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Le retour des cours d'éducation à la sexualité

Le retour des cours d'éducation à la sexualité
Radio-Canada

Avec la grande réforme pédagogique des années 2000, les cours d'éducation à la sexualité ont disparu. Le ministère de l'Éducation du Québec croit maintenant que les jeunes ont besoin de cette formation pour faire des choix éclairés et pour lutter contre l'intolérance, la violence dans les couples et la « culture du viol ».

Un texte de Solveig Miller de Remue-ménage

Une vingtaine d’écoles primaires et secondaires achèvent ce printemps un projet pilote de deux ans visant à réintroduire le cours d'éducation à la sexualité. L’école secondaire de L’Érablière, à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, a choisi de faire partie de cette cohorte originale. On y constate que, si les années passent, les questions des adolescents ne changent pas. On entend encore : « Quand les éjaculations commencent-elles? », « Pourquoi y a-t-il des saveurs de condoms? », « C'est quoi le placenta? » ou « C'est quoi la taille moyenne d'un pénis? »

«Ce sont souvent des questions par rapport à la normalité : est-ce que je suis normale? Est-ce que c’est normal de...? Les jeunes veulent valider ces questions-là.» - Charline Liard Arbour, enseignante en sciences, secondaire 3

Lutter contre la désinformation

Les jeunes sont exposés à une multitude de facettes de la sexualité, des relations pas toujours très saines, surtout lorsqu'elles sont vues à travers les médias sociaux ou les sites Internet de pornographie.

«L’éducation à la sexualité vient faire contrepoids à toute cette information qu’ils ont, on pourrait même dire à toute cette désinformation qu’ils ont. - Marie-Andrée Bossé, sexologue,» Direction de la santé publique de Lanaudière

«[L’objectif], c’est de les outiller davantage, d’être capable de se questionner, [d']être capable de questionner les autres, [de] parler ouvertement de la sexualité. Pas toujours à la blague, pas toujours en dérision.» - Marie-Claude Bujold, enseignante, secondaire 4

Kéryane, 14 ans, est une élève de 2e secondaire à l’Érablière. Elle suit les cours d'éducation à la sexualité dans le cadre du projet-pilote. Son père, Serge Gendreau, comme l’ensemble des parents de l’école, approuve la décision de la direction d’intégrer ces cours au programme scolaire.

«C’est encore tabou, même de nos jours. Ils ne parlent pas de ça, c’est caché. Donc, l’enfant va apprendre comment. Maintenant, avec l’Internet, il peut tout apprendre, mais quoi?» - Serge Gendreau, père de Kéryane

Malaise en famille

L’école secondaire de Saint-Félix-de-Valois a une longueur d’avance. La direction a toujours maintenu une partie de l’enseignement en sexualité, en accord avec la communauté.

« Les parents se sentent souvent débordés et ne sont pas toujours à l’aise de parler de l’éducation à la sexualité avec leur enfant, remarque Phylippe Laurendeau, conseiller pédagogique à la Commission scolaire des Samares. Ils ne vont pas aborder tous les aspects de la sexualité. »

Comme il s’agit d’un projet pilote, l’école a dû recruter des volontaires. La directrice adjointe Marie-Christine Buisson a donc choisi des enseignants qui ont un lien de confiance avec les élèves.

Le ministère de l’Éducation établit les objectifs et laisse aux enseignants le soin d’élaborer les contenus.

«On n’avait absolument rien. Tout était à créer. On devait choisir ce que l’on avait envie de faire. Je trouvais que c’était une bonne idée.» - Geneviève Beaudry, enseignante en français, 2e secondaire

Des conseillers pédagogiques de la commission scolaire ainsi que la sexologue de la Direction de la santé publique sont là pour aider les enseignants.

«Un jeune qui se demande s’il a un ITSS, une qui se demande si elle est enceinte, une autre a vécu une agression sexuelle, elle ne sait pas trop si c’est de la violence qu’elle vit. Ils ne sont pas disposés à l’apprentissage, ils sont en détresse ces jeunes-là.» - Marie-Andrée Bossé, sexologue, Direction de la santé publique

Lutter contre les maladies

Le projet pilote prévoit que des professionnels abordent les sujets délicats comme la violence dans le couple, les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) ou les abus sexuels. Mais tout le reste est intégré aux cours que donnent habituellement les enseignants, explique la sexologue Marie-Andrée Bossé.

L’éducation à la sexualité est un moyen efficace de lutter contre les ITSS, une véritable épidémie frappe les jeunes âgés de 15 à 24 ans de partout au Québec. Ils sont particulièrement touchés par la chlamydia et la gonorrhée.

Et les études le confirment : le fait de parler de sexualité aux jeunes ne les incite aucunement à avoir des relations sexuelles. Les jeunes, au contraire, utilisent davantage le condom, la contraception. Les jeunes « ont moins de partenaires et ils s’engagent dans des activités sexuelles consenties, avec lesquelles ils sont plus confortables. », précise la sexologue.

«Je retiens qu’il ne faut pas sauter d’étapes. Geneviève [l'enseignante] a beaucoup élaboré sur : Suivez les étapes, n’allez pas trop vite. C’est ça que j’ai retenu. Parce que c’est facile de se faire faire mal.» - Kéryane

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