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Les militants de Québec solidaire rejettent une alliance avec le Parti québécois

Ils ont rejeté, par une majorité claire, toute alliance avec le Parti québécois.

MONTRÉAL – Les militants de Québec solidaire ont exprimé un « vote de méfiance » en rejetant une alliance avec le Parti québécois en vue des élections de 2018, selon la co-porte-parole Manon Massé.

« Il y a une partie de moi qui n’est pas surprise, puisque si les membres de Québec solidaire expriment cette méfiance envers le Parti québécois, la population aussi en général indique, de toutes sortes de façons, qu’il n’est plus ce véhicule rassembleur », a-t-elle indiqué en point de presse, après le vote.

À son avis, les militants de sa formation politique - et les Québécois en général – ont été « profondément blessés » par la Charte des valeurs du gouvernement Marois, mais aussi le refus du PQ actuel de tenir une consultation sur le racisme systémique.

Manon Massé a admis avoir voté contre une alliance avec le PQ. (Photo: PC)

« On ne peut pas bâtir le Québec en excluant du monde, a-t-elle dit. C’est ça, l’enjeu. L’inclusion à Québec solidaire, c’est dans notre ADN, alors que les dirigeants du Parti québécois nous ont montré dans les dernières années que c’est quelque chose avec lequel on peut jouer pour aller chercher des votes. »

Plusieurs militants présents au congrès de Québec solidaire ont exprimé des inquiétudes quand à une possible alliance avec les péquistes en raison des dérives identitaires de la formation souverainiste.

Un jeune homme de la circonscription de Gouin a dit qu’il ne voulait pas s’associer aux « dérapages » du Parti québécois en matière d’identité si son parti devait s’allier avec Québec solidaire. D’autres militants qui sont venus témoigner au micro ont carrément dit que le PQ était « toxique » pour les personnes « racisées ».

« Aujourd’hui, je peux me considérer indépendantiste », a déclaré une militante solidaire portant le hijab de la circonscription de Crémazie. Elle disait craindre que QS sabote la confiance des personnes immigrantes qui veulent voir un Québec indépendant et inclusif.

« En même temps, j’écoutais les gens dans l’assemblée parler de l’incohérence et de l’inconstance de la haute direction du Parti québécois [...] et je les comprends de manquer de confiance »

— Gabriel Nadeau-Dubois

L’ex-candidat au poste de porte-parole, Jean-François Lessard, a pour sa part plaidé que QS pouvait influencer le PQ sur le plan de l’identité. « On est en position de force », a-t-il dit au micro pour convaincre ses camarades de voter pour une convergence.

D’autres ont dit vouloir explorer les possibilités d’alliances avec les péquistes – en utilisant parfois des métaphores charnelles. « Je m’imagine déjà toute nue avec le PQ, a lancé une militante de Lanaudière sous les fous rires de la salle. Peut-être qu’il ne se passera rien, j’ai le droit de dire non! »

Les militants ont finalement rejeté l’option d’entamer des négociations avec le PQ avec une majorité claire. Il n’y a pas eu de comptage des voix.

Manon Massé, qui n’avait pas de parti pris au début de la journée, admet avoir voté contre une alliance avec le Parti québécois au terme des débats. Son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois a réitéré que ce n’était pas une décision facile. Il a pour sa part voté pour ouvrir un dialogue avec le PQ, même s’il avait des réticences.

« En même temps, j’écoutais les gens dans l’assemblée parler de l’incohérence et de l’inconstance de la haute direction du Parti québécois sur les hydrocarbures, sur la justice sociale, sur l’indépendance, sur les enjeux de laïcité et de diversité culturelle et je les comprends de manquer de confiance », a-t-il dit.

Véronique Hivon était déçue de l'issue du vote de QS. (Photo: Alice Chiche)

Même si le Parti québécois a entrepris de remonter la pente pour rallier les Québécois issus de la « diversité », Gabriel Nadeau-Dubois estime que les actions parlent plus fort que les mots. « Le Parti québécois peut adopter les stratégies qu’il veut, les gens vont le juger sur son bilan, pas sur ses lignes de communication », a-t-il tranché.

La députée péquiste Véronique Hivon s’est dite déçue de l’issue du vote au congrès de Québec solidaire. Elle pense qu’ils ont manqué une chance de démontrer que des partis politiques pouvaient travailler ensemble malgré leurs différences.

« Ce que les Québécois souhaitent profondément, et ce que les progressistes et les indépendantistes auraient souhaité tout particulièrement, c’est qu’on puisse aller au-delà de ces lignes partisanes et de cette méfiance traditionnelle des partis politiques, de ces égos de partis politiques », a-t-elle dit, dimanche en soirée.

« Oui, il y a des différences, a-t-elle laissé tomber. Oui, il y a des divergences entre Québec solidaire et le Parti québécois. Mais on ne parlait pas d’une fusion ou d’un mariage, on parlait d’un mouvement qui pouvait être fort de ces différences-là. »

Mme Hivon se dit toutefois fière que son parti ait tendu la main aux solidaires pour favoriser la convergence et d’avoir voulu additionner les forces.

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