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Canada 150: Ellen Gabriel ne veut célébrer que la résistance des Autochtones

Canada 150: Ellen Gabriel ne veut célébrer que la résistance des Autochtones
La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Invitée à réfléchir sur le 150e anniversaire de la Confédération, Ellen Gabriel, qui s'est fait connaître pendant la crise d'Oka, a dit qu'il n'y a qu'une seule chose à célébrer: la résistance des siens.

Mme Gabriel est parmi les dignitaires qui participent jeudi et vendredi à un symposium organisé par le sénateur Serge Joyal et tenu à l'intérieur même de la chambre haute. L'objectif de l'exercice est de réfléchir sur l'état du pays en ce 150e anniversaire.

"Il est difficile pour moi de dire que je célèbre Canada 150", a dit la militante dans les premières minutes de son discours. "Et je veux dire que ce que je célèbre, c'est la résistance des peuples autochtones", a-t-elle précisé.

Dans un discours parfois émotif, Mme Gabriel a rappelé tout ce que les peuples autochtones ont subi depuis l'arrivée des Européens en Amérique. Revenant sur l'épisode des pensionnats indiens et citant le nombre d'enfants morts, elle a tenu à dire qu'à ses yeux, il s'agit bien d'un "génocide" et non pas d'un "génocide culturel".

Elle a insisté sur les luttes qui piétinent, dont celle de Cindy Blackstock qui a pourtant fait reconnaître par les tribunaux l'inégalité dont sont victimes les enfants autochtones dans la livraison des programmes sociaux.

"Je vous dis ces choses pour que vous connaissiez votre histoire. Je ne veux pas que vous ayez pitié de moi. Je ne veux pas que vous vous sentiez coupables. Je veux que vous agissiez", a-t-elle dit à la petite assemblée réunie dans la chambre rouge.

"Il n'y a pas de relation nation à nation, en ce moment. Ce ne sont que des paroles", a-t-elle lâché.

Mme Gabriel a conclu son discours, très applaudi, en disant que ce sont les Autochtones qui auraient dû assimiler les Européens, plutôt que l'inverse. "Peut-être aurions-nous eu alors une coexistence plus pacifique", a-t-elle lancé.

Prévoyant probablement la délicatesse de l'exercice auquel il a convié leaders politiques et intellectuels, le sénateur Joyal, en présentant le discours de Mme Gabriel et en remerciant Phil Fontaine pour le sien, a déclaré que ce n'est pas suffisant de "souffler les bougies sur le gâteau".

"Il faut savoir où on veut aller, où nous étions et quel genre de pays nous pouvons construire tous ensemble", a-t-il dit.

Durant la crise d'Oka en 1990, Ellen Gabriel a été la porte-parole officielle de la Maison longue. Elle continue de militer pour les droits des Autochtones et est également connue pour son travail d'artiste. Une de ses toiles orne le mur d'une salle de comité sénatorial au parlement.

Réflexions sur la langue au Canada

Le symposium s'est également penché sur l'espace francophone et sa dimension politique, avec la participation de l'ancien juge de la Cour suprême du Canada Michel Bastarache et de la secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean.

En avant-midi, dans son discours, Mme Gabriel avait reproché à la dualité linguistique canadienne de menacer l'existence même des langues autochtones.

En après-midi, Mme Jean a fait écho à ces propos. "Les premiers peuples de ce territoire, nos soeurs et nos frères autochtones, ont vu leurs langues broyées et disparaître sous l'étau de la colonisation", a déclaré Mme Jean, qualifiant cela de "perte tragique pour ces nations, (...) pour nous tous et pour l'humanité".

Puis, revenant sur la place du français au Canada, Mme Jean a offert un plaidoyer pour qu'Ottawa devienne ville bilingue.

"Une capitale doit donner l'exemple. Elle doit être une référence, porter et lancer un message conséquent au reste du pays", a-t-elle plaidé.

"On ne peut pas raisonner à partir d'un seul calcul comptable, se dire qu'il en coûterait trop cher pour officialiser le bilinguisme de la capitale. Cet investissement n'est rien à côté de ce qui se construit ainsi collectivement dans nos esprits, dans notre façon d'exister et de coexister", a-t-elle ajouté.

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