pas là… Et la sortie des films qu’ils ont vus remonte parfois à un an complet.»

Christian Larouche exprime également des réserves sur la nouvelle manière de récompenser le long-métrage le plus populaire auprès de la population. Alors qu’avant, on remettait systématiquement le prix à l’œuvre ayant généré le plus important montant au box-office – Les 3 p’tits cochons 2 aurait donc gagné cette année —, désormais, le public doit voter parmi les cinq films ayant rapporté le plus dans les tiroirs-caisses.

«Peut-être qu’ils veulent voir, avec cette nouvelle formule, si un film d’auteur a davantage de chance de passer au prix du public, a hasardé Christian Larouche. Si c’est ce qu’ils veulent, ils ont bien essayé! Nous, on sait qu’on a été le film le plus vu au Canada, on a eu le Guichet d’or au Québec, mais encore une fois, ma plus grande satisfaction, c’est que le public soit allé le voir.»

En guise de solution potentielle, Larouche aimerait que le public soit appelé à se prononcer dans le processus de sélection des nommés au Gala Québec Cinéma. Que des cinéphiles de toutes les régions puissent donner leur avis.

«Au moins, il y aurait du public. C’est peut-être ce qu’on devrait faire, parce qu’en ce moment, ce sont toujours les mêmes qui votent. Et plusieurs n’ont même pas vu les films et vont voter», a martelé celui qui travaille présentement sur les productions Avant qu’on explose, d’Éric K.Boulianne, et Hana’s Suitcase, de Ken Scott, ainsi que sur le tournage de Junior Majeur, la suite de Pee Wee, laquelle prendra l’affiche à la fin novembre.

«Quand les gens vont sortir de la salle, ils vont voir du hockey comme ils n’en auront encore jamais vu sur écran», promet Christian Larouche en parlant de Junior Majeur, dont il se dit extrêmement satisfait jusqu’à maintenant.

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