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Lacunes dans le contrôle des opioïdes au Québec

Tant dans les hôpitaux que dans les pharmacies, ce qui peut favoriser les abus et les fraudes.
Radio-Canada

Alors que le nombre de prescriptions d'opioïdes a augmenté de 30 % au Québec depuis cinq ans, Radio-Canada a appris qu'il y a des lacunes dans la surveillance des ordonnances de ce type de médicaments tant dans les hôpitaux que dans les pharmacies, ce qui peut favoriser les abus et les fraudes.

Un texte de Jean-Philippe Robillard

Nous avons découvert que les médecins et les pharmaciens ne consultent pas systématiquement le Dossier Santé Québec (DSQ) même si ce système informatique donne accès à l'historique pharmacologique des patients et leur permettrait de mieux encadrer la consommation d'opioïdes. Ils pourraient ainsi détecter en quelques clics les patients qui abusent des opioïdes et ceux qui tentent de frauder le système avec des ordonnances multiples.

« Toutes ordonnances d’opioïdes, que ce soit une ordonnance ou un renouvellement, on devrait consulter le DSQ avant de les servir », croit la pharmacienne Felice Saulnier.

Selon nos informations, les médecins et les pharmaciens ne s’y réfèrent pas systématiquement parce que le système informatique est lourd à consulter.

« Je pense que si l'on pouvait améliorer le nombre de clics, de fenêtres qu’on a à ouvrir avant de se rendre à l’information, je pense que ça faciliterait la motivation à pouvoir prendre le temps de le consulter », affirme l’urgentologue et spécialiste en toxicomanie Sophie Gosselin.

Felice Saulnier estime, elle aussi, que le système mis en place par le gouvernement du Québec est loin d’être parfait. « Il y a certaines failles au niveau du DSQ. On aimerait que ça soit plus facile. Il faut aller consulter une base de données à l'extérieur. Donc à chaque fois il faut se promener entre deux bases de données. Il faut faire l’effort à chaque fois. Ce n'est pas l'idéal. »

Le gouvernement du Québec a dépensé jusqu'à présent près de 500 millions de dollars pour développer et déployer le DSQ.

Les failles du système accentuent la dépendance

Cette pratique des professionnels de la santé à l’égard des ordonnances d’opioïdes peut engendrer des abus et des fraudes et même alimenter le marché noir.

C'est le cas d'un ex-toxicomane adepte des opioïdes, qui désire conserver l’anonymat. Il raconte à quel point il peut être facile de berner les médecins pour obtenir ce type de médicaments. « J'allais voir trois médecins, j'avais trois prescriptions et là, j’allais faire les pharmacies », dit-il.

«C'est les médecins qui ont ça dans leurs mains. C'est eux autres qui prescrivent.» - Un ex-toxicomane

Il ajoute que lorsqu’il n’avait plus de comprimés, il en achetait à des personnes malades qui en avaient trop ou s'en procurait sur le marché noir. « J’en achetais de parents de certains de mes amis qui ont des maladies et qui avaient des Dilaudid (NDLR : des opioïdes) chez eux. Ces Dilaudid-là venaient de prescriptions qui ont été approuvées, mais qui ont été donnés à du monde qui n'en avaient pas besoin autant. »

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